Affichage des articles dont le libellé est Aminatou Haidar. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Aminatou Haidar. Afficher tous les articles

jeudi 7 janvier 2010

Rendre visite à Aminatou Haidar, à El Aaiun, Sahara Occidental, au risque de sa santé…

Les témoignages se multiplient, à chaque fois plus affligeants et inquiétants.

Quiconque, homme femme, valide ou handicapé souhaite rendre visite à Aminatou Haidar est interpellé violement.

Aminatou Haidar, rentrée au Sahara Occidental depuis le 18 décembre, après 32 jours de grève de la faim pour que soient respectés ses droits est une citoyenne Sahraouie. Elle vit à El Aaiun, avec sa famille et parmi ses amis.

Depuis son retour, son quartier est sous haute surveillance, forces de sécurité marocaines et policiers en civil quadrillent la zone. Il est interdit d’approcher. Pourtant ses amis souhaitent lui rendre visite, et les citoyens souhaitent lui rendre les honneurs qui lui vouent.

Hier, mercredi, Mr El-Garhi Chrif a été arrété, molesté, et conduit au poste de police. Mr El-Garhi Chrif est un ami d’Aminatou Haidar, ancien détenu politique Sahraoui et défenseur des Droits de l’Homme. Il est aveugle et souffre de nombreuses affections physiques contractées depuis les années 80, lors des années de disparitions forcées dans  la caserne Paisi Simi à El-Aaiun, parmi un groupe de Sahraouis, dont Aminatou Haidar. Il voulait saluer son retour… Les autorités marocaines ont exigé de lui qu’il signe le procès verbal de son arrestation, sans lui lire le contenu et sans lui en remettre de copie.

Mmes Ghlana Bent Baija et Maryam Bent Swayeh ont reçu des coups, puis été frappées pour avoir tenté de mettre fin à la bastonnade que recevait Mr El-Garhi Chrif.

Lundi soir, 2 jeunes femmes, Izana Amaidane, Salha Boutenkiza, ont été interpellées, brutalisées, insultées et humiliées alors qu’elles sortaient de chez Aminatou Haidar. Elles ont été conduites au poste de police et longuement interrogées sur leurs liens avec la militante sahraouie, les motivations de leur visite et les informations qui leur auraient été fournies.

Le même soir, deux jeunes filles, Ngya Lahouassi et Hayat Rguibi, ont elles été arrêtées avant de pouvoir entrer chez Aminatou, et de la même façon interrogées.

Le 27 décembre dernier, une jeune femme, Fatma ment Rahal Sbaii, avait été interrogée et torturée. Les policiers voulaient savoir les motifs de sa visite à Aminatou Haidar. Ils voulaient surtout par les coups l’empêcher de dire son attachement à son identité Sahraouie, et sa croyance en l’autodétermination. Elle était rentrée chez elle après trois heures d’interrogatoires, en état de choc, marquée de trace de coup et de gifles.

Le même soir un groupe de jeunes hommes avaient été arrêtés alors qu’ils manifestaient pacifiquement leur joie, et déférés en comparution immédiate.

Il y a eu d‘autres arrestation, d’autres brutalités. Les journalistes internationaux n’ont pu rencontrer Aminatou Haidar…

Et pourtant, pacifiquement et inlassablement depuis 35 ans, les Sahraouis poursuivent leur lutte pour l’autodétermination de leur pays et pour son indépendance, malgré les coups, les menaces et les intimidations.

APSO, le 7 janvier 2010

jeudi 31 décembre 2009

Aminatou Haidar, Sahraouie, et le "rôle" de la France


Après 32 jours de grève de la faim, le Maroc, sous une forte pression internationale, a laissé Aminatou Haidar, défenseure Sahraouie des Droits de l’Homme, rentrer le 18 décembre à El Aaiun, au Sahara Occidental. Depuis, elle est assignée à résidence, dans un quartier quadrillé par la police marocaine où toute visite (même de la presse internationale) lui est interdite.

L’Elysée, a publié un communiqué  au moment de l’arrivée d’Aminatou Haidar au Sahara Occidental. L’ambiguïté des propos laisse supposer une grande méconnaissance de la question ou un grand mépris du droit international. La diplomatie ne serait-elle que démagogie ?

Le président de la République Française est l’invité personnel du roi du Maroc à l’occasion des fêtes de Noël. Sans doute, les conversations tourneront-elles sur la quotidienneté vécue par le peuple sahraoui ou sur les positions prises par l’ONU qui considère la situation du Sahara Occidental comme « la dernière question coloniale en Afrique » ?

