dimanche 30 novembre 2014

À qui profitent les ragots ?

On a lu dans les médias sportifs français que l'athlète Laila Traby avait été constatée positive lors d'un contrôle antidopage effectué sur son lieu de stage, Font Romeu. Or à lire mieux, à chercher quelques infos, il y a à douter du discernement des journalistes qui ont écrit cela et des médias qui l'ont repris en choeur.

Que la sportive ait été en stage, et qu'il y ait eu contrôle, quoi de plus normal, et c'est aisé de l'écrire. C'est pourtant juste étonnant que cela ait été relevé pour celle-ci et non pour tous les autres contrôles effectués au quotidien par l'agence anti-dopage...

Mais ensuite affirmer la présence constatée d'EPO dans les analyses de la sportive, en laissant supposer en gros titre cela illégal, et de plus sur la base de révélations "d'un proche", pourrait manquer d'acuité quand la sportive fait silence en l’attente de ces mêmes résultats.

D’autre part, et juste pour une mise au point populaire, les sportifs s'entraînent en altitude pour la recherche du phénomène physiologique naturel qui leur permet d'augmenter l'oxygène disponible pour leurs muscles quand ils redescendent aux altitudes des compétitions. En effet, la baisse de la teneur en oxygène de l’air crée un manque d’oxygène (hypoxie) qui va induire au niveau du rein la sécrétion d’une hormone (l’érythropoïétine ou EPO) qui stimulera la fabrication par la moelle osseuse d’une plus grande quantité de globules rouges (érythrocytes) afin de compenser le manque d’O2 apporté aux tissus. L'effet recherché par les sportifs est de pouvoir fournir plus d’oxygène aux muscles lorsque l’organisme redescend à l’altitude habituelle. La technique est bien connue. (En lire plus ici)

Pour continuer…
Alors qu'elle est très discrète sur le sujet, il est public que Laila Traby est d'origine du Sahara Occidental (et non du Maroc). Pour qui fait une rapide recherche, se profile alors tout ce que cette origine sahraouie peut éclairer l'appréhension des événements récents. Les journalistes ont peut-être souffert du syndrome de la hâte du scoop...
Laila ne fait pas de politique, elle a 35 ans et deux enfants, et ne cache pas les efforts qu'elle fait pour être au niveau excellent qui est le sien. C'est une grande sportive depuis toujours, mais nous ne la connaissons ici que depuis sa naturalisation française. Cette nouvelle nationalité, celle de ses enfants, lui permet de faire valoir ses résultats et d'être à la place où la mettent ses efforts. Sahraouie dans l'équipe marocaine, soeur d'un sportif militant pour l'indépendance de son pays, la dernière colonie d'Afrique, quelques secondes égarées et autres déconvenues l'ont privée longtemps des compétitions dues à son niveau.

C’est de notoriété aussi que le très puissant réseau d'influence du roi du Maroc, pays colonisateur d'une partie du Sahara Occidental fait systématiquement en sorte que la question coloniale reste la plus méconnue possible, quitte à éliminer toutes les risques d'aspérités que l'information pourraient créer d'une façon ou d'une autre. Le récit des coulisses de la participation de l'équipe nationale sahraouie à la coupe du monde de football Non Fifa au Kurdistan est un exemple des manœuvres marocaines. Les agressions physiques d'artistes ou athlètes sahraouis en est une autre

