C’est un engrenage aberrant qui risque de saboter un élan de solidarité d’une jeunesse que l’on préfère stigmatiser.
Un article dans le Progrès de Lyon, très mal documenté et comportant de grossières erreurs est à l’origine d’une intervention politique intrusive et sans aucun respect pour les jeunes et leurs familles.
8 jeunes filles des Pentes de la croix rousse, à Lyon, faisaient des « chantiers » pour financer des projets. Ce dispositif est destiné à aider les jeunes dont les familles sont en difficulté. Le partenaire est alors le centre social Grand’côte, qui défend les valeurs de l’éducation populaire, de la solidarité, du respect de la dignité humaine…
Avec l’argent qu’elles « gagnaient », les jeunes filles ont décidé d’orienter leurs actions vers la solidarité, à l’aide d’autres plus démunies qu’elles.
Interpellées par ce qu’elles avaient entendu lors d’une conférence et une exposition sur les Sahraouis réfugiés, elles ont voulu agir avec l’admirable sincérité d’engagement de la jeunesse.
L’histoire est devenu un projet d’aller partager une semaine avec les jeunes réfugiés de la willaya de El Aaiun, près de Tindouf, dans le sud ouest algérien. Elles voulaient voir sur place les écoles et les collèges, connaître la vie, les rêves et difficultés de ces jeunes réfugiés. Ce que l’on appelle aussi un échange culturel, sportif et solidaire.
Elles avaient prévu d’être utile et d’aider à repeindre une classe d’une école primaire, de se joindre aux quelques 600 participants attendus dans les campements pour le Sahara marathon le 22 février, et représenter la France.
C’est une aventure dont les familles soutenaient toutes les initiatives.
Et c’est même avec beaucoup de réalisme qu’après avoir construit et écrit leur projet, les jeunes filles ont fait le parcours impressionnant des demandes de soutien financier auprès de différentes institutions, le Prodij de la ville de Lyon, Envie d’agir de jeunesse et sport, l’aide aux projets citoyens de la région Rhône alpes. Partout elles ont reçu un accueil favorable et des soutiens financiers.
L’article paru peu de temps avant la dernière réunion de préparation, celle des visas et autres détails administratifs a déclenché le sabotage.
Le journaliste ne fait pas de différence entre la zone des campements de réfugiés et le Sahara Occidental. Il ne sait pas la différence entre ces villes portant le même nom des deux côtés du mur de 2700 kilomètres, bordé du plus grand champ de mines qui coupe le Sahara Occidental en deux.
Il ne sait pas que le Pays, territoire non autonome selon l’ONU s’appelle le Sahara Occidental et ses habitants les Sahraouis.
Il ne sait pas que les jeunes filles veulent partir dans les campements de réfugiés en Algérie, où ONG, individus solidaires, vont et viennent sans cesse en toute sécurité.
Le Préfet de Lyon ou ses services sont tout aussi ignorants, puisque le préfet s’est autorisé à contacter le bureau du centre social, qui oublieux de ces valeurs politiques et son devoir de s’informer, a demandé la suspension du projet pour des raisons de sécurité, ingérence autoritaire, ignorante et de mauvaise foi !
Voilà ce que devient la solidarité quand des jeunes filles dites « de quartier » s’élèvent en connaissance et valeur au-dessus des censés bien-pensants…
APSO, le 17 Janvier 2010