Depuis 1991, la Minurso (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental) a sur place pour mission première « l’organisation d’un référendum libre et équitable et en proclamer les résultats ».

Le gouvernement français use d’un double langage en prétendant soutenir les efforts de l’ONU… mais bénéficie des relations d’affaires avec les territoires occupés par le Maroc. En mai dernier, la France s’oppose à ce que la MINURSO soit investie de la surveillance des droits de l’Homme… ce qui n’aurait pas manqué de déplaire à son "grand ami".

Depuis 35 ans, le Maroc refuse que soit organisé un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Le soutien apporté par le Président de la République française au roi du Maroc « d’un royaume d’une large autonomie » va à l’encontre des délibérations des Nations-Unies.

Une politique étrangère constructive ne peut se baser sur un double langage où se jouent à la fois une relation interpersonnelle aux intérêts discutables et des discours de donneur de leçons.

Le Président de la République a-t-il prévu de se rendre dans les camps de réfugiés, sans doute moins confortables que les palais royaux pour favoriser une solution onusienne ? Le communiqué de presse de l’Elysée n’en fait pas état…

APSO, le 31 décembre 2009.

lundi 28 décembre 2009

Etat de siège autour d'Aminatou Haidar dans El Aaiun occupé

Aminatou Haidar, défenseure Sahraouie des Droits de l’Homme est rentrée le 18 décembre 2009 à El Aaiun, au Sahara Occidental après 32 jours de grève de la faim.

Elle avait été arrêtée par les autorités marocaines le 13 novembre à l’aéroport de El Aaiun, à son retour des Etats-Unis après avoir reçu le prix du courage civil de la fondation John Train. Elle avait ensuite été expulsée vers Lanzarote, et débarquée de l’avion, de façon illégale parce que sans titre de transport et contre sa volonté. Elle avait entamé une grève de la faim pour revendiquer ses droits, la restitution de son passeport et le retour chez elle auprès de ses enfants et de sa famille, auprès de son peuple opprimé.

Aminatou symbolise  la lutte Sahraouie pour le respect du droit international à l’autodétermination du peuple Sahraoui. Sa grève de la faim était respectueusement suivie et soutenue par les sahraouis en lutte pour leur identité.

Son retour à El Aaiun est une victoire pour elle et pour les Sahraouis. El Aaiun est au Sahara Occidental, il n’y a pas d’autre version valide, malgré les violents efforts de l’occupant Marocain.

Mais la liesse populaire ne peut s’exprimer sereinement au Sahara occidental.

Les forces de polices sont omniprésentes. Les Sahraouis, femmes hommes, enfants vieillards sont arrêtés arbitrairement, interrogés, frappés et torturés, sous les yeux des médias.

Chacun doit user d’ingéniosité pour pouvoir agiter le drapeau de la république qu’il reconnaît, la République Arabe Sahraouie démocratique en exil dans les campements de réfugiés, dans le désert du Sud Ouest algérien à trente Km environ de la ville de Tindouf.

Les rencontres  entre journalistes et militants des droits de l’homme sont écourtées ou empêchées, dites interdites par les représentants de l’autorité Marocaine qui interviennent jusque dans les habitations Sahraouies.

Par respect pour la sécurité des Sahraouis, plus que par respect d’une règle barbare et non écrite, les journalistes abrègent leurs entretiens. La réalité a démontré et démontre encore que la résistance au nom du droit ou de la raison n’entraînerait que de la violence de la part des représentants de l’autorité marocaine, qui ne s’annoncent et s’avancent qu’en nombre, menace tacite.

Aminatou Haidar est chez elle, assiégée et cernée par les forces de sécurités marocaines. Personne ne passe. Même la presse internationale n’est pas autorisée à l’entendre. Il y a deux jours une jeune femme a été enlevée par des policiers en civils, interrogée longuement et frappée par les autorités marocaines pour avoir tenté de rendre visite à Aminatou.

L’autorité marocaine qui s’impose au Sahara Occidental, vecteur de la démocratie affichée du Royaume, empêche la liberté de la presse internationale, démontre que l’occupation du territoire est brutale, irrespectueuse des droits des citoyens, et du droit international.


35 ans de ce régime n’ont convaincu personne d’un supposé bien fondé de l’appartenance du Sahara Occidental au Maroc, et pourtant la communauté internationale n’agit pas pour le respect du droit international et la protection des Sahraouis.

