Petit
tour d'horizon pour le deuxième anniversaire, ce 8 novembre 2012, de la
destruction de la manifestation populaire et pacifique de Gdaym Izik au Sahara
Occidental occupé.
Plus
de 20 000 Sahraouis étaient sortis de la ville pour protester contre
l'occupation de leur terre par le Maroc et son cortège hélas banal de
tentatives multiples pour les détruire, par la marginalisation et les
discriminations, la violence et les assassinats. Le village de tentes s'était
organisé démocratiquement, les Sahraouis goûtaient pour certain pour la
première fois à la sérénité de pouvoir se dire Sahraoui sans avoir peur.
C'était le premier soulèvement de cette envergure des pays arabes contre la
dictature, le despotisme. Les chercheurs l’ont dit, et les pays arabes ne l'ont
pas ignoré, ils ont pris feu à la suite.
Depuis
ce mois de manifestation en 2010, les rafles, arrestations arbitraires,
meurtres sur les Sahraouis se sont multipliés au Sahara Occidental, des oeuvres
du Maroc.
Les
23 civils sahraouis, défenseurs des droits du peuple, gestionnaires du
campement, journalistes, sont en prison militaire depuis bientôt 2 ans, sans
inculpation ni jugement, en toute illégalité.
Les
casques bleus de l'ONU présents sur place n'ont toujours pas l'ordre de
protéger les Sahraouis, ils assistent comme nonchalant aux attaques féroces sur
les manifestations pacifiques presque quotidiennes...
M.
Christopher Ross, envoyé spécial de l'ONU, est venu pour la première fois à El
Aaiun, la semaine dernière, faire le bilan des 5 années de négociations qu'il a
conduites.
Et
pendant qu'il rencontrait notables ou associations à El Aaiun, les policiers
chargeaient, et blessaient les manifestant(e)s et les passant(e)s, saccageait
les maisons des militants.
De
sa visite avec le roi, qui ordonne la répression, et de son discours, adressé
aux peuples marocains et sahraouis, il reste une vidéo visiblement censurée,
dans laquelle l'essentiel est tronqué. Une nouvelle mise devant le fait
accompli, nouvelle preuve de la partialité de la presse marocaine. Un acte qui
a marqué en quelques minutes, quand le démenti et rectificatif prendra des
semaines et sera probablement escamoté.
Ce
jour de commémoration, les sahraouis pansent leurs coeurs au souvenir des
disparus, et leurs plaies pour les coups reçus aujourd'hui quand ils ont voulu
crier leur fierté d'être Sahraouis.
À
El Aaiun, à Guelmim, les Sahraouis ont manifesté et la police marocaine a
chargé. Beaucoup de femmes, de vieillards, des enfants sont blessés, ce sont
des proies faciles. Un journaliste a été attrapé, frappé, insulté et laissé
salement blessé à l'extérieur de la ville selon une méthode habituelle des
policiers marocains.
Les
Européens venus en visite ont été expulsés hier d'El Aaiun, et certains n'ont
même pas pu approcher de la ville.
4 politiciens norvégiens voulaient entendre les Sahraouis sur la
question de la pêche, et une quinzaine d'espagnols voulaient être présents sur
place pour ce jour anniversaire.
L'impunité
et l'arrogance du gouvernement marocain est flagrante. Le programme
malhonnêteté au Sahara Occidental est en route, sans que rien ne le fasse
dévier. Ross désavoué par le Maroc, soutenu par la communauté internationale
dans sa fonction, a accompli ce qu'il avait annoncé, venir sur place. Un
avertissement au Maroc ? peu importe. Le programme a été retardé de 6
mois.
Les
actions du Maroc en sont à un point de provocation qui dépasse la
compréhension, sauf - à suivre les estimations de WSRW-, si l'on considère les
200 millions de dollars gagnés sur les phosphates volés à la terre sahraouie
par le colonisateur pour la même période de 6 mois. Combien de millions de
dollars pour la pêche, le sable, le sel, les fruits et légumes arrivés tout
droit dans les poches du roi, de ses généraux et de quelques complices
étrangers ?
La
prochaine visite de Ross en France pourrait peut-être permettre à notre pays de
redorer son blason, si le chef de l'état choisissait de respecter le droit
international et ses promesses électorales. Du changement dans la France
Afrique ?
La
question des millions tirés des ressources naturelles est aussi une question de
droit international. Ce vol est illégal, comme la violence et la déportation de
colons. L’ONU, L’Union Africaine, l’Europe l’ont dit, les actes doivent suivre
les paroles. À l’heure où la Suède s’apprête à reconnaître la République
Sahraouie, il est plus que temps.
APSO,
le 8 novembre 2012