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lundi 11 mai 2015

Voyage en absurdité, ou les Mensonges d’Avril de Ban Ki-moon


Si le premier avril il vaut mieux douter de tout ce que l’on entend, il est préférable d’appliquer la méfiance jusqu’à la fin du mois pour ce qu’émet l’ONU sur le Sahara Occidental. 

En effet, chaque année le Conseil de Sécurité de l’ONU renouvèle le mandat de sa mission au Sahara Occidental, la Minurso. La mission doit organiser le référendum d’autodétermination des Sahraouis, et se trouve bien en difficulté de ne pas y parvenir depuis 24 ans, et en général de ne pouvoir pas faire grand-chose d’autre que des balades dans le désert et à la plage, et surtout pas de protéger les civils sahraouis des coups des autorités marocaines. Il y aurait de quoi être marri…

Constatées les bis repetita des derniers rapports du secrétaire général prometteur d’un respect  des engagements pris et de la charte de l’ONU, et la disparition de ces bons mots des documents finaux des résolutions onusiennes du renouvellement du mandat de la Minurso, on peut parler de la jolie légende des mensonges d’avril de Ban Ki-moon. 

Il est possible d’y trouver des raisons.
Par exemple, si l’on considère l’investissement très important du colonisateur marocain dans la jeunesse sahraouie, rendant indispensable le pillage du phosphate sahraoui pour en couvrir les dépenses, pourquoi changer l’ordre des choses. C’est qu’attraper les jeunes militants pour indépendance, les héberger gracieusement en prison pour des périodes allant d’années à perpétuité, ça coute cher ! Voila réglé pour 320 millions de dollars (phosphate2014) ! 

Et puis après tout, ne pas résoudre le problème de ce conflit inégal alors qu’on en a le devoir et les moyens, et maintenir le statu quo absurde, c’est un choix onusien et international.

Un choix aussi les hélicoptères onusiens qui ravitaillent en produits marocains achetés à El Aaiun en territoires occupés, leurs troupes basées à Tifairiti en territoires libérés. Quelques tours de pales sans état d’âme par-dessus le mur et c’est joué.

Qu’est ce qu’environ 37 millions d’euros annuels pour le maintien dans les campements du désert salin et torride de Tindouf (Algérie) de réfugiés sahraouis. Surement peu au regard d’autres paramètres inavouables et loin du droit international.

Pour rester dans une même échelle de valeur, l’Europe donne bien au Maroc une quarantaine de millions d’euros annuels pour envoyer ses bateaux pêcher dans les eaux sahraouies selon l’accord de pêche EU-Maroc. Passons le reste qui est hors mesure... 

Les conséquences de 40 ans de vie sous assistanat, discrimination, malnutrition… qui devraient être logiquement la disparition ou dispersion du peuple sahraoui pourraient nonobstant décontenancer les comptables de cette stratégie, puisque peuple sahraoui il y a toujours…  mais probablement le commissaire aux comptes, le peuple du monde, est-il tolérant ou peu regardant ... tout va bien partout sur terre !

Il semble donc, néanmoins, qu’être ou ne pas être indépendant, pour les Sahraouis, telle est bien la question, toujours tabou international !

APSO, 11 mai 2015


Ci-dessous une façon sahraouie de le dire en poésie... (traduction à venir)

dimanche 10 mai 2015

JF Debargue. Perdre espoir



Il est difficile de perdre espoir. Pendant des années je l’ai senti encore bien vivant, dans les conversations, les discours et même dans les interrogations de plus en plus nombreuses. Certes il ne s’agissait déjà plus de l’espoir qui suivit le cessez le feu de 1991, celui que l’on comptait en semaines, voire en jours. Ces dernières années, les attitudes, les propos, attestaient de sa disparition. J’ai en mémoire cette phrase d’un colonel de la Minurso qu’il m’avait dit en 2009. « L’ONU n’a pas pour tâche de résoudre un conflit, mais de le geler ». Et cette phrase revenant de plus en plus, même dans la bouche des plus modérés des Sahraouis : « Notre erreur la plus grave est d’avoir accepté le cessez le feu ».