APSO, le 28 décembre 2009

vendredi 18 décembre 2009

Lettre au MAE Français, Aminatou Haidar, Gap le 10/12/09

A Gap, le 10 décembre 2009
60ème anniversaire de la déclaration universelle 
des droits de l’homme et du citoyen
Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères

A l’occasion du 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, nous, les associations signataires de ce courrier, sommes réunies ce soir pour commémorer cet événement important à partir de la thématique de la situation du Sahara Occidental.

Au nom des valeurs de la France, pays des Droits de l’Homme et de la liberté, nous vous demandons de bien vouloir porter toute votre attention sur Madame Aminatou Haidar, femme Sahraouie défenseure des Droits de l’Homme, actuellement en grève de la faim depuis 25 jours dans l’aéroport de Lanzarote, îles Canaries.

Aminatou Haidar a été expulsée de El Aaiun, Sahara Occidental, le 15 novembre 2009, alors qu’elle revenait des USA où elle avait reçu le prix du Courage civil, de la Fondation John Train. Elle a reçu de nombreuses autres reconnaissances internationales pour le courage de son combat pour le respect des droits de l’homme dans son pays, et pour le respect du droit international du peuple à l’autodétermination sur sa terre et ses ressources.

Elle n’a jamais changé de position malgré tortures, disparition et emprisonnements que les autorités marocaines lui ont fait subir pour ses opinions. 

Depuis 1975, le Sahara Occidental est occupé et administré brutalement par le Maroc. La condition du cessez le feu signée en 1991 sous l’égide de l’ONU était la mise en place du referendum d’autodétermination. Le Maroc défie le droit international depuis 18 ans en refusant de mettre ce référendum en place, et en faisant des proposition intenables qui n’ont pour effet que de maintenir le statut quo de la situation.

200 000 Sahraouis survivent dans des campements de réfugiés dans le sud ouest algérien.

Pendant ce temps les autorités marocaines pillent les ressources naturelles du Sahara Occidental en toute illégalité ( voir H. Corell, avis de 2002 au conseil de sécurité de l’ONU, et conférence de Pretoria en décembre 2008) et organisent violemment le génocide culturel et physique de la population Sahraouie, par l’envoi massif de colons marocains dans les territoires du Sahara Occidental occupé.

La France des droits de l’Homme ne s’illustre pas dans ce dossier en soutenant le Maroc et en bloquant toute avancée visant au respect du peuple Sahraoui.
Nous faisons appel à votre sensibilité d’humain pour soutenir Aminatou Haidar.

Elle revendique de pouvoir rentrer dans son pays, ce qui est un droit international. Sa détermination est à la hauteur de la cause de son peuple.
Elle a affirmé et nous la croyons qu’elle ne céderait pas devant cette injustice et rentrerait dans son pays vivante ou morte.

Les années de détention dans des conditions non dignes de l’humanité lui ont laissé des séquelles, et sa santé est fragile, son entourage et les médecins attestent de pertes de conscience et de vision.

Nous vous demandons de prendre position et de faire pression de toute urgence sur le Maroc pour qu’il restitue son passeport à Aminatou Haidar et lui permette de rentrer dans son pays, auprès de ses enfants et sa famille.


Amnesty international 05, APSO (Amis du Peuple du Sahara Occidental), Mouvement de la Paix 05, Solidarité Maroc 05, les participants de la soirée.

Aminatou est rentrée à El Aaiun, Sahara Occidental occupé

Que s'est-il dit entre la France (l'Espagne) et le Maroc... quels compromis douteux ont ils été faits pour que l'Elysée communique un texte aussi bancale et aussi irrespectueux du droit international. Qu'importe le fond, l'important est de communiquer ? Voir à la fin.  

La France s'est enorgueillie d'avoir agit pour le retour d'Aminatou Haidar chez elle. Et chez elle c’est à El Aaiun, au Sahara Occidental occupé, et non à Laâyoune, au Maroc...

Hors les méandres du texte, il reste que Sahara Occidental est un Territoire Non Autonome, c’est-à-dire en attente de décolonisation, la législation Marocaine ne s'y applique qu'illégalement et par la force. Affirmation erronée donc du Président Français.

Comble du paradoxe, La France soutiendrait la proposition d'autonomie du Maroc, illégale sans le choix de cette option par référendum d'autodétermination du peuple Sahraoui. Référendum conforme au droit international et que doit mettre en place l'ONU. ONU et efforts que soutient la France aussi. La France qui soutient donc l'autodétermination du peuple Sahraoui. Autodétermination qui ne pourra pas exclure l'indépendance, parce l'on ne s'autodétermine pas comme ancien colonisé ... colonisé ou colonisé. Il doit y avoir la case "libre".

