mercredi 26 mai 2010

Les colons Marocains se sont attaqués aux Sahraouis

Dans les très maigres propositions de la Minurso, Mission de l’ONU pour un référendum au Sahara Occidental, il en est une régulièrement malmenée qui permet aux familles Sahraouies de se retrouver après parfois 35 ans de séparation, chacune de son coté d'un mur qui défigure leur pays.

Alors que le processus de décolonisation de cette dernière colonie d’Afrique est au point mort sous les auspices de l’ONU, quelques familles ont pu bénéficier du programme des visites.

Des Sahraouis des territoires occupés, prenant à leur compte cette préoccupation affichée de la « dimension humaine » du conflit, sont allés par eux-mêmes rendre visite à leurs familles dans les campements de réfugiés, près de la ville de Tindouf.

Le 5ème groupe d’une dizaine d’homme et de femme rentrera début juin de leur visite. Quel sort leur réservera l’autorité coloniale Marocaine ?
3 des sept membres du premier groupe sont toujours en prison, les deux et troisième groupes ont été agressés par les colons, le quatrième intrusivement filmé et photographié, et cela à l’approche du vote redouté par les oppresseurs du renouvellent du mandat de la Minurso.

C’était la première fois que des colons Marocains attaquaient physiquement les défenseurs Sahraouis des droits de l’homme, les femmes et les enfants.

Témoignage de Ghalia Djimi, ancienne disparue Sahraouie et défenseur des droits de l’homme. Vice présidente de l'ASVDH

Mardi 6 avril 2010, j’attendais à l’aéroport d’El Aaiun le retour d’un groupe de 11 défenseurs Sahraouis des droits de l’Homme, en compagnie d’autres Sahraouis.
Au moment d’entrer sur le parking j’ai été arrêtée, on m‘a dit de repartir, comme à chaque arrivée d’une délégation de défenseurs des droits de l’homme. Simultanément un officier m’a invité très gentiment à passer. Cela m’a alerté, et j’ai dit que c’était sûrement parce que quelque chose avait été organisé contre nous. L‘aéroport était comme les autres fois cerné d’un cordon policier.

Des centaines de citoyens marocains attendaient devant la porte « sortie » de l’aéroport, encadrés par des policiers en civil et en uniforme. Peut-être 800 personnes ou plus.
J’étais avec l'épouse de Mr Mohamed Daddach, Mme Fatimatou Ismaili et leurs trois enfants âgés de 7, 4 et 2 ans.
Nous n’avons pas été autorisées à attendre dans l’aéroport, nous sommes donc restées sur le parking.

10 minutes après avoir décliné nos identités à l’entrée de l’aéroport et été refoulées, le groupe de marocain est venu vers nous pour nous agresser par des slogans et des gestes. Nous attendions dans la voiture. Ils ne nous connaissaient pas auparavant. Nous avons eu l’impression que les officiers leur ont parlé et qu’ensuite ils sont venus vers nous.
Des vieux Sahraouis présents et visiblement honteux de l’attaque se sont finalement interposés et ont demandé qu’on nous laisse tranquille.

J’ai interpellé l'officier de police Marocain, Mr Khalid Barakat sur le danger qu’une telle manigance comportait et sur le risque d’engrenage dans la violence. J’ai ajouté que lui et les autorités Marocaines devraient assumer toute la responsabilité de ces incitations à la violence.
Il n’a pas nié être parmi les organisateurs du rassemblement des colons.
Il a ajouté que c’était nous qui étions allés les provoquer.

Je me suis adressée aussi aux marocains pour leur dire que le problème était avec le gouvernement et que depuis 1975, il n’y avait pas eu de violence entre nos peuples.
Dans la discussion, certains m’ont dit qu’ils venaient de loin. D’autres ont dit qu’on les avait informés que le roi venait avec une importante délégation et qu’il leur fallait venir montrer leur marocanité. Il y avait sur le parking de nombreux bus et taxis collectifs, avec lesquels ils avaient été amenés.

