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samedi 22 décembre 2018

JfD. L’oubli, cette autre nuit

Le jour s’étire sous le drap de sa nuit, tranquillement, sans bruit. Dans la poussière de la Hamada, la prière des hommes accompagne cet enfant né de l’aube et le berce dans son refuge rouge sang. Ces hommes qui prient sont eux-mêmes réfugiés.

Depuis plus de trois générations. Ils savent tendre avec respect une couverture à l’hôte et au jour passant.

À mes côtés gazouille joyeusement une toute petite fille aveugle, Fahrida, comme un oiseau dans l’épaisseur à jamais sombre de sa forêt.

Ce n’est pas le malheur qui blesse, c’est d’avoir eu connaissance du bonheur. Les vieux Sahraouis portent dans leurs yeux ridés cette blessure que ravivent les souvenirs des jours heureux. Ils enseignent douloureusement ce bonheur d’avoir été libres à ceux qui ne l’ont pas connu pour ne pas faire du malheur une simple insouciance.

Seul le premier déracinement compte. En perdant tout on se quitte vraiment. On n’emporte que sa vie et le sac sans poids des souvenirs. Vous n’êtes plus vous, vous êtes déjà un réfugié qui court à vos côtés. Du presque rien de ce sac il faut refaire une identité. Les départs suivants ne sont plus arrachements mais pas encore des choix. Ce sont mouvements de nage pour ne pas couler, pas forcément pour vivre, mais pour ne pas mourir.

Fahrida sautille dans ses feuillages. Faudra t’il lui dire ce qui lui manque ? Sous le drap de sa nuit, rêve t’elle en noir et noir ?

Seul un comportement de grand nomade permet paradoxalement de survivre à la sédentarisation des camps. Mais la capacité à s’adapter aux pires des situations survit elle à la succession des générations ? à la perte mémorielle faute de vécu ? à l’inanité des institutions faute de présent et d’avenir ? à l’étouffement instrumentalisé de l’assistanat humanitaire ? à la diaspora provisoirement définitive ?

Faut-il taire aux nouvelles générations nées dans les camps leurs droits spoliés ?

Faut il en arriver à souhaiter que la cécité de ceux qui détiennent la solution contamine les réfugiés, comme un refuge ultime ?

Dans ce monde plus profond encore d’absence et d’oubli, sous le drap de nos nuits, Fahrida avance en éclaireuse.

Jean-François Debargue
Décembre 2018



samedi 15 avril 2017

JfD. Étouffement organisé


« Les Sahraouis ? On s’en fout ! Ils sont inoffensifs  et pacifiés maintenant. On n’a plus qu’à attendre qu’ils s’éteignent tranquillement, étouffés par l’aide humanitaire dans leur désert ». 

Ces mots, prononcés par un fonctionnaire du Quai d’Orsay il y a déjà quelques années, reflètent à la fois le cynisme du pays dit des « Droits de l’homme » et l’instrumentalisation de l’aide humanitaire.

J’ai repensé à ces propos en tenant la main d’un vieil homme mourant sous une tente en février dernier. J’ai repensé à ces personnes disparues depuis 10 ans de fréquentation des campements Sahraouis, à ces enfants morts nés, à ceux emportés par la maladie, par le handicap, par l’injustice , à tous ceux « éteint tranquillement, étouffés par l’aide humanitaire »…

Les caravanes d’aides alimentaires continuent leurs incessantes navettes. Les négociateurs continuent de creuser la fosse commune du peuple Sahraoui comme on fait creuser leurs tombes aux condamnés. Vingt-six ans qu’ils creusent, pour avoir accepté ce marché de dupe : l’arrêt des combats contre l’organisation d’un référendum dans les neuf mois à suivre. Une durée de gestation de l’espoir qui s’est transformée en une nouvelle génération née dans les camps.

Les historiens mettront en avant ce calcul qui consiste à faire en sorte qu’une absence voulue de solution politique  sous anesthésie humanitaire finisse par résoudre un problème en devenant solution finale.

