Les témoignages se multiplient, à chaque fois plus affligeants et inquiétants.
Quiconque, homme femme, valide ou handicapé souhaite rendre visite à Aminatou Haidar est interpellé violement.
Aminatou Haidar, rentrée au Sahara Occidental depuis le 18 décembre, après 32 jours de grève de la faim pour que soient respectés ses droits est une citoyenne Sahraouie. Elle vit à El Aaiun, avec sa famille et parmi ses amis.
Depuis son retour, son quartier est sous haute surveillance, forces de sécurité marocaines et policiers en civil quadrillent la zone. Il est interdit d’approcher. Pourtant ses amis souhaitent lui rendre visite, et les citoyens souhaitent lui rendre les honneurs qui lui vouent.
Hier, mercredi, Mr El-Garhi Chrif a été arrété, molesté, et conduit au poste de police. Mr El-Garhi Chrif est un ami d’Aminatou Haidar, ancien détenu politique Sahraoui et défenseur des Droits de l’Homme. Il est aveugle et souffre de nombreuses affections physiques contractées depuis les années 80, lors des années de disparitions forcées dans la caserne Paisi Simi à El-Aaiun, parmi un groupe de Sahraouis, dont Aminatou Haidar. Il voulait saluer son retour… Les autorités marocaines ont exigé de lui qu’il signe le procès verbal de son arrestation, sans lui lire le contenu et sans lui en remettre de copie.
Mmes Ghlana Bent Baija et Maryam Bent Swayeh ont reçu des coups, puis été frappées pour avoir tenté de mettre fin à la bastonnade que recevait Mr El-Garhi Chrif.
Lundi soir, 2 jeunes femmes, Izana Amaidane, Salha Boutenkiza, ont été interpellées, brutalisées, insultées et humiliées alors qu’elles sortaient de chez Aminatou Haidar. Elles ont été conduites au poste de police et longuement interrogées sur leurs liens avec la militante sahraouie, les motivations de leur visite et les informations qui leur auraient été fournies.
Le même soir, deux jeunes filles, Ngya Lahouassi et Hayat Rguibi, ont elles été arrêtées avant de pouvoir entrer chez Aminatou, et de la même façon interrogées.
Le 27 décembre dernier, une jeune femme, Fatma ment Rahal Sbaii, avait été interrogée et torturée. Les policiers voulaient savoir les motifs de sa visite à Aminatou Haidar. Ils voulaient surtout par les coups l’empêcher de dire son attachement à son identité Sahraouie, et sa croyance en l’autodétermination. Elle était rentrée chez elle après trois heures d’interrogatoires, en état de choc, marquée de trace de coup et de gifles.
Le même soir un groupe de jeunes hommes avaient été arrêtés alors qu’ils manifestaient pacifiquement leur joie, et déférés en comparution immédiate.
Il y a eu d‘autres arrestation, d’autres brutalités. Les journalistes internationaux n’ont pu rencontrer Aminatou Haidar…
Et pourtant, pacifiquement et inlassablement depuis 35 ans, les Sahraouis poursuivent leur lutte pour l’autodétermination de leur pays et pour son indépendance, malgré les coups, les menaces et les intimidations.
APSO, le 7 janvier 2010