Donc la France ne peut soutenir l'autonomie, qui n'est même pas prévue dans la constitution Marocaine... qu'à mentir et s'empiêger... Ce qu'elle a fait.

Ce n'est pas parce que l'on est représentant du pays des droits l'homme que l'on peut changer les règles du jeu pour magouiller avec les copains.

Ci-dessous la réaction du Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique en exil, qui ne trouvera peut-être pas de place dans les médias français s'ils s'alignent sur le cafouillage gouvernemental. Ce qui semblerait paradoxal (?!), mais qui semble pourtant valoir sur la question du Sahara Occidental pour les "grands média" frileux.

Le positionnement de Paris sur la proposition marocaine d’autonomie en porte-à-faux avec la légalité

Bir Lehlu (territoires libérés),18/12/2009 (SPS) 

Le positionnement du Président français, Sarkozy en faveur de la proposition marocaine d’autonomie au Sahara Occidental qu’il colonise depuis 1975, est en porte-à-faux avec la légalité internationale, tout comme la prétention que les lois du Maroc sont applicables au Sahara Occidental, a souligné le Président Sahraoui, Mohamed Abdelaziz, vendredi à Bir Lehlu, dans une déclaration à la presse nationale.

"Il est regrettable de constater que le gouvernement français fasse l’éloge de la « proposition marocaine d’autonomie pour le Sahara Occidental », quand celle-ci n’est qu’une proposition pour légitimer un fait accompli coloniale, et qui bat en brèche le droit et la légalité internationale", a souligné M. Abdelaziz en réaction à un communiqué de l’Elysée qui a "salué la proposition du Royaume (Maroc) d'une large autonomie dans le cadre d'une solution politique sous les auspices des Nations-Unies".

M. Abdelaziz reproche notamment à son homologue français d’avoir "omis" de faire référence à "la proposions de paix faite par le Front POLISARIO" qui est également sur la table de négociations au Nations unies au même titre que la proposition marocaine, sachant que c’est une proposition qui "repose sur le respect de la légalité internationale, et  l’application du droit international, notamment par la mise en œuvre du droit universel et inaliénable de l’autodétermination du peuple sahraoui, consacré par la charte et les résolutions de l’ONU".

" Cette attitude partisane, et de parti pris de l'expansionnisme marocain, qui s’écarte de la neutralité positive, qui sied à un pays membre du conseil de sécurité comme la France,  est déconcertante", a-t-il déploré.

 Par ailleurs, le Président sahraoui a rappelé à Paris que les lois marocaines ne peuvent pas être appliquées au Sahara Occidental contrairement à ce que défend l’Elysée dans son communiqué rendu public jeudi.

"Quant à prétendre que la législation marocaine,  doit prévaloir dans le territoire du Sahara Occidental en attendant que soit réglé le statut définitif du territoire, c’est se situer en porte à faux du droit et de  la légalité internationale", a-t-il averti, en référence à la déclaration de Paris qui reconnait que "la législation marocaine s'applique".

Pour M. Abdelaziz, Il s’agit là d’un positionnement  "inacceptable, voire dangereux", puisque  le Maroc "est une puissance occupante" au Sahara Occidental, et "ne dispose ni de pouvoir  d’administration, ni celui de souveraineté,  au regard du droit international", comme les stipulent  les textes de l’ONU, de la Cour International de Justice l’attestent  et l’Opinion juridique de Hans Corell (2002).

Le Président de la République sahraouie en enfin exprimer le souhait de voir la France "reconsidérer des propos, qui confondent l'opinion Internationale, et contrarient l'œuvre de paix engagée au Sahara  Occidental".

M. Abdelaziz a toutefois salué l’intervention personnelle du président Nicolas Sarkozy auprès des autorités marocaines en faveur de Aminetou Haidar, qui a été "plus que pertinente", puisqu’elle a "contribué à ces efforts visant à  mettre fin à cette situation insoutenable, créée  par ces mêmes autorités".

APSO, SPS

Communiqué de la Présidence de la République Française, Publié le 18-12-09 à 00:23, http://www.elysee.fr/documents/index.php?cat_id=8

Le Président de la République a reçu le mardi 15 décembre 2009 le Ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taïb Fassi Fihri, porteur d’un message de Sa Majesté Mohamed VI, Roi du Maroc.