A 17h55, je me suis également adressée à deux membres de la MINURSO présents sur place, dans leur voiture immatriculée 1549 A 61. Je voulais qu’ils constatent les agressions et le danger, et fassent un rapport à leur organisme.
Le conducteur m’a répondu : « We are not from here », nous ne sommes pas d’ici. Et ils n’ont rien fait, alors qu’ils voyaient bien que nous avions été agressées et insultées et que les enfants étaient terrorisés.

Les citoyens sahraouis, les familles du groupe attendu et les défenseurs de droits humains qui étaient venus les accueillir formaient un petit groupe. Ils ont été comme nous agressés verbalement et provoqués sur le parking de l’aéroport.

De nombreux marocains avec des appareils photos semblaient attendrent que nous réagissions violement aux provocations et agressions.

Après l’atterrissage de l’avion, j’ai téléphoné aux membres de la délégation pour prévenir de ce qui les attendait, et pour demander qu’ils ne répondent pas aux appels à la violence des provocations.

Après l'atterrissage de l’avion, le groupe des activistes Sahraouis a été retardé, en attente de leurs bagages.
De l’extérieur, à la porte de sortie, nous avons vu la scène suivante : dès que des voyageurs, dont des femmes sahraouies en vêtement traditionnel -la Malhfa- se sont approchés de la sortie, le groupe de sujets Marocains ont tenté de les attaquer.
Ce qui semblait être des organisateurs qui les accompagnaient leur ont dit que ce n’étaient pas eux qu’il fallait attaquer.

Quand tout le monde a eu quitté l’aéroport, les militants ont reçu leurs bagages et se sont dirigés vers la sortie.

À ce moment, comme a un signal, les personnes en civil et en uniforme, dispersées sur le parking de l’aéroport ont rejoint le groupe de centaines de marocains, qui agitaient les drapeaux marocains et des photos du roi.
À la sortie des 11 militants sahraouis, le groupe de marocains a de nouveau crié des slogans. Ils ont frappé les militants avec des bâtons, avec les drapeaux, leur ont craché au visage en les insultant. Les slogans étaient : « morts aux ennemis », « le roi a laissé son fils » (slogan qui date de la mort de Hassan 2), « Sahara marocain », « les traîtres n’ont pas de place avec nous, quittez notre territoire », « l’autonomie est le seul choix ».

Les services incitateurs ont commencé à perdre le contrôle et la situation s’est aggravée.
Ils m’ont alors demandé de prendre dans ma voiture les deux personnes du groupe qui restaient, Mr Mohamed Daddach et Mlle Sultana khaya.
Dés qu’ils sont montés dans la voiture, j’ai démarré, et la foule s’est jetée sur la voiture et nous a attaqué. Ils ont cassé la vitre de la voiture.

Les policiers en service et en civil m’ont dit « accélère Ghalia, et quitte l’aéroport ». La situation était vraiment très grave.
J’ai arrêté la voiture et je leur ai dit « je ne peux pas tuer les gens, je ne suis pas criminelle, mais vous qui les avez amenés, réglez ce problème et laisser moi le chemin pour sortir en paix »
Les services de police étaient à ma droite d’où ils me parlaient, et la foule des agresseurs était à gauche. Ils ont cassé la vitre du côté de Daddach. De l’autre coté la vitre était ouverte. En voulant la casser, ils ont donné un violent coup de bâton sur le cou de Sultana.

J’ai de nouveau parlé aux services de police en disant : « c' est votre responsabilité de provoquer ce genre de violence entre les deux peuples Sahraoui et Marocain ».
Ils ont donné l'ordre qui a été enfin entendu de me laisser passer. Mais j’ai roulé sous les coups des bâtons, de pierre et des coups de pieds dans la voiture. Les Marocains ont essayé de voler le bagage par la vitre cassée.
Le land Rover du citoyen Sahraoui, Rachid Ndour, dans lequel étaient les petits de Daddach, accompagnés de la citoyenne Mme Khemida Rahmouni a aussi été attaqué à coup de pierres.
Les vitres ont été casées. Des morceaux de verres ont touché l’œil de Khemida Rahmouni et l’oreille du plus petit des enfants de Daddach.
La voiture Mercedes de Mlle Malika Ndour a été attaquée à coup de pierres et son pare-brise a été cassé.
La voiture Toyota 4*4 de Mr Bachir Khfawni a reçu des jets de pierres en sortant de l'aéroport, sur la route officielle.
En sortant de l'aéroport un groupe d’une douzaine de jeunes Marocains habillés en civil, avec des espadrilles, ont lancé des pierres sur les voitures des familles des militants sahraouis.