Non, l’application du processus de décolonisation n’est pas négociable. Non, la libération de prisonniers injustement jugés et condamnés  n’est pas négociable. Non, l’impunité d’un État  qui torture n’est pas négociable. Non, l’aide humanitaire n’a pas à être le sédatif d’une désertion politique.

L’aide humanitaire est née dans l’urgence exigeante des champs de bataille, des catastrophes naturelles ou de celles le plus souvent provoquées par l’homme. Son succès devrait  se mesurer  à la fois à sa rapidité d’intervention mais aussi à sa rapidité à quitter les lieux.  Elle a appris à se développer de façon protéiforme, des plus petites associations bénévoles jusqu’à l’internationalisation professionnelle parfois lucrative d’ONGs.

L’ONU qui s’est juridiquement ligotée par les liens de l’abstention ou du veto de ses états membres aux intérêts contradictoires a démontré une fois de plus son impuissance à organiser  le référendum d’autodétermination.  Chaque jour qui passe dresse de nouvelles pierres dans les cimetières Sahraouis sur le sol lunaire de la Hamada de Tindouf.  Une fois de plus, le 27 avril prochain,sera renouvelée cette mission fictive de la Minurso qui permet aux Nations Unies, en « gelant » la situation, et en sabordant les objectifs à atteindre, de déployer à loisir sa propre armada humanitaire, PAM ( Programme Alimentaire Mondial) UNICEF, OMS… À qui profite le crime ?

Le dévoiement humanitaire peut alors commencer. Conçu pour l’urgence, on lui demande de gérer une situation devenue  chronique, d’empiéter sur le champ du politique, suffisamment lâche et malhonnête  pour ne pas s’attaquer aux racines du mal colonial. L’aide humanitaire alors imperceptiblement  instrumentalisée doit s’interroger :  «  Faut-il aider les Sahraouis à survivre dans une injustice acceptable et l’absence voulue d’une solution politique ? » Si la réponse est oui, il lui faut alors accepter d’être  complice des preneurs d’otages en acceptant de continuer de nourrir les otages.

« Faut-il les aider à vaincre cette injustice » ? est une autre question qui appelle des réponses différentes, moins évidentes qu’une assistance systématique : celle de l’arrêt de négociations stériles.  Celle d’un ultimatum à poser à l’ONU. Celle d’un arrêt de l’aide humanitaire remettant la pression sur la responsabilité politique. Celle en dernier lieu d’une reprise des armes…

Mais que cesse ce lent étouffement humanitaire, politiquement prémédité.  Que cesse cet assistanat  sauvant des vies pour les maintenir en sursis et les priver d’avenir, cette éducation ajoutant  aux  capacités inutilisées la frustration, cette distribution alimentaire conçue pour l’urgence qui finit par nourrir des maladies chroniques, cette parodie de justice qui emprisonne les défenseurs des Droits de l’Homme et décore les bourreaux…
J’ignore  quels sont les mots donnés par ce jeune Sahraoui  à cet homme dont il caresse les cheveux blancs. J’ignore si l’homme qui meurt là en s’étouffant peu à peu est suffisamment conscient pour  percevoir qu’un jeune Sahraoui qui pourrait être son petit fils recueille son souffle. J’ignore si ce jeune homme pressent qu’il sera un jour ce vieillard agonisant dans ce désert, abandonné.

Mais je sais qu’ouvertement et sans aucune humanité des hommes (?) qui disent s’en foutre ont souhaité cet étouffement.

Jean-François Debargue, le 11 avril 2017
Publié par APSO avec l'autorisation de l'auteur

 Crédit photo JfD-Apso

jeudi 8 décembre 2016

Sahara Marathon 2017, ce sera le 28 février

Les inscriptions sont ouvertes pour la 17ème édition du Sahara Marathon, 4 courses de solidarité avec le peuple Sahraoui.
Le lieu : dans les campements de réfugiés sahraouis, près de Tindouf, dans le désert du sud-ouest algérien. Cet événement sportif relie symboliquement les villes et se déroule pendant la semaine de la fête nationale.