Aujourd’hui, au moins, les choses sont claires. L’organisme (la Minurso) sensé devoir organiser  un referendum en un délai de moins d’un an a échoué pendant 24 années consécutives et jette en quelque sorte l’éponge en renvoyant dos à dos dans l’impasse le Maroc et le Front Polisario, leur demandant en outre cyniquement de négocier de manière plus intensive. Les différents émissaires de l’ONU dont Christopher Ross ont tous échoué en renvoyant la responsabilité du règlement du conflit aux deux parties. Il fallait certes essayer cette solution démocratique, mais elle n’a rien donné pendant tant d’années.  Cette situation enferme toutes les parties dans un jeu de rôles contrôlé de maintien des antagonismes dont la victime  reste la population sahraouie.  Ce jeu cruel enferme chaque partie  dans son périmètre dont elle ne sort plus. Ainsi après quelques durcissements il suffisait et il suffira encore au Maroc de faire un pas en arrière sans conséquence pour renforcer ses appuis internationaux et sa position inflexible. Les négociateurs ne s’accordent que sur la date et l’hôtel de luxe où doivent se dérouler des discussions toutes aussi informelles qu’inutiles, les différents comités de soutiens programment sans illusion leur prochaine assemblée annuelle et « copie-colle » leurs communiqués que plus personne ne lit. La grande majorité des ONGs occupent un terrain que les solutions politiques ont déserté. L’ONU déploie et fait vivre dans les camps ses filiales humanitaires (PAM, UNICEF, OMS, HCR…) devenant ainsi le principal bénéficiaire du gel de solution qu’elle met en place. L’absence d’obligation de résultat finit par aboutir à un conflit d’intérêt, voire à une prise illégale d’intérêts !

Même la volonté de mandater la Minurso de la surveillance des Droits Humains est devenu un sujet possible de diversion. Ce droit légitime qui devrait sans débat faire partie intégrante des missions de l’ONU ne doit pas détourner la Minurso de sa mission principale, l’organisation du referendum de la dernière colonie d’Afrique ! Les jugements de civils par des tribunaux militaires, l’absence des droits de la défense, les dépositions sous la torture, les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, les violences physiques et psychologiques…, ne sont pas négociables à la baisse en contrepartie d’un statu quo, mais condamnables par des instances internationales.

Si l’ONU ne reprend pas la main pour organiser de facto et sur ses seules prérogatives ce referendum, et elle ne semble pas vouloir le faire en décrétant un statu quo, elle doit se retirer.
La situation dans les camps est humainement insupportable malgré l’aide internationale. L’assistanat chronique et le manque de perspectives ont des effets secondaires sanitaires et psychologiques graves. Un seul exemple, cette république en exil est le pays d’Afrique qui a le meilleur taux d’alphabétisation, obtenu en deux générations dans des conditions difficilement imaginables. Pour quel objectif ? Faire le deuil de son avenir personnel et celui de son peuple ? Après avoir fait celui de ses martyrs et celui de ses proches, morts trop tôt dans les camps ?

Ce n’est pas à moi de dire aux Sahraouis la façon dont ils peuvent choisir de vivre ou de mourir. Ils ont déjà tant souffert et il serait indécent de dicter une conduite à tenir sans être des leurs. Je sais simplement que depuis hier l’ONU a choisi de ne pas leur permettre d’espérer qu’une solution négociée soit possible.

30 avril 2015
Jean-François Debargue
Texte publié avec l'autorisation de l'auteur. Crédit photo : JFD

Nota : Ce texte a aussi été publié, avec une introduction d'Olivier Quarante, sur http://www.nouvellesdusahara.fr

 

samedi 2 mai 2015

"Lutter au Sahara" est sur ses terres

Le livre est ... en Afrique !
Mais oui, à El Aaiun

mercredi 29 avril 2015

lundi 27 avril 2015

"Lutter au Sahara" est à Nancy !