Lors de cet entretien, qui s’inscrit dans le cadre du partenariat d’exception qui unit les deux pays amis, les principaux dossiers internationaux, africains et régionaux ont été évoqués. S’agissant du Sahara, le Président de la République a salué la proposition du Royaume d’une large autonomie dans le cadre d’une solution politique sous les auspices des Nations-Unies. En l'attente de cette solution, la législation marocaine s’applique.

Dans ce contexte, le Président de la République a exprimé le vœu que le Royaume du Maroc puisse, dans sa tradition d’ouverture et de générosité, faire remettre à Madame Aminatou Haidar son passeport marocain à son arrivée sur le territoire du Royaume.

Comme suite à cet entretien, Sa Majesté Mohamed VI a informé le Président Sarkozy, par message, le 17 décembre 2009, de l’accord  de l’Etat marocain. Dans ces conditions, Madame Aminatou Haidar peut regagner le Maroc.

Aminatou, Saharaouie, 31ème jour de grève de la faim

Aminatou Haïdar. Présidente du collectif des défenseurs Sahraouis des droits de l’homme : « Je suis à mon trentième jour, le cœur, les reins… peuvent lâcher à tout moment »

Son corps décharné, maltraité par les tortionnaires de Sa Majesté, labouré par un mois de grève, est en passe de la lâcher. Une question de jours, d’heures. Sa grève se poursuit, dans le parking d’autobus de l’aéroport de Lanzarote, dans l’archipel des îles Canaries, dans le brouhaha médiatique, dans le silence complice des grandes puissances. Cela ne semble pas trop la perturber. Sa pensée va d’abord à son peuple, à ses deux enfants, Mohamed et Hayet.

C’est sa deuxième grève de la faim après celle de 2005. Une première grève, observée avec d’autres militants Sahraouis, dans la sinistre prison « noire » de El Aaiun, qui a duré 52 jours. Aminatou Haïdar nous livre, dans cet entretien, ses impressions, sa version des faits. Son appel à la communauté internationale… Une petite voix. La voix d’une « juste » dont l’écho résonne encore aux quatre coins du globe.

Dans cette interview à El Watan, Aminatou Haïdar parle de son peuple. De ses souffrances. Elle parle du droit inaliénable de son peuple à l’autodétermination. Un droit bafoué, ignoré de la communauté internationale. Celle qui est surnommée la « Gandhi Sahraouie » s’oublie, s’efface devant les drames vécus par les siens. Son peuple, contraint à l’exil, à la survie dans les camps de réfugiés, à hanter, comme elle, les patibulaires prisons marocaines ou les halls feutrés des aéroports occidentaux. Pourtant, elle a une histoire de souffrance, tout comme les milliers de Sahraouis. Un mental de fer. Une détermination à toute épreuve qui force l’admiration.

-  Tout d’abord, comment se porte la Gandhi Sahraouie ?

J’ai un tas d’ennuis de santé. J’ai un ulcère qui ne me facilite pas la tâche. J’ai tout le temps des nausées. Je ressens une grande faiblesse. Il m’est ainsi impossible de me mettre debout toute seule. J’ai aussi une hernie discale… mais qu’à cela ne tienne : je garde malgré tout un très bon moral. Cela m’aide à résister. Pour les jours à venir, je ne réponds de rien. Si je me porte plus ou moins bien maintenant, dans un quart d’heure, je ne saurais dans quel état je serai… A ce stade de la grève, j’en suis à mon trentième jour, le cœur, les reins… peuvent lâcher à n’importe quel moment. J’espère que non…

-  Nous l’espérons tous… Depuis le début de votre grève, les grandes puissances, les pays de l’UE, les Etats-Unis notamment, gardent un silence complice. Elles ne semblent pas prêtes à exercer une pression sur le Maroc et l’Espagne, pour les amener à trouver une solution à votre situation. Hier encore (lundi, ndlr), la rencontre Moratinos-Clinton n’a pas donné lieu, tel qu’espéré, au dénouement tant attendu. Dans le communiqué final ayant sanctionné cette rencontre, il est dit que l’Administration Obama et le gouvernement Zapatero « allaient travailler de concert pour amener Aminatou Haïdar à arrêter sa grève ». Une telle réaction vous déçoit-elle ? Ou était-elle prévisible ?