Les distances proposées sont au choix le marathon - 42km195, le semi - 21km, ou les 10km ou 5km. Départs échelonnés le 28 février 2017.

Cette compétition internationale permet d’allier sportivité, solidarité, et découverte, dans un cadre inimaginable, une température très agréable. Épreuve sportive et partage solidaire sont au programme de la semaine passée aux côtés des réfugiés sahraouis, au coeur de leur extraordinaire hospitalité.
Cette session s’annonce avec la participation de Giorgio Calcaterra, triple champion du monde du 100 km. 
Résultats 2016 : marathon homme en 3h01’08 ; marathon femme 4h11’56 ; semi homme, 1h13’43, semi femme 2h06’53 ; 10km homme, 32,55 ; 10km femme, 46’23 ; 5km homme, 19’23 ; 5km femme 25’30.

Les dates du séjour 2017 sont du 25 février au 4 mars. Vous pouvez voyager sur les vols réguliers partant au plus près de chez vous en direction de Tindouf (via Alger ou Oran), ou avec le charter qui part de Madrid.

Le coût du séjour sur place, avec la course, les visites, la participation solidaire et l’hébergement complet chez l’habitant est de 225 euros, (hors vol, adhésion, frais de visa).
Le coût au départ de Madrid est de 950 euros (vol, inscription course, hébergement pension complète chez l’habitant, visites, participation au projet défini par les Sahraouis pour soutenir leurs sportifs)
Les documents de voyage nécessaires sont un passeport encore valide 6 mois, et un visa pour l'Algérie. (Contacter APSO pour les formalités de visa)

Cet événement sportif et solidaire international est aussi l’occasion pour les organisations sportives de faire parvenir leurs dons et soutiens aux clubs ou équipes de sports scolaires des campements de réfugiés. Les organisations intéressées sont invitées à se mettre en contact par mail avec la coordination française.

Renseignements et inscriptions :  apsolument  @  yahoo.fr

APSO, le 6 décembre 2016
 

dimanche 8 novembre 2015

Solubilité de l’espoir dans l’oubli ?



Nuena 40 ans après, même détermination
Ma sœur Sahraouie Nuena me l’a dit une nouvelle fois : « Ce que tu lis tu l’oublies, ce que tu entends tu l’oublies. Mais ce que tu vois, tu ne peux l’oublier ». Nuena est une spécialiste, défenseure des oubliés, oubliée elle-même.

Bien sûr je pourrais décrire les murs effondrés, les toits au sol, les vieilles tentes montées en toute hâte le long du camp de Smara, la moitié des habitations de banko d’Aousserd détruites, Dakhla redevenue sable à 80%. Bien sûr, je pourrais raconter une dizaine de jours passée avec ma famille d’accueil dans une petite serre à tomates de quatre mètres sur deux transformée en tente de poche, à quatre dont un jeune enfant malade et quelques centaines de mouches.
Mais qui pourra raconter les fêlures de ces êtres humains encore étonnamment debout, les fissures profondément inscrites dans leur vie d’exil, les blessures infligées par 40 années d’épreuves ?
Qu’on ne s’y trompe pas ; la luminosité dont certains font preuve passent aussi par ces failles dont ils sont lézardés :
Dounda, qui fait l’admiration de ses professeurs a donné sans compter à Fatma, sa petite sœur lourdement handicapée, plusieurs années de son adolescence et de sa scolarité. Cette année, brusquement, leur papa est mort. Cet homme dans la force de l’âge, en d’autres lieux, ne vous rendait qu’avec regret la main qu’il vous serrait, une fois prisonnière de la sienne. Je sais aujourd’hui qu’il y mettait l’intensité d’un pressentiment d’urgence. Du jour de sa mort, Fatma n’a plus ouvert la bouche, pour manger, pleurer ou sourire. Elle s’est laissé mourir une semaine après son père. Comme s’il avait usé d’une ultime grâce paternelle pour la délivrer et l’accueillir. Qui décèlera les fêlures sillonnant déjà la courte vie de Dounda ?
Douna et Fatma
Et Ghalia, dont le sourire peine à cacher la fatigue et l’anémie, prête à accoucher de son troisième enfant, elle qui déclarait adolescente ne pas vouloir donner vie dans ces camps où elle est née, qui dira la fragilité de ce qu’elle à finit d’accepter de construire ?
Et cette femme assise dans la poussière, pleurant sur, croyais-je, les gravats et ses maigres biens éparpillés autour d’elle et qui, nous l’apprîmes par une voisine, devenait folle d’avoir perdu sa fille… Quel homme, même s’arrogeant les pouvoirs d’un despote de Droit Divin pourra en réparer la brèche ?
Combien sont ils à se composer une façade digne et résistante face à l’usure du temps, à un assistanat déshumanisant, à l’injustice de l’application de leurs Droits. Combien sont ils encore à héberger l’espoir dans ce provisoire qu’ils finissent eux-mêmes par devenir ?