Alors on interroge le fait que les gendarmes aient accompagné les contrôleurs anti-dopage cette aube en question, et que seule Laila Traby était visée. On aurait aimé qu'apparaisse dans les articles de la presse spécialisée de la matière nécessaire à se faire une opinion sur ce qui se passe, et qui atteint profondément une sportive, une femme intègre.
Par exemple qu'elle partageait l'appartement avec 3 sportifs d'origine marocaine, naturalisé ou sans papier. Et que deux des gars sont partis quelques jours avant l'arrivée des contrôleurs et gendarmes quand le troisième a sauté par la fenêtre pour fuir à la vue des visiteurs matinaux, sans que cela n'intéresse ces derniers.
D'autres éléments négligés encore ? Des contrôleurs accompagnés de la gendarmerie qui a perquisitionné, ce n’est pas habituel. De même, des agents qui n’attendent pas la présence de la traductrice promise pour que la sportive signe les documents en connaissance de cause - son niveau de français ne lui permettant pas de comprendre les écrits présentés - qui constatent que la sportive ne veut pas signer, et sans attendre plus, partent et enclenchent une procédure de garde-à-vue. Et puis peu mention de la localisation des produits stimulants : dans le frigidaire de l'espace commun à ces 4 sportifs, et pas du tout dans la chambre de la sportive, mais elle seule incriminée.

Les premières bribes d’éléments appelaient à elles seules à prudence et retenue…

Alors à qui profitent les propos hâtifs des journalistes quand la sportive s'entraînait pour les qualifications des championnats d'Europe de cross, et que de telles manoeuvres et publications l'ont profondément éprouvée ?

APSO, le 28 novembre 2014

Sur les derniers résultats de la sportive (championnat de France et d’Europe), voir :

jeudi 13 novembre 2014

Sahara Marathon 2015, à vos marques !

Les inscriptions sont ouvertes pour la quinzième édition du Sahara Marathon, 4 courses de solidarité avec le peuple Sahraoui. 
 

Soyez sur la ligne de départ le lundi 23 février 2015.

Les distances proposées sont au choix le marathon – 42km195, le semi - 21km, ou les 10km ou 5km.
Les courses ont lieu dans les campements de réfugiés sahraouis, près de Tindouf, dans le désert du sud-ouest algérien. Elles relient symboliquement les villes des campements et se déroulent pendant la semaine de la fête nationale.

Cette compétition internationale permet d’allier sportivité, solidarité, et découverte, dans un cadre inimaginable, une température très agréable. Épreuve sportive et partage solidaire sont au programme de la semaine passée aux côtés des réfugiés sahraouis, au coeur de leur extraordinaire hospitalité.

Pour les résultats et classements des années précédentes, des photos et vidéo RDV sur www.saharamarathon.org. Les détails techniques des courses et la carte des parcours sont ci-dessous. 
En 2014 la France s'est illustrée sur le 10km par la performance de Anne Trincal, arrivée première des femmes en 55'16. Chez les hommes, Harrys Dutheil est arrivé troisième en 38'59. À la première place l'athlète sahraoui Saleh Hmatou Ameidan, réfugiés politique en France avait fini en 34'37.

Les dates du séjour 2015 sont à définir selon les vols proposés depuis l’aéroport le plus proche de chez vous jusque Tindouf, sa durée de 5/6 jours.
Le prix du séjour est de 200 euros.
Cela comprend : inscription à la course, hébergement (gîte et couvert chez l'habitant), visites, participation au projet sportif solidaire défini par les sahraouis pour soutenir leurs sportifs.
Ce prix ne compte pas l’adhésion, ni les frais de voyage (-> l'AR France/Alger et Alger/Tindouf + visa)
Les documents de voyage nécessaires sont un passeport encore valide 6 mois, et un visa pour l'Algérie. (Nous contacter pour le visa)
 
Cet événement sportif et solidaire international est aussi l’occasion pour les organisations sportives de faire parvenir leurs dons et soutiens aux clubs ou équipes de sports scolaires des campements de réfugiés. Les organisations intéressées sont invitées à se mettre en contact par mail avec la coordination française.

Renseignements et inscriptions : marathondusahara @ free.fr ou apsolument @ yahoo.fr

APSO, le 13 novembre 2014


Informations techniques sur la course : (source http://www.saharamarathon.org/races/information)
Le marathon est l'événement du jour, mais les autres courses plus courtes se tiennent le même jour et l'arrivée est pour tout le monde dans le camp de Smara.