El Aaiun, Sahara Occidental, le 06/04/2010.

ASPO, le 26 juin 2010.



Photos ASVDH.

vendredi 21 mai 2010

Le courrier arrive-t-il aux Sahraouis prisonniers politiques ?

Après leur rencontre avec Salah Eddine Amaidan, sportif Sahraoui de haut niveau et des membres de l’association APSO, lors de la journée interculturelle, des jeunes habitants d’Aurillac avaient décidé d’envoyer des lettres à des prisonniers politiques Sahraouis, pour les soutenir.

Ils sont devenus les parrains de deux étudiants, incarcérés par les autorités marocaines pour leur opinion en faveur de l’autodétermination de leur peuple. Abdalahi Dihani et Baba Ali Toumi.
Les deux étudiants avaient discuté dans le train avec un homme, qui s’était révélé être employé des palais royaux. Sur le sujet du Sahara Occidental au Maroc, on oppose la violence au droit international. C’est ce qui s’était passé. L’homme avait passé un coup de téléphone, et les étudiants avaient été arrêtés à l’arrêt du train suivant la vive discussion. Ils avaient été condamnés après un procès très peu régulier à 6 mois de prison ferme.


Pour marquer leurs solidarités les jeunes Aurillacois avaient installé le drapeau de la République Sahraouie à leurs fenêtres. Chose insolite dans cette ville très froide, que le drapeau d’un désert…

Les prisonniers sont maintenant libérés et la question reste chaque jour de savoir si les nombreux courriers et cartes postales avaient été distribués ou confisqués, du fait de l’identité des destinataires.

D’autres amis solidaires envoient ainsi des messages de soutien à ces jeunes gens, enfermés pour leurs opinions et leurs actes en faveur de la libération de leur pays, la dernière colonie d’Afrique, avec toujours l’espoir que le courrier arrivera…

APSO, le 21 mai 2010.


Photos APSO.

lundi 17 mai 2010

L'équipe Sahara Libre au Mondial antiraciste de Zaragoza

Plus de 500 personnes ont participé au deuxième mondial antiraciste de Saragosse le 15 mai.

Dans le tournoi de Basket, l’équipe Sahara Libre, d’un niveau relatif avec le ballon, a cependant reçu tous les encouragements des spectateurs pour leur enthousiasme et bonne humeur.

C’était une équipe motivée et militante, toute au plaisir de partager leurs convictions avec tous les présents, en solidarité avec leur ami Sahraoui Sidi, capitaine de l’équipe pour la journée.

Si l’équipe n’a rien gagné, elle a fait quelques matchs nuls, mais elle a surtout enflammée jusqu’aux organisateurs, la coordination antifachiste de Zaragoza, reseau d’appui aux sans papier de Aragón, Stonewall Aragón, Centro Social Okupado La Vieja Escuela et l’Association Vecinal de la Madalena "Calle y Libertad".

L’équipe Sahara Libre, les nomades d’APSO, voulait avec le plaisir du sport, rappeler aux jeunes que le problème du Sahara Occidental n’est toujours pas résolu, et qu’ils leurs faut se tenir informer.


APSO, le 18 mai 2010

Photo APSO.

dimanche 16 mai 2010

20ème Tour de l’ile d’Elbe, plus qu’une victoire Sahraouie, un symbole…

Salah Eddine Amaidan sportif Sahraoui de haut niveau réfugié politique en France a été déclaré aujourd’hui vainqueur du 20ème Tour de l’Ile D’Elbe. http://www.promosport-italia.com (en tilatien)

La compétition comportait 5 étapes dont la dernière aujourd’hui a été annulée par les organisateurs du fait des intempéries. La série d’épreuve a réuni 396 sportifs, venus de club de différents pays d’Europe.

