Petites remarques
Alors que les manifestations populaires Iraniennes sont abondamment médiatisées en France, celles qui agitent tous les jours le Sahara occidental ne recueillent que coupable silence.
L’Intifada Iranienne, pacifique et durement réprimée depuis 6 mois a pris depuis une semaine une teinte violente. Gouvernement et peuple se déchirent, la violence éclate contre les mobiliers urbains, les biens privés et les civils. Les médias Français en font état quotidiennement, ils photographient, filment, écrivent…
L’Intifada Sahraouie est longue de bientôt 35 ans de résistance pacifique. Aujourd’hui encore et malgré les graves violations de tous les droits des Sahraouis par l’Etat Marocain au Sahara Occidental occupé ou dans la zone non contestée située juste au nord du territoire, les manifestants n’usent ni d’arme à feu ni d’armes blanches. Les bâtiments publics ne brûlent pas, et les colons Marocains ne sont pas agressés.
Alors que les manifestants Sahraouis n’ont pas le droit de filmer et sont frappés et emprisonnés pour cela, alors que la presse internationale n’a pas l’autorisation de rapporter ce qui se passe, qui s’indigne, qui relate et explique ? Qui a la conscience professionnelle en France de dire tous les jours que les droits de l’homme ne sont pas respectés au Sahara Occidental ? Que les richesses naturelles du territoire, propriétés légitimes du peuple selon le droit international, sont pillées, et que nous consommons, en France, ces produits volés à un peuple occupé ?
Qui dans la presse dénonce la France en mai 2009, quand elle s’oppose à ce que la MINURSO, mission de l’ONU chargée de la surveillance de la mise en place du referendum d’autodétermination des Sahraouis, soit chargée de l’observation des atteintes aux droits de l’homme au Sahara Occidental occupé ? Qui a la conscience de ne pas s’aligner sur les disfonctionnements de l’Etat ?
Quelle est la dimension variable des Droits de l’Homme dans la conception française qui autorise de tels écarts dans la diffusion de l’information ? Faut-il qu’il y ait du sang, du feu et des morts violentes pour que l’humanité s’informe de sa vilenie ?
Et pourtant, le Timor Oriental, dont la problématique était la même que celle du Sahara Occidental a reçu le soutien du monde et l’écho de la presse, jusqu’à la mise en place de l’autodétermination et de l’indépendance. Dans la question du Sahara Occidental, il est question paradoxalement pour la France d’aider la monarchie, puissance occupante, le « jeune » roi, son représentant … Quelque chose ne va pas quand la presse s’aligne sur les ratés du gouvernement.
APSO, 3 Janvier 2010