Les courses (voyez sur la carte) :
Marathon 42 km - El Ayoun - Auserd - Smara
Semi Marathon 21 km - Auserd - Smara
10km - Farmacia - Smara
5km - Paco - Smara

Les participants sont transportés au départ de chaque course. Les parcours sont marqués par des tas de pierres, des drapeaux et autres marqueurs temporaires. Le terrain est surtout de terre, de sable compacts et de cailloux avec quelques zones de sable mou.

Le marathon est en grande partie sur du plat en dehors d'une série de faibles dénivelés positifs entre les 20 et 30ème km. Des stations d'eau seront en place tous les trois kilomètres et des véhicules 4x4 suivront la course pour fournir une assistance si nécessaire.

À partir de cette année, vous ne trouverez plus de bouteilles en plastique aux stations d'eau, mais des verres et réservoirs en matériau biodégradable, remplis d’eau minérale.
Vous pourrez boire et remplir votre propre bouteille d'eau ou camel bag.

Le Croissant-Rouge international et l'organisation du Sahara Marathon fourniront un appui médical à plusieurs endroits le long du parcours et des véhicules 4x4 fourniront une assistance mobile si nécessaire.

Nous vous recommandons que ne pas oublier vos lunettes de soleil, chapeau ou foulard pour vous protéger contre le soleil, le sable et le vent.



vendredi 2 mai 2014

Sahara Occidental, le squelette est nu

 Chaque grain de sable accumulé magnifie la rose du désert, finalement cruelle momie.
 Le tableau pourrait être superbe s’il ne s’agissait d’humains, d’un peuple, de nos concitoyens.
Le monde entier, nos Nations Unies ont décidé en Conseil de Sécurité de renouveler le mandat de leur mission au Sahara Occidental sans y rien changer. La Minurso, mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental, qui n’organise pas le referendum depuis 1991, ne fera donc rien d’autres que de ne pas organiser…

La Minurso ne surveillera pas le respect des droits humains des Sahraouis, ni ne garantira le respect de leur droit inaliénable sur leurs ressources naturelles.
La promesse onusienne d’un réexamen de l’ensemble du processus en 2015 « si rien n’a changé » en un an est une parole dont la mise en œuvre dépendra de la contingence et laisse peu d’espoir, même si l’on aimerait par exemple que l’ensemble du conseil de sécurité, les intéressés, les amis et les voisins s’assoient et cherchent une solution pour la trouver….

Sur le terrain, dans le sable, d’un côté du mur des réfugiés confinés dans un état de crise d’urgence prolongé 39 ans, de l’autre le Maroc colonisateur qui surexploite les ressources naturelles jusqu’à plus soif, pillant tout ce qu’il est possible tant que les tergiversations coupables et complices des Nations Unies rendent ces dernières mercantilement aveugles. Le régime marocain exploite la terre, la mer, le soleil et le vent sahraouis, et fait de grands efforts pour y dissoudre le peuple, par la terreur, la violence, les interdictions multiples.

Pourtant cette fois encre, après les auto-félicitations multilatérales, parce qu’un petit mot est ou n’est pas dans un texte diplomatiquement écrit pour servir la fossilisation, chacun reprendra ses refus et revendications. Les mêmes.

Revendication de l’autodétermination, ce referendum promis et contractualisé pour les Sahraouis, refus de tout pour le Maroc.
Le droit international est favorable aux Sahraouis, sans aucun doute. Mais le monde ne bouge pas d’un iota pour le faire appliquer. Lorsque les Sahraouis ne changent pas de discours, revendication ou stratégie internationale, que font-ils ?
La confiance populaire dans nos Nations Unies ne devrait pourtant plus les abuser. Ils sont au cœur du mécanisme et le savent. Nos Nations Unies ont trahi. Elles attendent que quelque chose change. Elles aussi.

Et peut être une étincelle extérieure. Mais celle-ci n’assurerait aucun résultat sinon aléatoire et incertain. L’explosion populaire du Maroc, de l’Algérie, l’embrassement du Sahel, du Mali ne feraient qu’un paramètre supplémentaire à prendre en compte, difficultés de circulation, sur-militarisation, ingérences…
La reprise sahraouie des armes, souvent « promise », loin d’être une solution, ne pourrait être que le fruit d’une décision populaire ou la réaction à un événement. L’attaque par les autorités marocaines des quelques 20 000 Sahraouis de la manifestation populaire de Gdaim Izik en 2010 en territoires occupés n’ayant pas déclenché la dite réaction militaire pour la protection de ses citoyens, rien ne se profile qui pourrait justifier le trouble de la « stabilité » de la région.