Toutes les étapes ont été gagnées par Salah Eddine Amaidan, creusant à chaque course son écart avec son poursuivant et premier adversaire Paolo Battelli, pour un écart de 2 min 12 sur l’ensemble de la compétition.

Salah Eddine Amaidan avait couru les distances de montagnes :
Les 4300 m de la première étape en 12 minutes.
La deuxième étape de 11 km, dont plus de 9km en montagne, en 37min03s.
La troisième étape de 8,7 km en 28min13s.
La quatrième étape de 12 km en 36min12’s.

Interviewé ce matin par Télévision Italienne Rai Uno Salah Eddine Amaidan a expliqué son histoire sportive mais aussi la cause de son peuple dont il est l’ambassadeur sportif.
Le Sahara occidental est la dernière colonie d’Afrique, son peuple est séparé par un mur de 2400 kilomètres. Les Sahraouis vivent en exil, en diaspora ou sous une brutale occupation depuis 1975.
Salah Eddine a déclaré qu’il offrait sa victoire « au peuple Sahraoui et tous nos amis en France, Espagne, Italie, l'Argentine et la Grande-Bretagne... »

Salah Eddine avait dédié les victoires des étapes à tous les prisonniers politiques Sahraouis, incarcérés abusivement par les autorités coloniales marocaines, pour leurs opinions ou activités militantes en faveur de l'indépendance du Peuple Sahraoui.
Puis à son père, ancienne grande figure de l’athlétisme Sahraoui, sous la colonisation espagnole puis sous la colonisation Marocaine, et maintenant très malade à El Aaiun occupée. Et enfin à l’Intifada Sahraouie qui malgré les 35 d’occupation et de violence quotidienne des colonisateurs sur les civils, y compris les enfants, les femmes et les anciens, ne faiblit pas, et s’amplifie.

Le classement général des 3 premiers à la fin de la compétition :
1 Amaidan Hmatou Salah AM 01:54:26
2 Battelli Paolo M35 01:56:38
3 Contessi Gianluigi M35 02:00:10

et chez les femmes :
1 Iachemet Francesca F35 02:15:25
2 Magro Eufemia AF 02:18:03
3 Gilardi Daniela F45 02:19:28

La remise des prix a rassemblé plus de 600 personnes, en présence du représentant Sahraoui en Toscane, Abdallahi Mohamed salem à qui l’on avait demandé pour cette occasion particulière de présenter la situation du Sahara Occidental.

Lire les communiqués de chaque étape sur http://apsoinfo.blogspot.com/

APSO, le 15 mai 2010.
      

lundi 10 mai 2010

Le fond et la forme, Sahara Occidental / Maroc

Le 10 Mai est la commémoration de la création du Front POLISARIO, Front de libération Sahraoui contre les colonisateurs. C’est une fête Nationale Sahraouie.

Au Sahara Occidental occupé aujourd’hui par le Maroc depuis 1975, de l’autre côté du mur, les Sahraouis se préparent à poursuivre les festivités commencées hier.

Le Maroc dessine à Dakhla un immense drapeau de 6 000 m2, et déploie des forces sécuritaires en proportion dans les villes du Sahara Occidental en état d’alerte.

Quand le Maroc tente ainsi de se persuader de sa légitimité par des démonstrations grotesques et démesurées, la résistance Sahraouie s’échappe, cascade et rebondie comme l’eau sur les rochers, glisse et s’insinue partout comme le vent et la tempête sur le désert….

Peut être google earth ciblé sur le pays montrerait-il que toutes les pistes laissées par les troupeaux et les caravanes Sahraouies tracent sur le sable les contours d’immenses drapeaux de la République que les Sahraouis reconnaissent malgré toutes les brutalités du monde, la République Sahraouie.

