Hassan est un défenseur des droits de l’homme dans son pays occupé, le Sahara Occidental.
Il devait accompagner des observateurs internationaux lors du procès de 10 autres Sahraouis, et traduire le procès de ces militants pour le respect de l’autodétermination du peuple Sahraoui, le respect du droit international.
Avec le prétexte d’un chèque sans provision pour lequel il attend toujours des précisions, et la preuve de l’existence, il a été arrêté par la police marocaine au milieu de la nuit précèdent le jugement, et est resté deux jours en garde à vue.
Le jugement a eu lieu. Cette arrestation ne visait elle pas à ce que les observateurs ne puissent rien dire de ce qu’ils entendraient ?
L’image parle bien sur, puisque les condamnés sont entrés dans la salle en criant des slogans pour l’indépendance, mais comment attester ensuite des détails des griefs inventés par la police contre les militants, et des violations des règles élémentaires du droit ?
Témoignage, Hassan Duihi.
Je suis Hassan Duihi, je suis citoyen Sahraoui, j’habite à El Aaiun au Sahara Occidental occupé par le Maroc et je suis défenseur des Droits de l’Homme.
Dimanche 7 février 2010, je suis parti avec deux observateurs internationaux, de nationalité espagnole, avocats délégués par le conseil général des avocats espagnols, pour assister au procès de 10 jeunes sahraouis, militants pacifiques pour l’autodétermination, qui devait se tenir le 08/02 à partir de 9h dans la ville de Tiznit au Maroc. Je devais servir de traducteur pour les observateurs.
Le procès concernait Khalihanna Wargziz, Chahid Azman, Hasan El Hairach, Baynaho Fadli, Fakalah Mohamed Taguiolah, Sawaj Yamal, Chakrad Yahdih, Boukanin Aziz, Chiahou Hamza et Taher Nourdin.
Nous sommes arrivés a Tiznit à 1 heure du matin et nous sommes allés à l'Hôtel Idou Tiznit pour dormir.
À 3 h du matin, des hommes sont entrés dans la chambre où je dormais en ouvrant la porte avec une clé prise à la direction de l'hôtel.
Ils m'ont dit qu’ils sont de la police (marocaine) et qu’ils sont ici pour faire leur travail, et m'arrêter car je suis recherché par la police de Dakhla. Heureusement les 2 observateurs sont arrivés à ce moment-là.
Quand j'ai demandé pourquoi j’étais recherché par la police, ils m'ont répondu que c'était à cause d'un chèque sans provision. J'ai répondu que je ne donnais jamais de chèque sans provisions.
Leur chef m’a dit « M. Duihi on est ici pour un chèque sans provision et pas pour ce que tu es venu faire demain ».
J'ai demandé des informations sur le chèque, comme le montant, la banque ayant délivré le chèque, etc. Il m'a répondu qu'il n'avait pas d'information.
J'ai compris à ce moment-là que c’était un coup monté par la police pour que la traduction ne soit pas assurée le lendemain lors du procès.
Avant que je parte avec la police les 2 observateurs ont demandé aux policiers leurs noms et matricules, et ceux-ci ont refusé de répondre, ils ont dit être envoyés par le procureur du roi, et ils n’ont pas montré de mandat de perquisition ni d’arrêt.
Dix policiers sont entrés dans ma chambre. J’ai vu que d’autres policiers étaient sur le toit et dans la rue.
Au commissariat, je suis resté en garde-à-vue à partir de 4 h de matin jusqu'à 23h le soir. J’ai alors été transféré à El Aaiun, où je suis resté au commissariat jusqu’à 18h le lendemain soir, soit le mardi 9 février, heure à laquelle ils m’ont libéré.
J’ai été interrogé sans protocole ni respects des règles. Les policiers voulaient savoir mon avis sur la proposition d’autonomie pour notre territoire occupé.
J’ai répondu que toute solution ne respectant pas le droit à l’autodétermination serait refusée par le peuple Sahraoui.
Ils m’ont aussi posé des questions sur le mouvement Khat Achahid (voie de martyre).
J’ai répondu que le Maroc risque de perdre un jour l’occasion de négocier avec le POLISARIO, seul et unique représentant légitime du peuple sahraoui, et que c’était maintenant l’occasion d’entrer dans des négociations sérieuses pour résoudre le conflit définitivement.
El Aaiun, Sahara Occidental.
Le 12 février 2010.