Alors, vu de l’extérieur, si l’on est adepte de la liberté, du respect du droit, amis de ce peuple fier, on se prend à espérer.
Espérer que les Sahraouis reprennent le travail quotidien pour leur liberté, distillent l’humour des vents de sable et de l’immensité, surprennent, bousculent les relations enkystées. Qu’ils changent de manières, de méthodes, de discours, chamboulent leurs rapports aux Nations Unies, se désolidarisent de la spirale infernale de son temps et de ses résolutions annuelles et répétées, pour imposer le leur, leur calendrier de la construction de leur avenir.

Les Nations Unies méritent qu’on force le jeu de leur efficience pour qu’elle s’avère, sans discrimination ni calculs impardonnables.

APSO, 2 mai 2014

jeudi 3 avril 2014

Destin brisé, double peine


Salek Laasairi est sahraoui, il est né le 15 mars 1983 à Tantan sur le territoire marocain, et a été condamné en 2004 par la cour militaire à la réclusion à perpétuité.
C’est un militant pour l’indépendance du Sahara Occidental, et cette conviction politique et son identité ont eu et ont toujours des conséquences directes sur son histoire, l’accusation, sa peine, doublée de tortures qu’il subit en prison.

Selon ses amis, il a un grand cœur et il aime beaucoup sa famille. Il est le dernier d’une fratrie de six. Sa famille est modeste et son père est décédé en 2009.
Il est actuellement dans la prison de Ait Melloul au Maroc et son numéro d’écrou est le 7533.

Depuis 2013, le gardien chef de la prison de Ait Melloul, Ahmed El Moumni, semble particulièrement violent et raciste, sans que le directeur de la prison, Lekbir Soufi, n’intervienne contre ses pratiques. Les affaires de Salek sont régulièrement inspectées, détruites ou volées. Cela s’accompagne de fouilles au corps menées avec rudesse, de coups et  d’insultes, ressenties par Salek comme autant d’humiliations.

Les périodes de pression peuvent durer plusieurs semaines. S’ajoutent actuellement des menaces de « fabrication de motifs » destinées à imposer à Salek un nouveau transfert -  contre sa volonté - qui l’éloignerait de sa famille et des possibilités de visites.
La « fabrication de motif » veut dire une accusation imaginaire fabriquée par les autorités pénitentiaires en prison, justifiant des mesures disciplinaires. C’est une menace et une pratique courante. Ces « motifs » sont en l’occurrence l’accusation pour Salek et deux autres Sahraouis - Salek Mohamed Ahmed et Tyatro Mohiddin - d’être des « incitateurs », probablement à revendiquer un minimum de respect. Comme les autres Sahraouis de la prison, ils protestent contre les mauvais traitements, privations et violences qu’ils subissent, pratiques réprouvées par le droit selon la législation marocaine et internationale.

La famille quant à elle paraît avoir peur du régime marocain, le makhzen, et ne parle pas de ce que Salek leur confie. C’est donc par des amis que quelques informations récentes sont connues. Par exemple, fin mai 2013, Salek avait protesté contre les mauvais traitements par une grève de la faim illimitée qu’il avait suspendue après plus de 15 jours, la veille des examens du bac, auquel il a échoué.
Ou encore, le 19 juillet, le gardien-chef fouille abusivement les affaires de Salek et déchire ses vêtements, ses livres et magazines. Quelques jours après lors d’une nouvelle fouille, son téléphone portable lui est volé par le personnel pénitentiaire. Il n’a pas pu en racheter depuis cette date. Il semble qu’il y ait une entente entre le personnel pénitentiaire et les acteurs du marché noir de la prison.
Plus récemment, Salek a participé aux mouvements de grève de la faim de 24 ou 48 h menés par tous les prisonniers sahraouis enfermés dans la prison de Ait Melloul, prisonniers politiques et prisonniers de droits commun

Salek a été arrêté le 13/10/2004 et incarcéré tout de suite à Sale 1. Le jugement a été rendu le 6/12/2005 par la cour militaire. Condamnation sans possibilité d’appel à la réclusion à perpétuité. L’accusation : meurtre d’un officier marocain.