Moi, je l’ai senti, vécu dès le départ. Les pressions qui, normalement, devraient être exercées sur le Maroc, ces puissances me les font subir à moi. Je prends cela comme un test. Je suis et reste déterminée. Ma résolution est ferme. Je m’en rends compte depuis que j’ai entamé cette grève, en Espagne, un pays des droits de l’homme, de la prééminence des intérêts économiques. Ces derniers sont décidément supérieurs aux idéaux sacrés des droits de l’homme. De toutes les façons, j’ai une confiance totale en la solidarité internationale. Je reste donc persuadée que la mobilisation des sociétés civiles à travers le monde donnera certainement de bons résultats.

-  Vous disiez que le Maroc voudrait vous voir disparaître à jamais…

Oui, certainement. Aucun doute là-dessus. Le Maroc veut ma mort. C’est ce qu’il veut. C’est sa gloire. L’entêtement du Maroc, sa fuite en avant ne peuvent être interprétés autrement. Il n’en est pas, à vrai dire, à son premier forfait du genre. En 2005, avec et 6 activistes connus des droits de l’homme et 30 autres détenus politiques, avons observé une longue grève de la faim à la prison Noire. Après 52 jours de grève, nous étions persuadés que le Maroc ne voulait qu’une chose : nous pousser au suicide collectif. Nous n’avons mis fin à notre mouvement que suite aux appels des associations et organisations de défense de droits l’homme, les associations marocaines y compris, qui nous exhortaient d’arrêter et de préserver, dans l’intérêt du peuple Sahraoui, la vie de ses activités des droits de l’homme.

-  Vous invitiez, il y a quelques jours, la communauté internationale à ne pas rester impassible ou à camper dans le rôle de spectateur. Vous avez appelé la communauté internationale à faire pression sur le Maroc, à ce que des garanties soient données par ce dernier qu’il allait organiser un référendum pour l’autodétermination du peuple Sahraoui, conformément aux résolutions des Nations unies…

Ce qui est en train de se passer ici, à l’aéroport de Lanzarote, n’est qu’un vague aperçu de la situation dramatique, alarmante qui prévaut dans les territoires occupés au Sahara Occidental. Cela reflète la situation de tout un peuple divisé en deux parties. Une partie qui vit sous le joug de l’occupation, l’autre qui vit des conditions difficiles dans les camps, à Tindouf. Des réfugiés qui survivent grâce à l’aide humanitaire internationale. Je trouve que le silence de la communauté internationale est allé au-delà de toutes les limites. Le peuple Sahraoui ne peut plus le supporter. La communauté internationale ne doit pas rester indéfiniment, impassible, les mains croisées, spectatrice, devant une situation de viol caractérisé du droit international. Je pense qu’il est temps que la communauté internationale assume sa responsabilité quant au respect du droit international dans le cas de la cause Sahraouie. Une cause de décolonisation. Toutes les violations commises par le Maroc renvoient en réalité au déni d’un droit fondamental, le droit à l’autodétermination. Pour mettre fin à cette souffrance, la souffrance de tout un peuple, il faudrait que les Sahraouis aient ce droit. Un droit inaliénable qu’ils doivent pouvoir exercer à travers un référendum libre et juste. Et que le peuple Sahraoui décide enfin, lui-même, de l’avenir qu’il veut avoir.

-  Le droit de retourner dans votre pays que vous revendiquez, tout comme le droit à l’autodétermination du peuple Sahraoui ne sont pas indissociables ni étrangers l’un à l’autre… Le gouvernement marocain, pour justifier du retrait de votre passeport, prétexte le fait que vous ayez renié votre « nationalité marocaine ». Avez-vous, un jour, été marocaine ?

Le Maroc excelle dans l’art de la diversion. Il fuit constamment la réalité, nie le droit international. Le Sahara Occidental est un territoire non autonome. Nous, comme peuple, nous n’avons pas encore décidé du destin qu’on voudrait avoir. La fiche de débarquement, telle que je l’ai remplie le 13 novembre dernier à l’aéroport de El Aaiun, ne diffère en rien de toutes les fois précédentes. La case « nationalité », je la laisse creuse, vide. Pour ce qui est de l’adresse, je mettais toujours : El Aaiun, Sahara Occidental. Visiblement, après le discours royal (discours du trône, le 6 novembre), les choses prennent une autre tournure. A ce propos, relevons les nombreuses contradictions contenues dans l’attitude marocaine. Le Maroc accepte, à El Aaiun, la mission de la Minurso sous le titre de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental. Le Maroc reçoit toutes les résolutions du Conseil de sécurité, les rapports des Nations unies, sous ce titre. Il en est de même pour les rapports d’Amnesty International, Humans Rights Watch, etc. Comme gouvernement, le Maroc est à la table des négociations avec le Polisario, sous ce titre également… Je pense que c’est juste un prétexte pour nous faire taire, pour réduire au silence les voix libres, les voix discordantes du Sahara Occidental. Le gouvernement marocain se trompe car il ne pourra jamais faire taire les activistes des droits de l’homme qui deviennent encore plus forts dans les situations de répression.

