Il se passe quelque chose au Sahara Occidental.
Quelque
chose qui gonfle doucement dans le silence habituel des médias de chez nous.
Le conseil
de sécurité a refusé à la mission de l’ONU de surveiller la sécurité des
Sahraouis dans leur pays occupé. La Minurso qui doit organiser le référendum au
Sahara Occidental, malgré tous les appels d’ONG et même de gouvernements, ne
sert donc à rien.
La démonstration
est faite que le Maroc l’a phagocytée et totalement affaiblie dans la partie
que le royaume occupe. Les Sahraouis semblent l’avoir compris.
Le jour
suivant la décision de l’ONU, ils ont manifesté en comité de la taille
habituelle - moins d’une centaine de militants - pour protester contre la
décision, et le Maroc a agit avec son arrogance habituelle en cognant sur les Sahraouies
et Sahraouis. Résultat une quarantaine de blessés.Le régime
marocain a parié comme d’habitude sur l’efficacité de la frayeur populaire des
sahraouis d’être torturés ou assassinés, crainte distillée patiemment et avec
persévérance depuis l’invasion militaire du territoire en 1975 par des actes de
ce niveau de barbarie sur tous, y compris femme et enfants.
Suite à
cette manifestation, la presse du royaume a publié des communiqués disant que
des policiers avaient été blessés, seulement des policiers. La méthode
habituelle, elle aussi, de la propagande marocaine, crier qu’on est victime quand on vient de frapper. Avec
quelques clés de lecture, les choses se simplifient, et jusque là rien de
nouveau.
Mais dans
le désert il y a des grains de sable et parfois ils viennent gripper la
machine.
Quel est le
plus important des paramètres, et quels sont ceux qu’on ne sait pas
encore ? Est-ce important finalement…
Les USA
ont soutenu l’importance de la surveillance des droits de l’homme, et, le jeu
vicieux de la France, de l’Espagne et d’autres ont empêché le passage à l’acte…
Le Maroc a
cogné, et, la France a eu une petite phrase pour soutenir le droit de
manifester pacifiquement.
Les Sahraouis ont manifesté, beaucoup ont été blessés, et, ils ont recommencé le
lendemain plus nombreux, et le surlendemain plus encore.
A regarder
les vidéos de la manifestation du 4 mai, il semble que la peur n’opère plus…
parce qu’ils étaient ... 100 selon la police et 10 000 selon la lune si l’on
calcule comme en France ? 5000 peut être en fait.
Et
pourtant les Sahraouis ont tous vu arriver la nuit comme le jour les convois de policiers marocains, avec pour chacun 15 ou 16
bus d’une vingtaine de place et 2 camions, les convois de jeep et
camions militaires aussi.
Alors ?
Il se passe quelque chose au Sahara Occidental occupé.
Peut être
la répression vengeresse sera-t-elle dans quelques mois sans commune perversité
de la part du Maroc.
Ou peut
être que les choses sont consommées, consumées et assumées. La machine est
lancée, l’autocensure n’est plus de mise chez les Sahraouis.
Le Maroc
crie au loup, les méchants civils sahraouis blesseraient ses vaillants
militaires et policiers chargés de défendre l’œuvre colonisatrice…
Mais ce
que l’on voit sur les vidéos qui se multiplient sur internet ce sont des Sahraouis qui crient qui chantent, qui sautent et dansent, qui défilent avec
les drapeaux de la république qu’ils considèrent comme la leur, et réclament
leur indépendance. Ces hommes et femmes sont sur la route, sur les trottoirs et
sur les places de Elaaiun et des autres villes sahraouies occupées.
Ils
entravent la circulation - autorisée à 30km à l’heure pour qui n’a pas les
moyens des bakchichs -, avec bien moins d’efficacité que les barrages de police
qui coupent les boulevards tous les 500 mètres… C’est l’excuse qui justifient
les charges de police, l‘entrave à la circulation, et le désordre public.
On voit
aussi les charges des policiers marocains, et leurs replis en formation de
défense derrière leurs boucliers. Il est bien possible qu’ils se demandent ce
qu’ils font là ces tout jeunes marocains, quand les jeunes Sahraouis s’interposent ou forment des cordons de sécurité autour ou devant eux pour les
protéger.
A y
réfléchir, lorsque l’on regarde à Smara une petite unité de policiers marocains
collés les uns aux autres et accrochés à leurs boucliers, comme effrayés par
l’enthousiasme et la coriacité populaire sahraouie en attendant l’arrivée des
renforts ; et que l’on trouve aussi
des vidéos des manifestations des jeunes marocains au Maroc les mêmes jours… peut
être ces jeunes policiers et militaires devraient-ils remonter sur leurs terres
s’occuper de leur révolution, et laisser aux anciens et aux gradés le soin de
se débrouiller de la situation explosive qu’ils ont créée au Sahara, et pour
laquelle il n’y a plus de soupape de sécurité.
APSO, le 7 mai 2013