mardi 25 décembre 2012

Les sahraouis en exil seront à Paris pour lancer la dynamique européenne


Samedi, dimanche 29 et 30 décembre 2012, les associations de Sahraouis en Europe se réunissent dans la banlieue de Paris en France pour dresser un état des lieux de leurs activités militantes dans leurs pays d'exil respectifs, pour présenter le peuple sahraoui, ses atouts et particularités.

Différents ateliers de formation pour les associations et organisations sahraouies sont prévu par le coordinateur.
Les thèmes en discussion seront : l'organisation interne des relations entre les associations sahraouies ; l'actualité des territoires occupés, du sud du Maroc et des universités marocaines ; les jeunes et les étudiants sahraouis ;  la communication et les manifestations ; l'organisation d'événements, commémoration de l'histoire, fêtes culturelles, compétitions sportives ; les communications et les informations pour les familles sahraouies dans les campements et en territoires occupés.

Cette réunion est une première. Les nombreux Sahraouis exilés en Europe et notamment les jeunes sont à l'origine de cette nouvelle dynamique.

La première journée - samedi - sera consacrée à un travail à huis clos.
Les travaux du dimanche seront publics et ouverts aux amis solidaires, aux sympathisants et aux journalistes à partir de 10h.
La clôture de la journée autour du thé est prévue vers 18h.

APSO, le 25 décembre 2012

dimanche 9 décembre 2012

Le quatrième thé de Tfarah


Juste au dessus de sa tente, symboliquement, le soleil rendait les armes. A distance je commençais les salutations d'usage. De l’intérieur, sa voix répondit aussitôt, nuancée d'une intonation signifiant qu'elle m'avait reconnu.
Sans lui avoir jamais serré ou effleuré la main, nous nous saluâmes avec cette réserve complice qui valait toutes les embrassades.
Il est des êtres dont la capacité de retenue suggère bien plus que toutes les formes d’expression. Tfarah est de ceux là.
Je l’ai trouvée amaigrie. L’opération une fois de plus était reportée, ses résultats d’examens n’étant pas bons. 

Premier enfant perdu. Santé perdue. Travail perdu. Pays perdu. Tfarah a tout perdu. Tout ce qui représentait l’avenir, elle l’a un court instant bercé, soigné, enseigné, visité,…, si peu mais si intensément espéré.
Seule dans sa tente où sont juste empilés quelques couvertures et quelques livres, elle attend, malade, le retour de son mari, travaillant toute la semaine dans un autre camp. Elle s’excuse et sort quelques minutes pour préparer les braises pour le thé, ramener quelques dattes et une petite cruche de gouffia, un peu de farine de maïs difficilement diluée dans l’eau.
Elle s’intéresse à ma famille et à mes amis, demande des nouvelles de chacun, reprend la conversation où nous l’avions laissée, il y a quelques mois lors de ma dernière visite, s’excuse de n’avoir pas plus progressé en Français, faute de pratique.

Je n’ai jamais vu plaidoyer plus convaincant que cet oubli de soi, que son absence de revendication, que cette attitude totalement tournée vers le bien être des autres. Cette absence de plainte, cette sérénité des justes emplissait l’espace de cette grande tente vide, puis faisait peu à peu place au silence assourdissant des innocents oubliés dans les camps de l’exil, d’un peuple encore colonisé, à l’injustice d’emprisonnements sans jugement dans les geôles d’un roi prédateur.
Sans un seul mot, la réalité se matérialisait dans l’attitude de cette jeune femme digne à qui on avait tout enlevé. Une réalité évidente et accusatrice qui citait tout un peuple à témoin.
 Jamais le pillage des ressources du Sahara Occidental ne m’est apparu aussi clairement que dans le dénuement de la tente de Tfarah, que dans les pertes successives qui prenaient peu à peu sa vie.
Imaginer un roi premier banquier, premier entrepreneur en bâtiments, dominant l’agro-alimentaire et la grande distribution, l’immobilier, l’énergie et la communication de son pays, s’adjugeant le Droit d’emprisonner ou de libérer selon son libre arbitre,  quintuplant en douze ans sa fortune personnelle, soutenu par la bienveillance douteuse de la France, de l’Espagne, des Etats-Unis et d’Israël, envers et contre les résolutions d’une ONU rendue impuissante par ses règles et de la Cour Internationale de Justice (reconnaissant entre autres l’application de la Résolution 1514 de Décolonisation du Sahara Occidental), imaginer ce hold-up et ses complicités devenait chose possible dans cette tente vide.