Les faits relatés par les intéressés et les proches sont les suivants.
L’officier marocain en question est le violent agresseur d’une femme Sahraouie. Les faits se sont déroulés dans le quartier situé à côté de la route de Telimzoun à Tantan
Salek Laasairi, Saleh Amidan - 2 Sahraouis -, et Norrdin x, Hisqar x et Abdallah x, - 3 Marocains -, sont intervenus pour défendre et protéger la femme. Pendant que Salah Amidan l’éloignait, l’officier a provoqué et agressé les 4 autres, qui ont répondu à l’agression physique et raciste. Suite à la bagarre, ils ont laissé l’officier blessé sur place et sont partis. L’officier était alors vivant.

Trois jours après ces faits, la police est venue arrêter Salek chez lui. Les 6 protagonistes ont été arrêtés, les 5 jeunes et la femme agressée, pour la mort de l’officier.
Norrdin x avait volé le téléphone portable de l’officier marocain, et a ainsi été retrouvé. Pendant l’interrogatoire, Il a donné les noms des gens qui étaient avec lui. Tous ont été condamnés à diverses peines de prison ferme. Saleh Amidan à 10 ans, la femme à 2 ans. Salek, Norrdin, Hisqar et Abdallah à la réclusion à perpétuité. L’avocat de Salek était marocain, commis d’office. Il a été émis des doutes sur la qualité de l’enquête.

Le parcours de Salek dans les différentes prisons marocaines est le suivant : Salé 1 jusqu’au 6/12/2005, puis Ait Meloul  pour 6 mois, puis Kénitra 5 ans et 3 mois puis Ait Melloul à nouveau. 
Kénitra étant à plus de 900 km du lieu d’habitation de sa famille, pendant 5 ans Salek n’a pas reçu de visites. Le deuxième transfert à Ait Melloul, en septembre 2011, longtemps demandé et attendu par Salek a rompu son isolement de sa famille, 2 ans.

Depuis son incarcération en 2004, Salek a été régulièrement harcelé, frappé, empêché dans ses volontés d’étudier et torturé physiquement et psychologiquement par les gardiens, le gardien-chef ou le directeur de la prison, de même que Saleh Amidan, l’autre jeune sahraoui condamné dans la même affaire. Les trois Marocains condamnés pour les mêmes faits n’ont eux jamais reçu ce genre de traitements discriminatoires et brutaux.

Suivent quelques informations et témoignages recueillis sur ce qu’a subi Salek. Il semble que sa grande taille et sa force excitent la jalousie et la violence des matons marocains. D’après ses codétenus, Salek est très souvent la cible du personnel et des responsables pénitentiaires.

En 2007, il mène une grève de la faim pendant 30 jours en protestation contre les mauvais traitements, pour qu’ils cessent et que ses conditions s’améliorent.
Cette même année Saleh a été torturé par les gardiens marocains qui ont brûlé à vif le tatouage qu’il avait sur le bras. Le tatouage disait « Sahara libre ».

En 2008, des publications d’organisation relayé par aljazeeratalk.net (archive maintenant désactivée) attestent que Salek a été roué de coups et violé par les gardiens de la prison. Puis mis à l’isolement sans soin, menotté et les yeux bandés, privé d’alimentation et boisson, dans un état de détresse psychologique grave. La plainte déposée par sa famille demeure sans suite, les appels sans effets. Il n’y a pas eu d’enquête, le personnel pénitentiaire tortionnaire n’a jamais été inquiété, ni puni. Salek avait affirmé la légalité de l’autodétermination du peuple sahraoui.