Ironie des mots et de l’histoire ! Les premiers responsables du Polisario voulurent détruire les quelques habitations en dur laissées par des bédoins de passage et que voulaient utiliser les nouveaux réfugiés arrivés en exil à Dakhla il y a 40 ans. La tente, symbole du provisoire, rappelait et devait rappeler chaque jour le retour espéré. Aujourd’hui, la plupart des responsables du Polisario habitent Tindouf… Ces dix dernières années les plus avisés analysaient que l’espoir d’un changement ne viendrait plus des camps mais des territoires occupés. Mais après l’Intifada, l’espoir écrasé de Gdeim Izik et l’emprisonnement de la relève générationnelle sahraouie à l’encontre de tous les Droits, seule la recherche de solutions familiales ou personnelles semble devenir prioritaire. L’espoir peut il survivre à un provisoire de quatre décennies ? S’éteindra t’il dans une sédentarisation rampante ?
Demain la quatrième génération vivra gratuitement mal dans ces camps, buvant coca-cola, mangeant PAM, fumant American Legend, en regardant des Soap Opera turcs et en se face-bouquant. Ils ne pouvaient pas espérer mieux que cette extinction annoncée, ceux qui vont fêter l’anniversaire des quarante ans de la trompeuse “marche verte”, paravent civil d’une invasion militaire, tout en omettant le rapport de la Cour Internationale de Justice du 15 octobre 1975 déboutant le Maroc de ses arguments de souveraineté sur le Sahara Occidental et autorisant le Peuple Sahraoui à faire valoir son droit à l’autodétermination.
J’ai vu les petits enfants des “enfants des nuages” jouer dans des lacs boueux et plus provisoires que leur avenir, ignorant qu’on leur avait volé une mer.
J’ai vu leurs grands parents ayant jadis suivi les bienfaits de la pluie dans leurs transhumances nomades faire des rigoles pour protéger des mêmes nuages cet exil honni.
J’ai vu grandir malgré leur “retard de croissance harmonieuse” les enfants sahraouis, je les ai vu jouer sans jouets, étudier sous les néons défaillants des camps, continuer d’apprendre dans d’autres pays pour… revenir faire des briques de sable. 
 
Ces vies difficilement construites, se soutenant solidairement je les vois fragiles et fissurées, dernier abri d’un espoir légitime, menacées de la pluie fine et persistante de notre oubli.

Jean-François Debargue, le 2 novembre 2015
Publié le 8 novembre par Apso avec l’autorisation de l’auteur.
Crédits Photos JFD

dimanche 1 novembre 2015

Quand réfugiés privés de terre, les Sahraouis perdent aussi leurs maisons



Du 16 au 27 octobre, il a plu au Sahara Occidental territoire libéré et dans les campements de réfugiés sahraouis (sud ouest algérien, à proximité de Tindouf). Une alternance de jours et nuits de pluies torrentielles et d’accalmie, sur une très vaste étendue couvrant une partie du Sahara Occidental libéré et les campements de réfugiés.

