Le 3 décembre 2011
Monsieur le Président Directeur Général du Groupe
Monsieur le responsable de la RSE de l’entreprise
Vous proposez dans les supermarchés de votre groupe des tomates cerise et tomates de consommation produites par les entreprises « Idyl », « Azura » et « Les Domaines » (G.E.D.A), sous ces noms, mais aussi « Etoiles du sud », « Dakhla II » .
Notre association APSO travaille en solidarité avec le people du Sahara Occidental et nous souhaitons exprimer notre grande préoccupation à propos de votre vente de ces produits.
Tout ou partie de ces tomates sont cultivées à Dakhla au Sahara Occidental. Les produits se trouvent néanmoins dans vos enseignes étiquetés comme provenant du Maroc. Le Sahara Occidental est un Territoire Non Autonome, pour l’ONU et selon le droit international, c’est une colonie sous occupation marocaine. Aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.
La région de Dakhla où est principalement située l’industrie de la tomate, est occupée par le Maroc depuis 1979. L’Assemblée Générale de l’ONU a protesté contre cette occupation dans la Résolution 34/37 où elle « déplore vivement l'aggravation de la situation découlant de la persistance de l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc et de l'extension de cette occupation au territoire récemment évacué par la Mauritanie » et par conséquent au paragraphe 6 « demande instamment au Maroc de s'engager lui aussi dans la dynamique de la paix et de mettre fin à l'occupation du territoire du Sahara Occidental ». Vous pouvez lire la résolution complète ici. http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/34/37
Les ressources naturelles d’un tel territoire appartiennent au peuple originaire, et ne peuvent être exploitées que si cela correspond à leur volonté et que cela leur bénéficie. Cela est très clairement lisible dans l’avis juridique du conseil juridique de l’Onu en 2002 :
« si des activités de prospection et d’exploitation devaient être entreprises au mépris des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara occidental, elles contreviendraient aux principes de droit international applicables aux activités touchant aux ressources minérales des territoires non autonomes. » (http://www.wsrw.org/files/dated/2009-05-21/avis_corell_2002.pdf)
Cet avis a été réaffirmé en 2009 par le service juridique du Parlement Européen, et notamment à propos des produits de la pêche. (http://www.fishelsewhere.eu/index.php?cat=197&art=1079)
Outre le fait que les entreprises situées à Dakhla n’appartiennent pas aux Sahraouis, qu’elles emploient massivement des colons marocains, déplacés à l’encontre la 4ème convention de Genève, les produits de ces exploitations ne sont pas disponibles pour la population locale et partent directement vers le Maroc ou l’étranger. L’industrie de la tomate à Dakhla contribue d’autre part à la modification démographique du territoire et par la même joue un rôle politique très problématique dans le conflit.
Enfin, les Sahraouis s’opposent à ces cultures qui utilisent les réserves d’eaux fossiles qui sont des ressources non renouvelables, et détruisent donc l’écosystème de leur terre. C’est un non-sens écologique.
Les tomates provenant du Sahara Occidental sont par conséquent illégales, politiquement malheureuses et éthiquement très discutables. Pour ces raisons, d’autres détaillants européens ont cessé ces ventes. Vous pouvez voir par exemple cette information provenant de Suède
http://www.wsrw.org/index.php?cat=112&art=1405 et de Norvège http://www.wsrw.org/index.php?cat=143&art=1093
Nous vous remercions de bien vouloir nous indiquer la quantité de tomates que vous vendez annuellement sur la France pour les marques précitées, et quelle est la proportion qui vient du Sahara Occidental ?
Et quelle sera votre position à l’avenir face aux produits provenant des territoires occupés du Sahara Occidental ?
Nous en appelons bien évidemment à votre responsabilité sociale d’entreprise et à votre éthique pour faire cesser toute distribution de ces produits venant du Sahara Occidental, ou dont la provenance est douteuse, comme l’ont fait ces grands distributeurs européens, pour vous mettre ainsi en conformité avec le droit international.
Nous sommes à votre disposition pour tout complément et vous prions d’agréer l’expression de nos sentiments respectueux.
Pour APSO et réseau
La présidente d’APSO
APSOlument@yahoo.fr