Salek subit régulièrement des périodes de plusieurs semaines de harcèlements à Kénitra en 2010. Le 9 juillet par exemple, Il a été tabassé violemment par les gardiens de la prison, dans sa cellule. Les insultes qui ont accompagné la violence étaient racistes. Les gardiens lui volent son téléphone, son lecteur MP4, son argent et tous ses effets personnels de quelque valeur. Salek possédait des drapeaux de la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique). Après cette date, les gardiens maintiennent la pression par des intrusions quotidiennes dans sa cellule pour la fouiller entièrement. Chaque visite est toujours accompagnée de menace de violence et de représailles et d’insultes racistes. Selon Salek, la dénonciation par les autres prisonniers est à l’origine du déclenchement de la violence et des vols par les gardiens.


Salek est depuis 10 ans oublié de l’attention des institutions, des organisations média ou de défense des droits de l’Homme, sahraouies ou internationales. Le seul soutien de sa famille semble être à la merci de l’arbitraire malveillant des autorités pénitentiaires.

Le projet de loi du gouvernement marocain visant à abolir la possibilité par les tribunaux militaires de juger des civils, et d’introduire la possibilité d’appel, bien que probablement opportuniste, n’est pour l’instant qu’une annonce de l’agence royale d’information, héraut du palais. En l’absence actuelle de texte de loi précis, de calendrier et d’échéances, on peut supposer son application remise aux calendes grecques, et pour Salek, comme pour les 23 prisonniers politiques du groupe « gdaym Izik » et d’autres Sahraouis, son bénéfice très hypothétique.

Quand la mission de l’ONU chargée du Sahara Occidental, la Minurso, ne protège en aucun cas les habitants originaires du territoire, toute action - individuelle ou d’organisation - de protestation auprès des autorités pénitentiaires et  du régime marocains contre les conditions de détention de Salek est la bienvenue.

Et pour le soutenir directement, il est possible de lui envoyer du courrier, des magazines et livres à la prison, ce qu’il apprécie beaucoup quand il les reçoit. Salek perfectionne en autodidacte son apprentissage du Français et apprend l’Anglais, il est curieux de voyages et de sciences.

APSO, le 3 avril 2014. 

Pour écrire à Salek : Salek Laasairi, n° 7533, prison locale Ait Melloul, Agadir, Maroc
Vous pouvez transmettre des copies scannées de votre courrier par mail à Apso qui vérifiera que votre courrier est bien arrivé. Pour toutes demandes de précision, contacter Apso.

mercredi 12 mars 2014

Des histoires sahraouies contre les mines antipersonnel



Carte zones dangereuses territoire libéré : extraite du rapport AOAV 2008 ( 35,2Mo), p20 Western Sahara Dangerous Area Survey Report

Le Sahara Occidental est selon les experts parmi les zones les plus minées au monde. Les deux côtés du mur qui coupe le Sahara Occidental sont des zones très dangereuses.  Dans la partie dite libérée gérée par la république Sahraouie, à l'Est du mur,  les opérations de déminage et dépollution sont mises en place, en partenariat notamment avec AOAV, (Action On Armed Violence) progressent lentement et prendront encore de très nombreuses années.

Depuis les campements de réfugiés, les familles sahraouies partent régulièrement dans le désert de la zone libérée pour des périodes plus ou moins longue. D'autres familles y vivent. Les accidents du fait des restes de guerre sont fréquents, entraînant morts ou mutilations et handicaps lourds. La prévention de ces risques est donc un paramètre indispensable.

Dans le cadre du consortium européen Tiramisu, dont l'objet est la recherche sur le déminage humanitaire, l'équipe italienne Snail Aid, avec le soutien organisationnel d'Apso et  Asavim, a construit un outil radiophonique de prévention en partenariat avec les organisations locales sahraouies. Les 6 épisodes de l'histoire de la chèvre Billy Goat, mais surtout de la vie de Mariam, Zinebou, Fatma, Bakina, Semel, Yahdi, Mahfoud, Zein et Sidahmed, support aux messages de prévention, ont été adaptés, enregistrés dans trois des campements de réfugiés, puis diffusés par la radio sahraouie, écoutés dans les campements et dans les territoires libérés.