Les dégâts dans les campements de réfugiés sont importants, notamment dans la willaya de Dakhla. La grosse quantité d’eau tombée en peu de temps a glissé sur les salines, et constitué des lacs et rivières. Les maisons des réfugiés, les bâtiments de institutions, construites majoritairement en sable et situées à proximité ou dans les écoulements de l’eau sont tombées. Dans les prochaines semaines d’autres bâtis vont s’écrouler parce que l’eau a dissout les sédiments et qu’en séchant les murs vont redevenir sable fin.

La gestion de l’urgence s’est mise en place, de l’aide humanitaire est arrivée de différents pays, les ONG sur place ont exprimé leurs besoins supplémentaires auprès de leurs bailleurs habituels. Les équipes de traitement de l’eau ont tenu compte de la situation et la chloration a été augmentée. Il n’y a rien à faire d’autre que constater la prolifération excessive des mouches et moustiques.

En territoire libéré, toutes les constructions individuelles sont en sable donc fragiles, et sont tombées. La route menant des campements vers le territoire libéré a été coupée pendant une semaine, les problèmes de logistique ont augmenté la précarité des familles.

Les chiffres qui circulent entre les ONG et le croissant rouge sahraoui font état d’au moins 7000 familles ayant perdu leur maison, ce qui fait plus de 40 000 personnes…

La particularité des pluies de cette année, comparée aux épisodes de 1969, 1987, 1994 ou 2006, c’est que toutes les willayas ont été  touchées. Il n’y a pas eu de possibilité d’entraide inter willaya puisque tout le monde avait à faire chez soi. Il est probable que les dernières pluies de cette ampleur et durée remontent à 50 ou 60 ans dans la région.

Mais finalement le problème est-il la pluie ou la gestion d’un épisode extrême et long ?
Les infrastructures construites dans les campements de réfugiés ne sont pas destinées à résister à la pluie, au vent, à la canicule ou au gel… à des phénomènes climatiques majeurs durant plus de 2 jours.

Avec l’extension du temps du refuge, 40 ans cette année, tout a été développé sans planification ni cohésion, créant aujourd’hui une catastrophe dans la catastrophe. Dans les campements de réfugiés il n’y a pas de rues, pas de système d’égout, pas d’aménagement du territoire. Puisque la situation est celle d’un refuge, temporaire, cela n’a pas été jugé utile.

Quand arrive la catastrophe climatique comme actuellement, il reste le constat impuissant de l’absence de plan de gestion de l’urgence, pour la protection civile, l’organisation de la distribution alimentaire ou sanitaire, la communication… Les récentes constructions de route ont permis qu’aucune des willayas ne soit isolée. Mais ce réseau routier ne constituait pas une stratégie sinon une opportunité.

L’après catastrophe confronte, elle, à une problématique globale.
Que va-t-il falloir ajouter aux infrastructures pour résister à des situations similaires ? Des constructions en dur, des lieux de mise en sécurité individuels et collectifs ?
De telles constructions dans un plan d’aménagement du territoire, la formation de la population à la protection civile, à la communication d’urgence en situation déjà précaire, additionnées au coût de l’exil depuis 40 ans, cela finit par être incroyablement plus élevé que le coût de la solution de l’indépendance du peuple.

La question en suspens et qui est nouvelle aussi, c’est celle de la responsabilité dans la catastrophe actuelle et de qui va payer pour la mise en sécurité du peuple.
Le Polisario ne peut pas, l’ONU ne veut pas. Les ONGs et la société civile mondiale n’interviendront pas dans les jours qui viennent, d’abord à la recherche de fonds, ou ne pourront ou voudront pas.

Il faudrait de toute façon penser le modèle qui va être reconstruit après la pluie. Le plus pertinent serait de construire des infrastructures durables et permanentes, considérant que le peuple sahraoui n’y est que de passage, et qu’il laissera la place à d’autres. Le propriétaire de la terre peut faire ce choix.

Et pourtant, ce qui va surement se passer c’est quelque chose à cout zéro, rien ne se fera, hors le palliatif consommable immédiat. Cela produit une situation de plus en plus fragilisée, qui coute chaque fois potentiellement plus cher.