Où est le livre ?
http://ap-so.blogspot.fr/p/lutter-au-sahara-le-livre.html

Et dans le livre ? et pour l'acheter ? Voir ici.

vendredi 2 mai 2014

Sahara Occidental, le squelette est nu

 Chaque grain de sable accumulé magnifie la rose du désert, finalement cruelle momie.
 Le tableau pourrait être superbe s’il ne s’agissait d’humains, d’un peuple, de nos concitoyens.
Le monde entier, nos Nations Unies ont décidé en Conseil de Sécurité de renouveler le mandat de leur mission au Sahara Occidental sans y rien changer. La Minurso, mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental, qui n’organise pas le referendum depuis 1991, ne fera donc rien d’autres que de ne pas organiser…

La Minurso ne surveillera pas le respect des droits humains des Sahraouis, ni ne garantira le respect de leur droit inaliénable sur leurs ressources naturelles.
La promesse onusienne d’un réexamen de l’ensemble du processus en 2015 « si rien n’a changé » en un an est une parole dont la mise en œuvre dépendra de la contingence et laisse peu d’espoir, même si l’on aimerait par exemple que l’ensemble du conseil de sécurité, les intéressés, les amis et les voisins s’assoient et cherchent une solution pour la trouver….

Sur le terrain, dans le sable, d’un côté du mur des réfugiés confinés dans un état de crise d’urgence prolongé 39 ans, de l’autre le Maroc colonisateur qui surexploite les ressources naturelles jusqu’à plus soif, pillant tout ce qu’il est possible tant que les tergiversations coupables et complices des Nations Unies rendent ces dernières mercantilement aveugles. Le régime marocain exploite la terre, la mer, le soleil et le vent sahraouis, et fait de grands efforts pour y dissoudre le peuple, par la terreur, la violence, les interdictions multiples.

Pourtant cette fois encre, après les auto-félicitations multilatérales, parce qu’un petit mot est ou n’est pas dans un texte diplomatiquement écrit pour servir la fossilisation, chacun reprendra ses refus et revendications. Les mêmes.

Revendication de l’autodétermination, ce referendum promis et contractualisé pour les Sahraouis, refus de tout pour le Maroc.
Le droit international est favorable aux Sahraouis, sans aucun doute. Mais le monde ne bouge pas d’un iota pour le faire appliquer. Lorsque les Sahraouis ne changent pas de discours, revendication ou stratégie internationale, que font-ils ?
La confiance populaire dans nos Nations Unies ne devrait pourtant plus les abuser. Ils sont au cœur du mécanisme et le savent. Nos Nations Unies ont trahi. Elles attendent que quelque chose change. Elles aussi.

Et peut être une étincelle extérieure. Mais celle-ci n’assurerait aucun résultat sinon aléatoire et incertain. L’explosion populaire du Maroc, de l’Algérie, l’embrassement du Sahel, du Mali ne feraient qu’un paramètre supplémentaire à prendre en compte, difficultés de circulation, sur-militarisation, ingérences…
La reprise sahraouie des armes, souvent « promise », loin d’être une solution, ne pourrait être que le fruit d’une décision populaire ou la réaction à un événement. L’attaque par les autorités marocaines des quelques 20 000 Sahraouis de la manifestation populaire de Gdaim Izik en 2010 en territoires occupés n’ayant pas déclenché la dite réaction militaire pour la protection de ses citoyens, rien ne se profile qui pourrait justifier le trouble de la « stabilité » de la région.

Alors, vu de l’extérieur, si l’on est adepte de la liberté, du respect du droit, amis de ce peuple fier, on se prend à espérer.
Espérer que les Sahraouis reprennent le travail quotidien pour leur liberté, distillent l’humour des vents de sable et de l’immensité, surprennent, bousculent les relations enkystées. Qu’ils changent de manières, de méthodes, de discours, chamboulent leurs rapports aux Nations Unies, se désolidarisent de la spirale infernale de son temps et de ses résolutions annuelles et répétées, pour imposer le leur, leur calendrier de la construction de leur avenir.