Les informations sur le déminage de la partie occupée du territoire par son colonisateur le Maroc, sont inexistantes ou douteuses. La question semble largement occultée. L'objectif principal d'un occupant étant classiquement le vol des ressources naturelles, il est évident que la protection des habitants originaires, ici traditionnellement nomades, n'est pas mise en place. Les très nombreux colons marocains quant à eux, subventionnés pour venir occuper de fait le territoire, se cantonnent dans les villes dans lesquelles leurs ont été donnés des terrains, maisons et avantages alimentaires et salariaux divers.

Il est possible d'écouter les épisodes de ces histoires sahraouies en suivant les liens ci-dessous ou sur le site de Snail Aid. Toutes diffusions par les radios libres et résistantes sur les territoires sahraouis occupés sont à soutenir...

APSO, le 12 mars 2014
Nota : le résumé de l'histoire est disponible sur demande à Apso.


Les références et documentations sur les mines et restes de guerre au Sahara Occidental, et les partenaires et actions :


samedi 11 janvier 2014

La France versatile et frivole, et le Sahara Occidental

La France tergiverse, pouvoir et média, sur les nuances de la liberté d'expression quand il s'agit du président et de ses amours, d'un humoriste et de ses excès... Serions-nous encore ensuqués par les excès multiples de la fin d'année pour supporter aussi peu de sérieux, tout ce bruit pour rien ? N'y a t'il pas matière à pessimisme ?

Sur une échelle géographique aléatoire, il pourrait être plus intéressant de se pencher sur "la courbe du chômage inversée de façon imperceptible" et la hausse de la TVA, un peu plus loin sur Fukushima et ses fuites radioactives, les baleines pilotes et poulpe géant qui s'échouent, sur l'Europe et ses accords étrangement hyper-capitalistes et très discrets pour la protection des banques...

Vue d'ailleurs, notre France des droits de l'Homme est sûrement ridicule. Empâtée à ignorer son peuple, son devoir éthique d'éducation pour emplir les têtes et s'opposer à la haine, empâtée à oublier d'entendre les vigilants, penseurs et intellectuels.
Ou alors, l’ailleurs soit nous raille comme l'excellent "Demainonline" indépendant marocain en exil, soit ne se soucie pas de notre pauvre France démagogique.

En Tunisie, on s'occupe de choses sérieuses, et suite à une pression très forte de la population, de la société civile, des syndicats ouvriers, patronaux, des avocats et des associations de droits de l'Homme, le parti islamiste Ennahdha a accepté de céder le pouvoir à un gouvernement de compétence nationale pour assurer la dernière période de transition démocratique, préparer les prochaines élections et terminer la constitution et le processus électoral.

Les Congolais de la RDC en diaspora ont décidé qu'on ne s'amuserait plus tant que la situation de leur pays, champ de bataille et théâtre d'un génocide absent des médias autant que démesuré ne serait pas sur la voie de l'amélioration, et le despotisme d'État dégagé. On ne danse plus sur scène ni on ne s'amuse congolaisement en France (ni ailleurs) et le combat multiforme est devoir d'information internationale et de vigilance, quand la révolte gronde au pays et que continuent les massacres civils en masse. Cela se fait sans la France, mauvaise amie qui oublie encore de soutenir les aspirations et les efforts vers la démocratie de ce peuple en marche.

Les Sahraouis, amis des précédents, eux, se soucient de la France. Ils ont célébré en novembre dernier le troisième anniversaire de la manifestation qui en territoires occupés du Sahara Occidental avait réuni à Gdaim Izik 20 000 d’entre eux pendant un mois, avant l'attaque des forces de sécurité du colonisateur marocain. Depuis lors, fin 2010, des civils journalistes, militants de droits de l'homme, médiateurs, sont en prison à Salé 2 près de Rabat, et ont été condamnés sans preuve par un tribunal militaire à des peines allant de 20 ans à la perpétuité.  Condamnés pour leur identité.
2013 a encore été une année de continuité dans la lutte et la résistance, certes, mais aussi dans l'immobilisme international. La France n'a pas changé de ligne en passant de droite à gauche et continue à être responsable du statu quo de la situation. Chaque frémissement favorable a connu son contraire.