Le premier responsable spontanément désigné par le peuple est le gouvernement sahraoui, le front de libération, qui n’a que les moyens de la main d’œuvre et démontre ainsi ses limites et incapacité à réagir dans une telle situation. Il en sort affaibli, de même que le choix maintenu de la recherche pacifique au problème de la décolonisation du Sahara Occidental.

La catastrophe climatique a des conséquences politiques.
Quand le peu restant est perdu, que reste-t-il aux réfugiés, à un peuple plongé dans la boue, que l’urgence d’une solution qui est la récupération de leur terre légitime, le Sahara Occidental ?
Vaut-il mieux être noyé ici ou là-bas ? Être blessé par la chute d’un mur ou par une balle ennemie ?
Mourir dans la boue ou mourir debout ?

APSO, le 1er novembre 2015
Crédit photo CH

samedi 31 octobre 2015

Des nouvelles de l’équipe du ministère JS sahraoui à Rabouni et de ses locaux

Le bâtiment du ministère jeunesse et sports que d’entre vous connaissez à Rabouni a moyennement résisté à la pluie, malgré les efforts de l’équipe dès les premiers jours et nuits pour sortir et dévier l’eau.

Seuls la cuisine, le bureau en face de la grande salle et celui qui le touche aménagé à la place des sanitaires sont en ciment. L’eau entrée par les fuites dans le toit n’a pas entrainé de conséquence importante autre que la rouille des tôles. Le reste du ministère est construit en terre.
L’effet de telles pluies, intenses et sur une longue durée se fait sentir sur plusieurs semaines après l’épisode pluvieux. Des murs ont absorbé l’eau et sont tombés tout de suite, d’autres perdent leur cohésion en séchant et tombent alors.

Voila ci-dessous les constats des dégâts au 29 octobre. Les météorologues estiment que des épisodes de pluie sont à prévoir en début de semaine.

Globalement, l’électricité de la moitié du ministère est coupée, le modem internet a grillé. Les photocopieuses et autres imprimantes n’ont pas encore pu être testées. Toutes les boiseries ont gonflé, certaines portes ne peuvent plus être fermées. L’équipe n’a pas encore pu reprendre le travail administratif ni politique.

Dans la partie annexe des habitations, la pièce touchant la cuisine, salle de repos et de réserve alimentaire s’est écroulée à moitié, un pan de mur est tombé et la moitié du toit pend. Le reste va suivre, l’endroit est dangereux, interdit d’accès.
Dans la même zone, le mur du jardin et du patio de l’annexe (bureau privé du ministre derrière le bâtiment) sont tombés. Les chiens ont envahi et réussis à tuer 2 lapins de l’élevage du ministère qui s’y trouve.

Les pièces situées en face de la cuisine ont été très inondées et l’eau est restée, les murs sont très imprégnés. Elles sont en observation, personne n’entre.

Dans la partie des bureaux, ceux situés dans la contigüité, le bureau du ministre et le bureau administration ont été très inondés aussi.
Le bureau du ministre est le plus fragilisé, il y a de nombreuses lézardes. Tous les bas des murs sont boursouflés, un est troué. Il est passé par là « un petit oued ». L’odeur d’humidité est encore très forte. Si pour l’instant la pièce est encore debout, par sécurité, elle ne pourra plus faire office de bureau ni de salle de réunion, avant quelques mois en ait approuvé la solidité (ou non).

Le « toit » en canisse du patio central de la partie bureau est tombé, entre le mur du bureau administration dont le haut est cassé, et la première poutrelle. Le bandeau pend au dessus de l’entrée du bureau du ministre.

Pour le reste du bâtiment, le bureau du responsable « vacances en paix » Mohamed Fadel et les archives n’ont pas subi de dégâts visibles actuellement sur le bâti, mais l’inondation a détruit plus de la moitié des réserves de papier.
Pas de gros dégâts visibles non plus pour la grande salle de travail de l’équipe Vacances en paix. Les murs sont lézardés par le haut et le toit fuit.
Le bureau du sport présente de nombreuses taches de coulée d’eau sur le tissu double toit, mais ne semble pas touché pour les murs.