Apso, 10 mai 2010.

dimanche 9 mai 2010

Témoignage de Salek Saidi, au delà de l'horreur, Sahara Occidental occupé

En 2006 Salec avait vingt ans. Il a été brûlé vif par la police Marocaine, dans le commissariat d’El Aaiun au Sahara Occidental occupé, lors d’un mise en scène macabre. Son témoignage est le froid reflet de la distance qu’il doit imposer aux faits pour pouvoir les dire, et pour pouvoir vivre. C’est aussi le reflet de sa souffrance psychologique, de troubles qui laissent les amis impuissants, quand, malgré l’évidence, il dit que tout va bien…

Témoignage de Salek Saidi
Je suis né le 21/05/1986 à El Aaiun, au Sahara Occidental. Je suis citoyen Sahraoui.

Le 28.05.2006, j’étais avec des amis à la fête d’un mariage à El Aaiun. C’était vers 2h du matin.
Des drapeaux de la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique) ont été brandis dans la salle de la fête. Une voiture Prado de la police est arrivée et quelques jeunes ont fui la salle, d’autres sont montés sur la terrasse. Les policiers ont encerclé la maison.
Ils m'ont arrêté. Quand je leur ai dit que j’étais de la famille, ils m'ont laissé partir. Une voiture m’a suivi et une autre s’est arrêtée devant moi. Ils m'ont arrêté de nouveau et nous sommes retournés à la maison où ils ont arrêté mes trois amis qui étaient sur la terrasse. Ils nous ont conduit au commissariat de la rue de Smara. Là nous avons été maltraités et tabassés à notre arrivée et pendant l’enquête. Nous avons ensuite fini la nuit sans natte ni couverture.

Vers 8h30, nous avons été conduit dans les locaux de la police judiciaire, rue 24 Novembre. Ils nous ont mis dans une petite pièce, nous avons trouvé un secrétaire de la police judiciaire et un gardien des forces auxiliaires.
Ce dernier nous a informé que Aziz Anouch allait nous rejoindre pour nous enquêter. Ce policier est connu des Sahraouis pour sa grande brutalité.
Suite à ça, le nommé Mauloud Dayraa est entré dans la petite pièce et nous a crié des insultes, nous a intimidé. Il nous a harcelé. Puis il est sorti et nous a appelé l’un après l’autre et a poursuivi l’enquête en nous frappant et en nous insultant comme au commissariat. Après cette « enquête », nous sommes retournés dans la petite pièce.
Le policier Aziz Anouch et le commissaire Hamid Bahri sont alors venus nous rejoindre.
Aziz Anouch a ordonné à un de mes amis de s'allonger. Hamid Bahri lui a dit « laisse le, ce n est pas encore le moment ». Maulou Dayraa est entré aussi et il a ordonné : « ceux qui portent les jaquettes militaires, enlevez-les ».
C'étaient pour moi et mon ami. Nous les avons enlevées. Nous étions en tee shirt.

Ils sont sortis et ils nous ont laissés dans la petite pièce jusqu’à ce que l’agent de police judiciaire Mauloud Dayraa m’appelle de dehors de la chambre. Quand je me suis sorti vers lui, il était debout et cachait quelque chose dans son dos. Bahri et Anouch étaient debout à ses côtés. Le Gardien des Forces Auxiliaires c’est mis debout pas loin d’eux. Il avait un mis un sceau d’eau devant lui. J’étais étonné vraiment, et je ne savais pas ce qu’ils faisaient comme ça.

Mauloud Dayraa m’a ordonné d'entrer une petite cour juste à côté de notre pièce et tout le monde m'a suivi. En entrant dans la cour Mauloud Dayraa a montré la bouteille pleine de carburant qu’il avait caché derrière son dos et m'a ordonné de m'allonger. Je lui ai demandé « pourquoi faire ». à ce moment Aziz Anouch s’est approché de moi, il m’a donné un coup de ciseau et je me suis tombé. Il m'a allongé et il a enlevé mes chaussures. Mauloud Dayraa, la bouteille toujours à la main, s'est approché de moi. Il a versé de l'essence sur moi de ma ceinture à mon cou. De l’essence est entrée dans mon oreille et j'ai tourné ma tête pour la faire couler, pour quelle sorte.