Les Nations Unies méritent qu’on force le jeu de leur efficience pour qu’elle s’avère, sans discrimination ni calculs impardonnables.

APSO, 2 mai 2014

jeudi 3 avril 2014

Destin brisé, double peine


Salek Laasairi est sahraoui, il est né le 15 mars 1983 à Tantan sur le territoire marocain, et a été condamné en 2004 par la cour militaire à la réclusion à perpétuité.
C’est un militant pour l’indépendance du Sahara Occidental, et cette conviction politique et son identité ont eu et ont toujours des conséquences directes sur son histoire, l’accusation, sa peine, doublée de tortures qu’il subit en prison.

Selon ses amis, il a un grand cœur et il aime beaucoup sa famille. Il est le dernier d’une fratrie de six. Sa famille est modeste et son père est décédé en 2009.
Il est actuellement dans la prison de Ait Melloul au Maroc et son numéro d’écrou est le 7533.

Depuis 2013, le gardien chef de la prison de Ait Melloul, Ahmed El Moumni, semble particulièrement violent et raciste, sans que le directeur de la prison, Lekbir Soufi, n’intervienne contre ses pratiques. Les affaires de Salek sont régulièrement inspectées, détruites ou volées. Cela s’accompagne de fouilles au corps menées avec rudesse, de coups et  d’insultes, ressenties par Salek comme autant d’humiliations.

Les périodes de pression peuvent durer plusieurs semaines. S’ajoutent actuellement des menaces de « fabrication de motifs » destinées à imposer à Salek un nouveau transfert -  contre sa volonté - qui l’éloignerait de sa famille et des possibilités de visites.
La « fabrication de motif » veut dire une accusation imaginaire fabriquée par les autorités pénitentiaires en prison, justifiant des mesures disciplinaires. C’est une menace et une pratique courante. Ces « motifs » sont en l’occurrence l’accusation pour Salek et deux autres Sahraouis - Salek Mohamed Ahmed et Tyatro Mohiddin - d’être des « incitateurs », probablement à revendiquer un minimum de respect. Comme les autres Sahraouis de la prison, ils protestent contre les mauvais traitements, privations et violences qu’ils subissent, pratiques réprouvées par le droit selon la législation marocaine et internationale.

La famille quant à elle paraît avoir peur du régime marocain, le makhzen, et ne parle pas de ce que Salek leur confie. C’est donc par des amis que quelques informations récentes sont connues. Par exemple, fin mai 2013, Salek avait protesté contre les mauvais traitements par une grève de la faim illimitée qu’il avait suspendue après plus de 15 jours, la veille des examens du bac, auquel il a échoué.
Ou encore, le 19 juillet, le gardien-chef fouille abusivement les affaires de Salek et déchire ses vêtements, ses livres et magazines. Quelques jours après lors d’une nouvelle fouille, son téléphone portable lui est volé par le personnel pénitentiaire. Il n’a pas pu en racheter depuis cette date. Il semble qu’il y ait une entente entre le personnel pénitentiaire et les acteurs du marché noir de la prison.
Plus récemment, Salek a participé aux mouvements de grève de la faim de 24 ou 48 h menés par tous les prisonniers sahraouis enfermés dans la prison de Ait Melloul, prisonniers politiques et prisonniers de droits commun

Salek a été arrêté le 13/10/2004 et incarcéré tout de suite à Sale 1. Le jugement a été rendu le 6/12/2005 par la cour militaire. Condamnation sans possibilité d’appel à la réclusion à perpétuité. L’accusation : meurtre d’un officier marocain.