Au premier trimestre 2015, le Ministre Mohamed Mouloud avait imaginé et demandé de l’aide pour les plans de son bureau de travail sur pilotis posé au dessus du patio. Une ébauche de plan d’un espace en bois et verre pour la lumière, avec utilisation de matériaux de récupération pour l’isolation a été réalisée, ainsi qu’une maquette d’un mur.
La construction est bien évidement conditionnée aux financements… mais l’idée de pouvoir échapper ainsi aux tempêtes de sable, aux inondations, au froid et chaud était visionnaire. L’actualité de l’urgence remet le projet sur la table !

Résumé : le ministère manquait de salle de réunion, il va maintenant aussi manquer de bureau, l’équipe va bien.
APSO, 31 octobre 2015

lundi 11 mai 2015

Voyage en absurdité, ou les Mensonges d’Avril de Ban Ki-moon


Si le premier avril il vaut mieux douter de tout ce que l’on entend, il est préférable d’appliquer la méfiance jusqu’à la fin du mois pour ce qu’émet l’ONU sur le Sahara Occidental. 

En effet, chaque année le Conseil de Sécurité de l’ONU renouvèle le mandat de sa mission au Sahara Occidental, la Minurso. La mission doit organiser le référendum d’autodétermination des Sahraouis, et se trouve bien en difficulté de ne pas y parvenir depuis 24 ans, et en général de ne pouvoir pas faire grand-chose d’autre que des balades dans le désert et à la plage, et surtout pas de protéger les civils sahraouis des coups des autorités marocaines. Il y aurait de quoi être marri…

Constatées les bis repetita des derniers rapports du secrétaire général prometteur d’un respect  des engagements pris et de la charte de l’ONU, et la disparition de ces bons mots des documents finaux des résolutions onusiennes du renouvellement du mandat de la Minurso, on peut parler de la jolie légende des mensonges d’avril de Ban Ki-moon. 

Il est possible d’y trouver des raisons.
Par exemple, si l’on considère l’investissement très important du colonisateur marocain dans la jeunesse sahraouie, rendant indispensable le pillage du phosphate sahraoui pour en couvrir les dépenses, pourquoi changer l’ordre des choses. C’est qu’attraper les jeunes militants pour indépendance, les héberger gracieusement en prison pour des périodes allant d’années à perpétuité, ça coute cher ! Voila réglé pour 320 millions de dollars (phosphate2014) ! 

Et puis après tout, ne pas résoudre le problème de ce conflit inégal alors qu’on en a le devoir et les moyens, et maintenir le statu quo absurde, c’est un choix onusien et international.

Un choix aussi les hélicoptères onusiens qui ravitaillent en produits marocains achetés à El Aaiun en territoires occupés, leurs troupes basées à Tifairiti en territoires libérés. Quelques tours de pales sans état d’âme par-dessus le mur et c’est joué.

Qu’est ce qu’environ 37 millions d’euros annuels pour le maintien dans les campements du désert salin et torride de Tindouf (Algérie) de réfugiés sahraouis. Surement peu au regard d’autres paramètres inavouables et loin du droit international.

Pour rester dans une même échelle de valeur, l’Europe donne bien au Maroc une quarantaine de millions d’euros annuels pour envoyer ses bateaux pêcher dans les eaux sahraouies selon l’accord de pêche EU-Maroc. Passons le reste qui est hors mesure... 

Les conséquences de 40 ans de vie sous assistanat, discrimination, malnutrition… qui devraient être logiquement la disparition ou dispersion du peuple sahraoui pourraient nonobstant décontenancer les comptables de cette stratégie, puisque peuple sahraoui il y a toujours…  mais probablement le commissaire aux comptes, le peuple du monde, est-il tolérant ou peu regardant ... tout va bien partout sur terre !

Il semble donc, néanmoins, qu’être ou ne pas être indépendant, pour les Sahraouis, telle est bien la question, toujours tabou international !

APSO, 11 mai 2015


Ci-dessous une façon sahraouie de le dire en poésie... (traduction à venir)