La Minurso a été renouvelée sans mandat de protection des populations civiles sahraouies qui affirment leur identité ou revendiquent le respect de leurs droits internationalement établis. La France est probablement victime d’une tergiversation géométrique sur la variabilité de l’intensité et de la quantité des coups donnés… puisqu’elle est responsable de cet état de fait. Les manifestations sahraouies de protestation hebdomadairement attaquées par les forces de sécurité marocaines qui cognent avec la visible jubilation de l’impunité mais ne tuent pas beaucoup ou cachent bien les corps n’y ont pas suffi. On peut avoir la même crainte pour 2014 si l’influence internationale ne pèse pas sur cette même France, malgré la permanence des protestations sahraouies en territoires occupés, et les déchaînements de violence qu’ils ont reçus toute l’année 2013. On appelle ça communément les droits de l’Homme, et les militants internationaux et ceux du Sahara Occidental s’appliquent à rapporter les horreurs commises sans que la France des droits de l’Homme ne s’en soucie.

Le traditionnel nerf de la guerre, l’argent en question, est ici celui tiré illégalement par le Maroc de l’exploitation des richesses naturelles du Sahara Occidental, et celui donné pour son protectionnisme hypocrite par l’Europe au même Maroc. Accord de voisinage, accord agricole, accord de pêche, statut avancé sont effectifs, l’ALEAC se profile dangereusement. Tous ces accords écrits sur le dos du peuple sahraoui puisque les textes souffrent d’amnésie quand il s’agit d’indiquer les frontières internationalement admises du Maroc, qui ne comprennent pas le Sahara Occidental.

Que payent donc aux uns et aux autres les entreprises françaises Total, Véolia, Idyl, Azura et autres pour être au Sahara Occidental, et que reçoivent-elles pour agir illégalement puisque contrairement à la volonté des Sahraouis ?

Javier Bardem dans son film récent sur la question sahraouie « Hijos de las nubes » fait une grande part à la démonstration de l’indiscutable culpabilité diplomatique de la France, probablement parce que la rouerie espagnole est consommée.

Alors ? Que font les Sahraouis en France ?
D’où viendra la prise de conscience que les méthodes anciennes ne fonctionnement manifestement pas et qu’il faut s’adapter à la situation et faire bouillonner les jeunes têtes. La délicate tradition sahraouie de ne jamais dire non, de passer par un détour ou un intermédiaire pour agir sur les coordonnées d’un problème ressemble à l’obligation de moyens quand il lui manque l’obligation de résultat. Les mouvements de l’Allemagne découvrant les atteintes marocaines aux droits humains des Sahraouis pourraient-ils vraiment faire bouger la France ? Justification de la procrastination …

Et si les Sahraouis et leur République faisaient bouger la France ? Foin de plaisanterie, à l’aune du temps occidental il faut aller tout droit ! La jeunesse sahraouie qui bouillonne ici et souffre des violences subies sous l’occupation ou de l’exil connaît la France et ses travers. Ceux là ont l’intuition que la lutte pacifique est possible et en auront le courage une fois sur le chemin, même si les coups reçus par leurs sœurs et mères en territoires occupés, les carences alimentaires et maladies des femmes et enfants des campements de réfugiés poussent certains à dire qu’une reprise de la guerre serait une solution.
Si les institutions pèsent trop lourd, la résistance doit trouver une autre forme…

Les Sahraouis résistent et bougent, cherchent et tâtonnent, et nous Français ? résistons-nous ?

APSO, le 11 janvier 2014

Vidéo EM, El aaiun  occupé, activité de nuit des policiers marocains, ordre ou terreur ?