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mercredi 28 mars 2012

Légumes du Sahara vendus en France : illégaux, immoraux

Les légumes qui poussent au Sahara Occidental ne peuvent être étiquetés Maroc, de même que les légumes qui poussent en Palestine ne peuvent être étiquetés Israël...

Et pourtant, se trouvent partout en France dans nos épiceries et supermarchés des tomates, courgettes et melons des producteurs Idyl, Azura, Les Domaines, affichés comme venant du Maroc... (voir quelques photos ici)
Or, ces producteurs, dont on trouve les produits sous ces noms, mais aussi "étoiles du sud", Tomates cerises Carrefour... possèdent des immenses surfaces de serres à Dakhla au Sahara Occidental.
Donc, les fruits et légumes de ces entreprises productrices étiquetés Maroc, le sont de façon illégale, puisque tout ou partie des produits viennent du Sahara Occidental.

C'est là une question de logique mais aussi de droit international. Comme la Palestine, le Sahara Occidental est une colonie.
Le droit international, - et sur cette question particulière l’avis du conseiller juridique Hans Corel au Conseil de Sécurité en 2002, précisé en 2008 - dit clairement que les ressources naturelles, ce qui pousse sur la terre d'un Territoire Non Autonome, une colonie, peuvent être exploités avec l’autorisation des peuples originaires, et si cela leur bénéficie... Et notamment pour aller dans le sens inéluctable de la décolonisation, du choix du peuple à décider librement de son avenir.

Double condition qui n’est pas satisfaite dans le cas des productions de Dakhla. Les entreprises citées sont implantées et produisent sans l'accord des Sahraouis qui n’en bénéficient à aucun titre, ni directement ni indirectement. À l’opposé même, les profits faits par le Roi du Maroc, par exemple, dans cette économie, (lire « le roi prédateur » Catherine Graciet, Eric Laurent) ne l’encouragent pas à conduire son pays vers le respect du droit international, et à mettre fin à la colonisation violente de son voisin.

Les Sahraouis en territoires occupés dénoncent le pillage de leur terre, l’épuisement de l’eau fossile, le ballet des camions qui emportent les productions… Les sahraouis qui survivent de l’aide internationale depuis 37 ans dans les campements de réfugiés ne mangent que très peu de légumes frais et ne peuvent agréer ce trafic qui collabore à les priver de leur terre. Les Sahraouis qui ont dû fuir les territoires occupés pour leur sécurité parce qu’ils revendiquent leur identité affirment aussi leur désaccord par des actes militants de dénonciation. (voir des photos ici)

Un dossier très documenté signé WSRW et EMMAUS Stockholm déploie la problématique, situe les serres, leurs propriétaires, les trajets effectués par les légumes, directement de Dakhla vers Perpignan ou Château Renard.

Depuis décembre 2011, les entreprises et groupes Carrefour, Auchan, Intermarché, ED/Dia, Aldi, Casino, Leclerc, Simply ont été questionnés par APSO sur la quantité de légumes vendus par eux et provenant des territoires occupés du Sahara Occidental. Mais aussi sur leur action éthique en connaissance des faits, puisque lorsqu’ils revendent ils se mettent en position de soutenir une colonisation.

Seul Carrefour a répondu en janvier par l’affirmation de sa neutralité, laissant espérer un retrait rapide des produits concernés des ventes. Un courrier demandant l’échéance du retrait est resté sans réponse à ce jour et d’évidence, les produits Idyl, Azira, Les domaines sont toujours dans les supermarchés, et toujours étiquetés Maroc.

Nous préférerions grandement que ces tomates courgettes, melons… malhonnêtes qui font des milliers de kilomètres, vendus moins chers que les fruits et légumes cultivés ici ou en Espagne soient interdits comme ils le sont en Norvège.
Parce que le Maroc ne respecte ni quota, ni éthique d’étiquette, et que le deal met en péril les petits producteurs européens.

Si les revendeurs s’affichent éthiques et continuent à vendre ces produits, qu’ils respectent ce beau mot, et qualifie plutôt leur pratique d’hypocrite.