-  Le gouvernement marocain parle d’une machination, d’un complot ourdi par le Polisario et l’Algérie. Qu’en pensez-vous ?

Pour camoufler ses crimes, le Maroc s’est toujours défaussé de cette manière. S’il existe un complot, il ne peut être que maroco-espagnol. L’Espagne a accepté mon expulsion de El Aaiun, alors que celle-ci est illégale et contraire au Pacte des droits civils et politiques des Nations unies, en l’occurrence contraire à l’article 12. Pour nous, les Sahraouis, le 14 novembre est plus qu’une simple date. Le 14 novembre 1975 se tenait à Madrid la tripartite où le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie se sont entendus sur le partage des territoires Sahraouis. Le 14 novembre 2009, nous avons eu une bipartite Maroc-Espagne. Le Maroc a toujours cultivé le déni du problème Sahraoui.

Les Marocains ont toujours dit que c’est une création algérienne, que les Sahraouis qui sont sous son administration sont « pour la marocanité du Sahara ». Or, notre génération à nous démontre, chaque jour, le contraire. Maintenant, ils ne savent plus de quoi nous accuser : nous sommes tantôt des agents de l’Algérie, tantôt des agents du Polisario. Je pense que ce discours est distillé d’abord au peuple marocain, peuple maintenu volontairement dans la peur et la crainte d’aborder ce sujet tabou ; l’élite marocaine n’ose même pas en parler. Ces allégations, ces accusations sont infondées. Je profite l’occasion pour saluer les efforts du peuple et du gouvernement algériens qui tendent à faire triompher la cause Sahraouie. Pour le soutien inconditionnel, illimité qui nous apportent. Un soutien politique, humanitaire… j’ai dit presque la même chose lors de mon interrogatoire à El Aaiun. Orgueilleuse, je ne peux qu’être fière de ce que je suis, une Sahraouie, qui plus est fière que mon peuple se prévaut de sentir à ses côtés son grand allié, l’Algérie.

-  La presse internationale vous compare à Gandhi…

(Rires) J’espère pouvoir soutenir la comparaison !

-  Vous avez, à ce titre, toujours adopté des moyens de lutte pacifique. Dans la situation de blocage actuelle dans laquelle se retrouve le processus onusien pour l’autodétermination, comprendriez-vous que le Front Polisario recourre, de nouveau et dans un cas extrême, aux armes ?

Pour moi, comme vous l’avez signalé, j’ai choisi, comme d’autres militants des droits de l’homme, la voie pacifique, la lutte non violente. C’est ma conviction. Une question de principe. Je n’espère pas que le Front Polisario reprenne les armes, parce que la guerre n’arrange ni les intérêts du peuple Sahraoui ni ceux du peuple marocain. Le peuple marocain en est aussi victime. Ceci dit, la décision définitive de recourir ou pas aux armes revient au Front Polisario, le seul et unique représentant légitime du peuple Sahraoui. Moi je lance un appel à la communauté internationale pour trouver, de toute urgence, une solution pour mettre fin à ce conflit et pour ne pas pousser le Front Polisario à reprendre la lutte armée.

-  Un appel à lancer à l’Algérie …

L’es Algériens nous soutiennent déjà. Ils le font depuis toujours car ils sont nos frères. Ils savent la place qu’ils occupent auprès de nous. Je voudrais toutefois lancer un appel à l’Algérie pour qu’elle intensifie, accentue les efforts pour accélérer le processus de paix. Le Conseil de sécurité tergiverse et nous tous savons que c’est la France qui est derrière les blocages répétitifs. L’Algérie a, dans ce contexte, une carte à jouer. Une carte importante, une carte primordiale. La France doit être amenée à respecter la légalité internationale.

Sources : El Watan, 16 décembre 2009, Mohand Aziri, APSO

Le Maroc interdit à Aminatou Haidar de rentrer au Sahara

Le Maroc a interdit ce soir vendredi, à la militante pro-Polisario Aminatou Haidar de rentrer au Sahara Occidental par avion, après lui en avoir donné dans un premier temps l'autorisation, a indiqué à l'AFP le ministère espagnol des Affaires étrangères.