Les faits relatés par les intéressés et les proches sont les suivants.
L’officier marocain en question est le violent agresseur d’une femme Sahraouie. Les faits se sont déroulés dans le quartier situé à côté de la route de Telimzoun à Tantan
Salek Laasairi, Saleh Amidan - 2 Sahraouis -, et Norrdin x, Hisqar x et Abdallah x, - 3 Marocains -, sont intervenus pour défendre et protéger la femme. Pendant que Salah Amidan l’éloignait, l’officier a provoqué et agressé les 4 autres, qui ont répondu à l’agression physique et raciste. Suite à la bagarre, ils ont laissé l’officier blessé sur place et sont partis. L’officier était alors vivant.

Trois jours après ces faits, la police est venue arrêter Salek chez lui. Les 6 protagonistes ont été arrêtés, les 5 jeunes et la femme agressée, pour la mort de l’officier.
Norrdin x avait volé le téléphone portable de l’officier marocain, et a ainsi été retrouvé. Pendant l’interrogatoire, Il a donné les noms des gens qui étaient avec lui. Tous ont été condamnés à diverses peines de prison ferme. Saleh Amidan à 10 ans, la femme à 2 ans. Salek, Norrdin, Hisqar et Abdallah à la réclusion à perpétuité. L’avocat de Salek était marocain, commis d’office. Il a été émis des doutes sur la qualité de l’enquête.

Le parcours de Salek dans les différentes prisons marocaines est le suivant : Salé 1 jusqu’au 6/12/2005, puis Ait Meloul  pour 6 mois, puis Kénitra 5 ans et 3 mois puis Ait Melloul à nouveau. 
Kénitra étant à plus de 900 km du lieu d’habitation de sa famille, pendant 5 ans Salek n’a pas reçu de visites. Le deuxième transfert à Ait Melloul, en septembre 2011, longtemps demandé et attendu par Salek a rompu son isolement de sa famille, 2 ans.

Depuis son incarcération en 2004, Salek a été régulièrement harcelé, frappé, empêché dans ses volontés d’étudier et torturé physiquement et psychologiquement par les gardiens, le gardien-chef ou le directeur de la prison, de même que Saleh Amidan, l’autre jeune sahraoui condamné dans la même affaire. Les trois Marocains condamnés pour les mêmes faits n’ont eux jamais reçu ce genre de traitements discriminatoires et brutaux.

Suivent quelques informations et témoignages recueillis sur ce qu’a subi Salek. Il semble que sa grande taille et sa force excitent la jalousie et la violence des matons marocains. D’après ses codétenus, Salek est très souvent la cible du personnel et des responsables pénitentiaires.

En 2007, il mène une grève de la faim pendant 30 jours en protestation contre les mauvais traitements, pour qu’ils cessent et que ses conditions s’améliorent.
Cette même année Saleh a été torturé par les gardiens marocains qui ont brûlé à vif le tatouage qu’il avait sur le bras. Le tatouage disait « Sahara libre ».

En 2008, des publications d’organisation relayé par aljazeeratalk.net (archive maintenant désactivée) attestent que Salek a été roué de coups et violé par les gardiens de la prison. Puis mis à l’isolement sans soin, menotté et les yeux bandés, privé d’alimentation et boisson, dans un état de détresse psychologique grave. La plainte déposée par sa famille demeure sans suite, les appels sans effets. Il n’y a pas eu d’enquête, le personnel pénitentiaire tortionnaire n’a jamais été inquiété, ni puni. Salek avait affirmé la légalité de l’autodétermination du peuple sahraoui.

Salek subit régulièrement des périodes de plusieurs semaines de harcèlements à Kénitra en 2010. Le 9 juillet par exemple, Il a été tabassé violemment par les gardiens de la prison, dans sa cellule. Les insultes qui ont accompagné la violence étaient racistes. Les gardiens lui volent son téléphone, son lecteur MP4, son argent et tous ses effets personnels de quelque valeur. Salek possédait des drapeaux de la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique). Après cette date, les gardiens maintiennent la pression par des intrusions quotidiennes dans sa cellule pour la fouiller entièrement. Chaque visite est toujours accompagnée de menace de violence et de représailles et d’insultes racistes. Selon Salek, la dénonciation par les autres prisonniers est à l’origine du déclenchement de la violence et des vols par les gardiens.