Mauloud Dayraa disait « tu ne veux pas nous indiquer où sont les drapeaux ! ». Je répondais que je ne savais pas. Anouch était accroupi juste côté de moi et Bahri était à ma droite. Devant moi il y avait Omar Kaissi, le chef de la police judiciaire, des membres des Gus, quelques hommes en civils et le gardien avec le seau.

Aziz Anouch a pris son briquet et il m’a enflammé. Je brûlais. Je me suis levé, terrorisé, j’ai tourné la tête et j’ai vu le feu approcher de mon visage. J’ai commencé à courir en hurlant vers Bahri, et je lui ai pris les mains. Il m’a rejeté fortement et le gardien a jeté le seau d’eau sur moi. J’avais toujours le feu sur moi. J’ai couru en dehors de la cour en enlevant mon tricot. J’ai arraché ma peau qui est venue avec le tissu. Je suis entré dans le bureau où j'ai trouvé le secrétaire. Il a été effrayé de ce qu’il a vu et il est sorti en courant, puis les autres sont tous sortis.
Je suis tombé par terre et j’ai commencé à tourner sur le sol pour éteindre le feu pendant un temps très long.

Un homme avec un téléphone sans fil à la main est entré et il m'a demandé : « qu’est ce que tu as ? ». Je lui ai répondu : « mais tu vois bien, ils m’ont brûlé, appelle moi une ambulance ». Effectivement il a appelé l’ambulance et j’ai été conduit à l’hôpital vers 11h du même matin.
Ils m'ont posé dans une chambre tout seul. Un infirmier Sahraoui est venu m’apporter les premiers soins.
Il a mis sur mon corps un liquide qui a un peu refroidi et il m’a couvert de bandage. Des bandes normales, pas celle pour les brûlures. Il m’a mis une perfusion d’antidouleur. Et les douleurs se sont un peu calmées. Le médecin n’est pas venu.

Les policiers m'avaient laissé sans garde. Des Sahraouis sont entrés dans la chambre. Je leur ai demandé d'informer ma famille que j’étais à l'hôpital. L’un d’eux a pris des photos.
Les photos de moi ont été diffusées sur le champs sur tout les sites web Sahraouis et la police est venu encercler l'hôpital et ma chambre en particulier. Ils ont interdit qui que ce soit de s'approcher de ma chambre.

Vers 17h ma famille est venue me voir et ils lui ont interdit d’entrer dans ma chambre.
Pour protester j’ai enlevé la perfusion et je leur ai dit que je n’étais pas au commissariat et qu’ils ne pouvaient pas interdire à ma famille d’entrer.
Finalement ils les ont laissés entrer, et ils ont appelé l'infirmier pour me refaire la perfusion.

Vers 17h30, ils m’ont conduit à l'aéroport accompagné de mon oncle. À l'aéroport, j'ai trouvé des gendarmes qui ont fait une enquête concernant le fait. On nous a mis dans un hélicoptère. Avec moi il y avait mon oncle, l'infirmier et Bahri Hamid.
J’ai été hospitalisé à Casablanca pendant 28 jours à l’hôpital IBNO ROCHD.
J’étais brûlé au 3ème et 4ème degrés si j’ai bien compris, et je suis resté longtemps dans une chambre stérile. Mon oreille était brûlée et mon visage, mon dos, mes bras.

Mon père a déposé une plainte et il a chargé un avocat du barreau de Marrakech de suivre l’affaire. Depuis ce jour, nous n’avons aucune information, et rien n’est dit.

Le 21.05.2005 j'étais parmi les premiers prisonniers de l’Intifada. Nous faisions des manifestations pacifiques pour revendiquer le respect de notre droit à l’autodétermination et le départ des colonisateurs. J’ai comparu 4 fois devant le tribunal pendant les 32 jours que j’ai passé dans la prison locale de El Aaiun. Ils m’avaient laissé sortir avec un sursis d’un an, parce que j’étais très malade du fait d’une diarrhée aigue, et d’une sérieuse infection au pied parce que j’avais été battu avec un engin rouillé. J’ai toujours des séquelles au pied suite à cela. Après cela j’ai été à plusieurs reprises arrêté, torturé, sujet d’intimidation et de mauvais traitements. J’ai déposé plusieurs plaintes qui sont restées sans suite. Et après il y a eu cette arrestation quand ils m’ont brûlé.