"Le gouvernement espagnol a demandé dans l'après-midi un permis de survol et d'atterrissage" pour un avion qui devait reconduire Mme Haidar au Sahara occidental depuis l'aéroport de Lanzarote (Canaries), a indiqué une source de ce ministère.

"Le Maroc a concédé ce permis ainsi qu'un sauf conduit" pour Mme Haidar, "mais il a retiré son autorisation peu avant le décollage", a ajouté cette source.

Une députée socialiste espagnole, Delia Blanco, qui avait pris place à bord de l'avion devant ramener la militante sahraouie au Sahara occidental, avait juste auparavant fourni la même version des faits à la chaîne d'information espagnole CNN+.

Mme Haidar a entamé une grève de la faim le 15 novembre à l'aéroport de Lanzarote, après avoir été expulsée du Sahara occidental par les autorités marocaines qui lui ont retiré son passeport marocain avant de l'expulser.

Elle avait mis fin à sa grève de la faim juste avant l'annonce de son départ imminent, avait indiqué à l'AFP une source policière à l'aéroport de Lanzarote.

Les informations en provenance de El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental font état d'une grande tension et grande confusion dans la population.

Les Sahraouis attendent le retour de leur porte-parole et entendent fêter son retour à la hauteur de son courage.

La volte-face du gouvernement Marocain est incompréhensible ou pour le moins incohérente, sauf à y voir le reflet des méthodes inhumaines du pouvoir colonisateur, en pratique quotidienne à El Aaiun et dans les territoires à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme et des partisans du respect du droit international à l'autodétermination.

Une nouvelle forme de torture psychologique, contre une femme très fragilisée dans son corps, mais inébranlable dans sa conviction.

Source AFP, adaptation APSO. Le 4 décembre 2009.

Aminatou Haidar, expulsion, illégale, grève de la faim

Mm Aminatou Haidar, arrêtée vendredi 13 novembre à son arrivée à l’aéroport d’El Aaiun, au Sahara Occidental a été expulsée le lendemain par les autorités Marocaines, vers Lanzarote, îles Canaries, l’empêchant ainsi de rejoindre ses enfants, sa famille et les nombreux amis qui l’attendaient pour fêter la récompense internationale de son combat pour l’indépendance de son pays, le prix du Courage Civil de la fondation John Train.

Elle a subi de longues heures d’un interrogatoire harcelant s’apparentant à de la torture psychologique, visant à lui faire reconnaître la Marocanité du Sahara Occidental.

Les interrogatoires/pressions mêlés de méchante ironie se sont succédés de vendredi 13h à 3h du matin pour reprendre à 8 jusqu’à ce qu’on l’informe d’un départ sans lui préciser la destination à 10h 45. Elle a été continuellement filmée, et photographiée au flash, sans égard pour ses protestations de douleurs oculaires. Les 4 années de disparition forcée, les tortures et l’absence de soin lui ont laissé des séquelles importantes d’hypersensibilité.

Les autorités marocaines lui ont confisqué son passeport ainsi que son téléphone. C’est donc sans titre de transport qu’elle a été expulsée vers Lanzarote, la privant ainsi de la possibilité de voyager.

L’expulsion est intervenue sans l’accord préalable de l’Espagne, contrairement au droit international et mettant ainsi le gouvernement espagnol dans la position ambiguë habituelle.

Alors qu’elle refusait de descendre de l’avion à Lanzarote, demandant à repartir pour El Aaiun, et protestant ainsi contre cette atteinte au droit humanitaire international, la garde civile espagnole est intervenue pour le conduire à l’intérieur de l’aéroport.

Les autorités lui ont successivement promis de retourner à El Aaiun dans le prochain vol même sans passeport, puis l’ont informée qu’il n’y avait plus de place pour elle, confirmant leur complicité avec le royaume Marocain.

Aminatou a annoncé dans l’aéroport son souhait de manifester sa protestation par une grève de la faim illimitée, malgré la fragilité de sa santé.

La grève de la faim est hélas le dernier moyen restant trop souvent aux Sahraouis pour alerter le monde contre les injustices dont ils sont quotidiennement l’objet de la part de l’occupant marocain, en « liberté » surveillée dans le territoire ou incarcérés pour opinion politique.

Mm Aminatou Haidar est actuellement à Grande Canarie, où elle est entourée notamment de militants de la cause sahraouie, et de juristes aptes à la conseiller sur sa situation administrative du fait de la confiscation de son titre de voyage.

Le 16 novembre 2009