A Tfarrah et aux autres mamans,
dépossédées de leur seul bien.
Parce que sa
naissance gênait un roi qui pillait son pays, l’enfant n'a pas ouvert les yeux.
Parce que sa
naissance accusait une organisation de nations soit disant unies de n'avoir pu
offrir à ses jeunes parents que leur propre naissance dans ces mêmes camps, l’enfant
n'a pas voulu crier.
Parce que sa
naissance dénonçait les conséquences de mesures humanitaires incapables de
remplacer l'application de mesures
de justice internationales, l’enfant a cessé de respirer.
Parce qu’années
après années, la chronicité des problèmes cumulés rend la naissance et la
survie des enfants Sahraouis de plus en plus difficile, et parce
que dans le même temps, le Maroc, la France et l’Union Européenne se
partagent illégalement le butin des ressources du Sahara Occidental et
dilapident l’espoir dans d’inutiles négociations, cet enfant, comme bien
d’autres n’a pu vivre.
Parce que survivre du jour de sa naissance à celui de sa mort dépend de notre vitesse à oublier, sa survie a été de deux jours.
Parce que survivre du jour de sa naissance à celui de sa mort dépend de notre vitesse à oublier, sa survie a été de deux jours.
Parce que les
fausses couches, les enfants morts nés, les enfants nés qui meurent, les
enfants handicapés, les enfants qui survivent, les enfants en retard de
croissance, les enfants malades ont fait naitre et vivre l’espoir, à défaut de
naitre et de vivre eux-mêmes, normalement.
Parce que je suis
de ceux qui pensent qu'un enfant ne doit pas mourir, pour avoir eu la malchance
de naître en exil dans le désert du Sahara.
Parce que je suis
de ceux qui pensent qu'il ne faut plus placer sa confiance en une personne, fut
elle Président de la République française, roi du Maroc, Secrétaire Général de
l’ONU, je ne vous demande pas d'intervenir.
Parce que c'est
trop vous demander de prendre le parti d'un enfant dont la vie n'aura duré que
deux jours, à cause d'une injustice vieille de trente sept ans, qui sert peu ou
prou vos intérêts, et qui elle, voit l’avenir avec sérénité.
Parce qu’il est
plus facile de bafouer les droits les plus élémentaires, d’emprisonner, de
torturer, d’assassiner, même ouvertement, devant une humanité à peine troublée
et des organismes impuissants que de respecter la vie d’un enfant.
Parce qu'il est
plus facile d'user de son droit de véto que d'essuyer les larmes d'une mère
anémiée dans un camp sahraoui.
Parce qu’il est
plus important pour toutes les parties concernées de faire de la stratégie
géopolitique et de penser cyniquement
qu’il n’est pas de problème qu’une absence de solution ou que le temps qui
passe ne puisse finir par régler.
Parce que les
responsables des parties concernées par un conflit devraient négocier jusqu’à
aboutissement, entourés de leurs familles dans les conditions et lieux d’exil
ou de guerre pour en comprendre l’inhumanité et trouver rapidement les
solutions.
Parce que, petit
garçon, tu ne pourras jamais demander : »Pourquoi ? » ;
Moi qui aurait aimé te répondre « parce que… »
Parce qu’aux
larmes de tes parents qui supplient « pourquoi ?», j’ai honte de répondre
« parce que »…
Jean-François Debargue
30 juin 2012. Publié par APSO avec l'autorisation de l'auteur.