Cela fait bientôt quatre ans.
J’ai toujours des problèmes à mon pied, l’infection revient régulièrement. Mais le plus dur, ce sont les séquelles de la brûlure. J’ai mal encore souvent, ou j’ai des sensations très désagréables.
Et surtout, j’ai peur, j’ai des angoisses, des cauchemars. Je suis très marqué par les cicatrices sur tout mon corps, mon visage, mon cou, mon oreille, ma tête, je ne peux pas les couvrir. C’est affreux pour moi.
Je continue à militer, et la police m’arrête régulièrement pendant les manifestations pacifiques, ou lorsque j’écris des slogans pour l’autodétermination sur les murs d’El Aaiun avec de la peinture. Je porte plainte à chaque fois contre ses arrestations injustes.

Des photos de Salec : http://asvdh.net/img/main.php?g2_itemId=148

APSO et ASVDH. Le 10 mai 2010.


vendredi 7 mai 2010

Du Sahara Occidental au Tour de l’ile d’Elbe en Italie

Salah Eddine Hmatou Amaidan participera aux courses pédestres du 20ème Tour de l’Ile d’Elbe en Italie, du 10 au 16 mai 2010.

Il est attendu comme représentant du peuple Sahraoui en sa qualité d’athlète de haut niveau, et invité par le regroupement d’associations italiennes provinciales de soutien au peuple Sahraoui, coordonnés par l’association Gaibila di Piombino.

Le tour constitue un ensemble d’étapes, de distances, de dénivelés et de difficultés différentes.

Première étape, lundi 10 mai : 5 km de Portoferraio. 
Deuxième étape, mardi 11 mai : 11km de Porto Azzurro 
Troisième étape, mercredi 12 mai : 12 km du Rio nell'Elba 
Quatrième étape, vendredi 14 mai : 8km de Marciana alta 
Cinquième étape, samedi 15 mai : 10,9km de Capoliveri

Le jeudi sera un jour de repos bien nécessaire après les trois premières étapes, allant jusqu’à un dénivelé de 300m.

De nombreux Sahraouis vivant en exil se sont donnés rendez vous pour soutenir Salah Eddine, et  partager avec les amis Italiens l’ambiance de la course.

De retour d’un long stage d’entraînements intensifs en altitude à Font Romeu, pour préparer sa saison, Salah Eddine pense que sa condition physique peut lui permettre de représenter honorablement son peuple, dans cette série d’épreuves sportives difficiles mais intéressantes.

Salah Eddine donnera sur place une conférence sur la cause du peuple Sahraoui, son aspiration à la liberté, sa lutte, mais aussi son courage et le rêve sportif olympique Sahraoui.

Des rencontres avec les associations solidaires italiennes sont prévues autour de leurs grandes inquiétudes concernant les prisonniers politiques Sahraouis, et la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental, mais aussi sur le pillage illégal des ressources naturelles du pays et notamment à travers l’accord de pêche UE/Maroc.

APSO, le 7 mai 2010.

http://www.promosport-italia.com/

voir les résultats des courses sur http://apsoinfo.blogspot.com/

mercredi 5 mai 2010

Depuis les camps Sahraouis, à ceux qui peuvent entendre…

Je ne suis pas le premier à dénoncer ce fait. J'ai d'autant moins de chance de le mettre sur la place publique que je le crie du désert, partageant depuis deux ans la vie de familles du peuple Sahraoui. C'est moins de le crier du Sahara qui pose problème que de l'entendre dans votre désert, pourtant médiatisé ou peut être « parce que » sur- médiatisé….

Pourquoi encore rappeler ces faits qui durent depuis 35 ans.

Cet exode fin 1975 qui confine la moitié d’un  peuple  en 4 principaux camps de réfugiés sur un plateau désertique du Sahara que même les nomades évitaient pour ses conditions extrêmes, alors que l’autre moitié passe de 90 ans de colonisation espagnole à celle du Maroc demeurant ainsi la dernière colonie de toute l’Afrique.