Salek est depuis 10 ans oublié de l’attention des institutions, des organisations média ou de défense des droits de l’Homme, sahraouies ou internationales. Le seul soutien de sa famille semble être à la merci de l’arbitraire malveillant des autorités pénitentiaires.

Le projet de loi du gouvernement marocain visant à abolir la possibilité par les tribunaux militaires de juger des civils, et d’introduire la possibilité d’appel, bien que probablement opportuniste, n’est pour l’instant qu’une annonce de l’agence royale d’information, héraut du palais. En l’absence actuelle de texte de loi précis, de calendrier et d’échéances, on peut supposer son application remise aux calendes grecques, et pour Salek, comme pour les 23 prisonniers politiques du groupe « gdaym Izik » et d’autres Sahraouis, son bénéfice très hypothétique.

Quand la mission de l’ONU chargée du Sahara Occidental, la Minurso, ne protège en aucun cas les habitants originaires du territoire, toute action - individuelle ou d’organisation - de protestation auprès des autorités pénitentiaires et  du régime marocains contre les conditions de détention de Salek est la bienvenue.

Et pour le soutenir directement, il est possible de lui envoyer du courrier, des magazines et livres à la prison, ce qu’il apprécie beaucoup quand il les reçoit. Salek perfectionne en autodidacte son apprentissage du Français et apprend l’Anglais, il est curieux de voyages et de sciences.

APSO, le 3 avril 2014. 

Pour écrire à Salek : Salek Laasairi, n° 7533, prison locale Ait Melloul, Agadir, Maroc
Vous pouvez transmettre des copies scannées de votre courrier par mail à Apso qui vérifiera que votre courrier est bien arrivé. Pour toutes demandes de précision, contacter Apso.

samedi 27 avril 2013

L’ONU trahit les Sahraouis


On s’y attendait, finalement la mission de l’ONU chargée d’organiser au Sahara Occidental le référendum d’autodétermination n’a toujours pas la mission de surveiller les droits de humains sur place, soit de veiller à la sécurité du peuple sahraoui, dernier peuple colonisé en Afrique.

Finalement le groupe des amis du Sahara Occidental, dont la France, tout en sachant pertinemment que les Sahraouis sont quotidiennement la proie de violences policières marocaines arbitraires, qu’il reste plus de 500 disparus sahraouis, que le Maroc pille le pays qu’il occupe par la force… a reconduit la Minurso dans son affligeante incapacité à faire quoi que ce soit. Sauf peut être à valider l’immobilité de la situation, et son bénéfice juteux pour le régime colonisateur marocain.

L’aspect cynique de la présente décision de l’ONU c’est la trahison.

L’ONU ne fait concrètement rien d’autre qu’assister au pourrissement de la situation, en donnant aux réfugiés le minimum légal pour ne pas être complice de leur mort d’inanition, et aux Sahraouis des territoires occupés quelques miettes d’espoir ou de rage leur permettant d’échapper à la schizophrénie.

Chacune des précédentes années de bagarre improductive pour que les Sahraouis soient protégés par la Minurso n’avait été qu’un épisode comme un autre de la froide désillusion.

Cette année 2013, l’annonce par les USA - quelques semaines avant l’étude du renouvellement de la Minurso - de leur volonté que les Droits de l’Homme soient activement surveillés au Sahara Occidental a transformé l’événement en un moment cruel.

Il est presque clairement possible de lire maintenant que cette adjonction de la surveillance des droits de l’homme à la Minurso aurait grandement été préjudiciable à un régime dictatorial marocain déjà bien fragile.

S’est donc opéré le choix du sacrifice de la sécurité des Sahraouis pour la préservation d’une dictature vacillante et corrompue.

Le droit international n’étant qu’une expression savante de la logique basique d’un vivre ensemble respectueusement sur notre planète, comment, nous le peuple, supportons-nous encore la trahison de nos dirigeants pour des petits calculs égoïstes et à courts termes ?