Il fallait ce niveau de dépouillement pour oser penser et imaginer le niveau d’injustice vécue par cette jeune femme née dans les camps pour y faire le deuil d’une vie normale. Comme il faut l’isolement en cellule ou des conditions inhumaines partagées par Naâma et ses compagnons depuis plus de deux ans pour imaginer et dénoncer, au-delà du vol des biens, celui du plus grand des biens, le vol de liberté.
La voix calme de Tfarah accueillait le silence et le froid de  la nuit tombante, venus partager le thé. Elle mettait tout son art à tout juste maintenir les braises permettant de prolonger cet instant, comme on peut mettre ses dernières forces dans une fin suave annoncée, celle du troisième thé.
Elle prononça alors ce que sa vie, en cet instant, secrètement commandait ; ce qu’il lui restait encore de plus précieux à offrir : « Prenons donc un quatrième thé, celui de l’Espérance ».

Jean-François Debargue
Décembre 2012, camp de réfugiés d’El Ayoun

Publié par APSO avec l’autorisation de l’auteur, Photo APSO

jeudi 6 décembre 2012

Communiqué de presse : Total illégal au Sahara Occidental


Communiqué de presse

Total illégal au Sahara Occidental
Le 6 décembre 2012

La compagnie française Total a signé avec le royaume marocain un contrat monstre de prospection pétrolière au Sahara Occidental. La nouvelle carte publiée sur les pages Web de l’ONHYM, la compagnie nationale pétrolière marocaine, montre un bloc massif, couvrant une surface de plus de 100,000 km². Le nom du nouveau bloc est Anzarane Offshore.

Le Sahara Occidental est un territoire non-autonome selon l’appellation onusienne, c’est à dire une colonie. Le territoire est partiellement occupé militairement par le Maroc depuis 37 ans. Plus de 160 000 réfugiés survivent depuis cette date dans le désert algérien, alors que leur territoire est riche.

Lorsque Total - alors TotalFinaElf - a signé une licence pour la même superficie en 2001, le Conseil de Sécurité de l’ONU a demandé à son Bureau juridique de produire un avis sur la légalité de l'accord de l'entreprise avec le Maroc. Le bureau juridique a conclu à la violation du droit international si l’exploration ou l’exploitation étaient menées au mépris des souhaits et des intérêts du peuple du territoire.

Les Sahraouis, le peuple autochtone sur le territoire, n’ont toujours pas été consultés sur la question, ni leur représentant officiel, le Front Polisario. Les activités sont donc illégales.

Selon Western Sahara Resource Watch (WSRW), le contrat sur ce bloc massif de Total au large du Sahara Occidental a été signé le 6 décembre 2011. L'accord est très probablement un accord de reconnaissance - le même genre d'accord détenu par la compagnie dans la même région pour la période 2001-2004. Il se dit que l'accord est valable pour une période de 12 mois.

Cela signifie que l'accord expirera dans les tous prochains jours. Total doit, en d'autres termes, choisir de laisser expirer l'accord sans renouvellement (comme cela a été fait en 2004), de prolonger le contrat, ou de le faire évoluer en un contrat d'exploration à part entière.

Les organisations signataires de cet appel demandent à toute personne ou institution en capacité d’agir de mettre immédiatement ce sujet en question avec la direction de Total. Ils doivent demander à la fois une garantie qu'aucune activité d'exploration n’aura plus lieu au Sahara Occidental occupé, et une explication sur la façon dont cela a pu se produire en premier lieu.

Le retour de Total au Sahara Occidental occupé est une triste nouvelle pour le peuple sahraoui. En faisant cela, Total compromet directement les efforts de paix de l'ONU et sabote le droit international. Nous lançons un appel à la compagnie pour qu’elle reconsidère immédiatement son implication sur ce territoire.

Les signataires feront le nécessaire pour obtenir les condamnations que mérite cette complicité dans l’oppression et la souffrance du peuple sahraoui.

Contact :
Amis du Peuple du Sahara Occidental (APSO), apsolument @ yahoo.fr
Tel : 01 43 71 62 12


Signataires :
CEDETIM, APSO et son réseau, CORELSO, AFASPA, Union syndicale Solidaires, Sortir du Colonialisme, WSRW, Survie, Caritas Algérie, CNT-F, Association des Sahraouis en France, AARASD, ATTAC, Afriques en lutte,
PCF, Les Jeunes Ecologistes

MAJ 7 déc : + CGT 
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