République en exil sur le sol algérien, la RASD (République Arabe Sahraouie Démocratique), reconnue aujourd’hui par plus de 80 pays vit donc depuis 35 années d'assistance en produits de première nécessité, de nourriture en quantité et qualité insuffisante, d'eau calcaire et salée, de soins inappropriés...

Après 16 années de guerre à un contre dix (1975-1991) et 19 années de négociations pacifiques sans aucun recours au moindre acte terroriste, des milliers de personnes vivent à quelques kilomètres du mur le plus long du monde (2700 kms), protégé par l’un des  plus vaste champ de mines au monde.

Ces tristes records ne sont inscrits dans aucun livre, ni dans la mémoire collective.

Alors pourquoi ne pas utiliser la métaphore suivante :

« Un jour, le responsable d’un grand laboratoire proposa de faire une expérience « grandeur nature » avec un échantillon représentatif de 200 000 personnes et ce, pendant au moins trois générations, pour pouvoir en mesurer les effets. Il proposa dans un  protocole scientifique et rigoureux de déporter cette population  dans des conditions climatiques extrêmes, la coupant de ses racines géographiques, culturelles, alimentaires, l’affaiblissant par  un programme de soutien alimentaire durablement carencé. Tout cela pour étudier les limites de la résistance physique et psychologique, les évolutions chroniques, les mutations génétiques…Comme échantillon représentatif de base, on maintiendrait dans son pays d’origine à peu près autant de personnes des mêmes familles qu’il faudrait bien entendu strictement surveiller, quitte à en éliminer un certain nombre. »

Si cette histoire existait, elle soulèverait et mobiliserait l'opinion. Elle serait unanimement condamnée. J’imagine le tollé, la levée de boucliers éthiques, les foudres  et les plaintes que s’attirerait ce laboratoire !

Or, en finalité, cette histoire existe et la situation est bien celle là :

Des familles séparées depuis 35 ans, une génération déportée et déjà en partie morte dans les camps, deux autres nées dans ces camps, de nombreuses affections chroniques liées pour la plupart aux carences et déséquilibres alimentaires (Anémies graves, retards de croissance, diabètes, problèmes de thyroïde, calculs rénaux…). Disparitions forcées au Sahara Occidental (proportionnellement 9 fois plus nombreuses que sous Pinochet au Chili), détentions illégales, tortures…

La seule différence c'est qu'il ne s'agit pas de la proposition d'un laboratoire âpre au gain ou en mal d'expérimentation, mais de quelques pays dont le pragmatisme économique s'accommode d'une situation d'injustice en profitant de tous les recours possibles et des lenteurs permissives.

Le Droit et la Justice international se sont pourtant  prononcés à de multiples reprises pour que se mette en place une solution à la suite d'un référendum d'autodétermination. Depuis 19 ans la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (Minurso) échoue dans sa médiation, faisant d'elle un simple observateur impuissant, n'ayant pas même mandat, contrairement aux autres missions de l'Onu, de superviser l'application des Droits de l'Homme.

La France, en tant que pays membre permanent du conseil de sécurité de l'Onu, a bloqué par son abstention le vote  élargissant le mandat onusien à la surveillance des Droits de l'Homme.  Quels intérêts peuvent guider cette attitude du pays qui se réclame encore comme celui des Droits de l'Homme?

Après l'invasion militaire, le Maroc favorise l'invasion civile et continue de piller les richesses du Sahara Occidental, en toute impunité, dans un silence complice.

En quoi le fait que l’expansionnisme d’un pays et l’intérêt de quelques autres pays influents peut il faire moins réagir que la folie d’un laboratoire ?

Endurer ces conditions que n’accepterait aucun peuple au monde sans violence justifie-t-il la surdité et l’immobilisme international ?

« Qu’avons-nous donc de moins que les espèces animales ou végétales que vous protégez ? » m’a dit une femme Sahraouie.

APSO, le 5 mai 2010. Depuis les camps Sahraouis…