Étant donné l’attitude intrinsèquement destructrice de l’homme, le sachant, comment les dirigeants ne sont-ils pas d’autant plus férocement rigoureux sur l’application qui relève de leur responsabilité des principes communs.

Pour ceux qui connaissent la situation, nous en garderons une grande honte d’être complice du message paradoxal crié entre les lignes aux jeunes Sahraouis, « ne comptez que sur vous si vous voulez l’indépendance de votre terre et peuple, et tous les moyens sont bons… ».

En territoires occupés, les armes civiles face à la police marocaine suréquipée et aux méthodes de voyou sont encore le V de la victoire, les cris et les drapeaux… jusque quand ?

L'inconscience internationale pousse à la violence, l'inconnu reste le moment de l'explosion.

APSO, le 27 avril 2013

samedi 30 juin 2012

Parce que


 A Tfarrah et aux autres mamans, dépossédées de leur seul bien.


Parce que sa naissance gênait un roi qui pillait son pays, l’enfant n'a pas ouvert les yeux.
Parce que sa naissance accusait une organisation de nations soit disant unies de n'avoir pu offrir à ses jeunes parents que leur propre naissance dans ces mêmes camps, l’enfant n'a pas voulu crier.
Parce que sa naissance dénonçait les conséquences de mesures humanitaires incapables de remplacer  l'application de mesures de justice internationales, l’enfant a cessé de respirer.

Parce qu’années après années, la chronicité des problèmes cumulés rend la naissance et la survie des enfants Sahraouis de plus en plus difficile, et parce que dans le même temps,  le Maroc, la France et l’Union Européenne se partagent illégalement le butin des ressources du Sahara Occidental et dilapident l’espoir dans d’inutiles négociations, cet enfant, comme bien d’autres n’a pu vivre.
Parce que survivre du jour de sa naissance à celui de sa mort dépend de notre vitesse à oublier, sa survie a été de deux jours.
Parce que les fausses couches, les enfants morts nés, les enfants nés qui meurent, les enfants handicapés, les enfants qui survivent, les enfants en retard de croissance, les enfants malades ont fait naitre et vivre l’espoir, à défaut de naitre et de vivre eux-mêmes, normalement.

Parce que je suis de ceux qui pensent qu'un enfant ne doit pas mourir, pour avoir eu la malchance de naître en exil dans le désert du Sahara.
Parce que je suis de ceux qui pensent qu'il ne faut plus placer sa confiance en une personne, fut elle Président de la République française, roi du Maroc, Secrétaire Général de l’ONU, je ne vous demande pas d'intervenir.
Parce que c'est trop vous demander de prendre le parti d'un enfant dont la vie n'aura duré que deux jours, à cause d'une injustice vieille de trente sept ans, qui sert peu ou prou vos intérêts, et qui elle, voit l’avenir avec sérénité.
Parce qu’il est plus facile de bafouer les droits les plus élémentaires, d’emprisonner, de torturer, d’assassiner, même ouvertement, devant une humanité à peine troublée et des organismes impuissants que de respecter la vie d’un enfant.
Parce qu'il est plus facile d'user de son droit de véto que d'essuyer les larmes d'une mère anémiée dans un camp sahraoui.
Parce qu’il est plus important pour toutes les parties concernées de faire de la stratégie géopolitique  et de penser cyniquement qu’il n’est pas de problème qu’une absence de solution ou que le temps qui passe ne puisse finir par régler.
Parce que les responsables des parties concernées par un conflit devraient négocier jusqu’à aboutissement, entourés de leurs familles dans les conditions et lieux d’exil ou de guerre pour en comprendre l’inhumanité et trouver rapidement les solutions.

Parce que, petit garçon, tu ne pourras jamais demander : »Pourquoi ? » ; Moi qui aurait aimé te répondre « parce que… »
Parce qu’aux larmes de tes parents qui supplient « pourquoi ?», j’ai honte de répondre « parce que »…

Jean-François Debargue

30 juin 2012. Publié par APSO avec l'autorisation de l'auteur.