APSO, 28 mars 2012

jeudi 3 décembre 2009



Le 3 décembre 2011

Monsieur le Président Directeur Général du Groupe
Monsieur le responsable de la RSE de l’entreprise

Vous proposez dans les supermarchés de votre groupe des tomates cerise et tomates de consommation produites par les entreprises « Idyl », « Azura » et « Les Domaines » (G.E.D.A), sous ces noms, mais aussi « Etoiles du sud », « Dakhla II » .

Notre association APSO travaille en solidarité avec le people du Sahara Occidental et nous souhaitons exprimer notre grande préoccupation à propos de votre vente de ces produits.

Tout ou partie de ces tomates sont cultivées à Dakhla au Sahara Occidental. Les produits se trouvent néanmoins dans vos enseignes étiquetés comme provenant du Maroc. Le Sahara Occidental est un Territoire Non Autonome, pour l’ONU et selon le droit international, c’est une colonie sous occupation marocaine. Aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental.

La région de Dakhla où est principalement située l’industrie de la tomate, est occupée par le Maroc depuis 1979. L’Assemblée Générale de l’ONU a protesté contre cette occupation dans la Résolution 34/37 où elle « déplore vivement l'aggravation de la situation découlant de la persistance de l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc et de l'extension de cette occupation au territoire récemment évacué par la Mauritanie » et par conséquent au paragraphe 6 « demande instamment au Maroc de s'engager lui aussi dans la dynamique de la paix et de mettre fin à l'occupation du territoire du Sahara Occidental ». Vous pouvez lire la résolution complète ici. http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/34/37

Les ressources naturelles d’un tel territoire appartiennent au peuple originaire, et ne peuvent être exploitées que si cela correspond à leur volonté et que cela leur bénéficie. Cela est très clairement lisible dans l’avis juridique du conseil juridique de l’Onu en 2002 :
« si des activités de prospection et d’exploitation devaient être entreprises au mépris des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara occidental, elles contreviendraient aux principes de droit international applicables aux activités touchant aux ressources minérales des territoires non autonomes. » (http://www.wsrw.org/files/dated/2009-05-21/avis_corell_2002.pdf)

Cet avis a été réaffirmé en 2009 par le service juridique du Parlement Européen, et notamment à propos des produits de la pêche. (http://www.fishelsewhere.eu/index.php?cat=197&art=1079)

Outre le fait que les entreprises situées à Dakhla n’appartiennent pas aux Sahraouis, qu’elles emploient massivement des colons marocains, déplacés à l’encontre la 4ème convention de Genève, les produits de ces exploitations ne sont pas disponibles pour la population locale et partent directement vers le Maroc ou l’étranger. L’industrie de la tomate à Dakhla contribue d’autre part à la modification démographique du territoire et par la même joue un rôle politique très problématique dans le conflit.



Enfin, les Sahraouis s’opposent à ces cultures qui utilisent les réserves d’eaux fossiles qui sont des ressources non renouvelables, et détruisent donc l’écosystème de leur terre. C’est un non-sens écologique.

Les tomates provenant du Sahara Occidental sont par conséquent illégales, politiquement malheureuses et éthiquement très discutables. Pour ces raisons, d’autres détaillants européens ont cessé ces ventes. Vous pouvez voir par exemple cette information provenant de Suède
http://www.wsrw.org/index.php?cat=112&art=1405 et de Norvège http://www.wsrw.org/index.php?cat=143&art=1093

Nous vous remercions de bien vouloir nous indiquer la quantité de tomates que vous vendez annuellement sur la France pour les marques précitées, et quelle est la proportion qui vient du Sahara Occidental ?
Et quelle sera votre position à l’avenir face aux produits provenant des territoires occupés du Sahara Occidental ?

Nous en appelons bien évidemment à votre responsabilité sociale d’entreprise et à votre éthique pour faire cesser toute distribution de ces produits venant du Sahara Occidental, ou dont la provenance est douteuse, comme l’ont fait ces grands distributeurs européens, pour vous mettre ainsi en conformité avec le droit international.

Nous sommes à votre disposition pour tout complément et vous prions d’agréer l’expression de nos sentiments respectueux.


Pour APSO et réseau
La présidente d’APSO





APSOlument@yahoo.fr