Après les émeutes en Tunisie, puis en Algérie, on ne compte plus les morts et encore moins les blessés lors des manifestations qui ont eu lieu dans les deux pays. Si les causes directes de ces événements ne sont pas les mêmes, les réponses des deux gouvernements sont par contre similaires et se résument à un mot : répression.
Manque de travail, augmentation des prix, crise du logement, la population et surtout la jeunesse des deux pays se retrouvent autour de ce même constat : la situation est intenable et ne peut plus continuer comme cela. Si on ajoute à l'alchimie un régime corrompu qui refuse de céder la place et un manque flagrant de respect des droits essentiels comme la liberté d’expression, cette vague de protestation devient non seulement plus claire mais légitime et inévitable.
Et le Maroc dans tout cela ? Certains voient le royaume comme immunisé contre ces protestations populaires. C’est pourtant oublier les manifestations contre le coût de la vie ou pour la liberté d’association comme à Tinghir en décembre dernier. Des mouvements de protestation qui ont vite été réprimés par les autorités et dont les participants finissent souvent en prison.
Mais surtout, il y a tout juste deux mois, se sont déroulées au Sahara Occidental les plus importantes manifestations depuis des années. La population civile sahraouie, tout comme les Tunisiens et les Algériens, a décidé de dire non au manque de travail, de logement et à la hausse des prix. Non au racisme d'état, non à la discrimination à l’embauche, non au manque de liberté civique, en bref, non à un système qui perdure depuis trop longtemps. Les Sahraouis manifestent pacifiquement depuis des années et cette fois ils ne sont pas sortis dans la rue, mais ont, au contraire, quitté les villes pour se réunir dans le désert, dans ce qui est devenu un camp de protestation : Gdeim Izik. Au bout de quelques semaines, le camp comptait 10.000 tentes et entre 20 et 30.000 personnes.
La réponse de l’occupant marocain a été la même qu’en Algérie et en Tunisie : la répression par la destruction du camp et une réaction des forces policières et militaires d’une très grande violence. Arrestations arbitraires, tortures, viols, disparitions forcées, le tout dans la plus totale impunité et sans qu’aucun observateur étranger, journaliste ou ONG, n’ai eu le droit de mettre le pied sur le territoire. Les rapports des organisations qui se sont penchées sur ces événements sont unanimes. Amnesty International rapporte que toutes les personnes qui ont été interrogées ont signalé avoir été maltraitées ou torturées durant leur arrestation.
C’était le 8 novembre 2010. Et si les revendications de nombreux Sahraouis étaient aussi politiques, demandant qu’enfin leur droit à l’autodétermination soit appliqué, la protestation dénonçait une situation économique qui ne peut plus durer, contre un régime injuste et méprisant, contre tout un système qui les contraint à vivre dans l’indigence et à ne rien pouvoir espérer de mieux ni dans les prochaines années, ni pour les prochaines générations.
C’est tout le Maghreb qui s’enflamme. Une protestation populaire et légitime à laquelle la communauté internationale doit faire échos. En Tunisie. En Algérie. Au Maroc. Et aussi : au Sahara Occidental.
APSO, le 13 janvier 2011
jeudi 13 janvier 2011
Le Maghreb s’enflamme. Tout le Maghreb !
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