vendredi 12 octobre 2012

Le Maroc l’enterre de force, c’est « un champion, un héros »



Abachikh Hmatou, jeune sahraoui décédé en exil  dimanche 30 septembre à Avignon, a été enterré à Tan tan au Maroc ce matin vendredi 12 octobre 2012 et comme en urgence, à la sauvette, sans respect des procédures religieuses.
Selon les amis présents sur place, le déploiement de toute la police de la ville, plus de 300 agents, les chefs, les divisionnaires, les commandants et les chioukhs, était totalement anormal, démesuré.

Le père avait cédé à la pression des chefs de tribus, marionnettes du gouvernement marocain, pour que le corps soit inhumé là et si vite.
La mère et la sœur ont crié leur colère devant cet abus de pouvoir qui leur interdisait d’enterrer leur fils et frère à El Aaiun au Sahara Occidental, terre où il est né, où vit la famille, et où il aspirait à pouvoir revenir vivre le jour de l’indépendance.
Elles ont crié leur mépris devant ce gouvernement colonial qui a peur d’un enfant mort, crié qu’il était un grand combattant et qu’il y a beaucoup d’autres jeunes comme lui, aussi courageux et forts.

Un tel dispositif guerrier autour d’un mort serait risible si la situation n’était pas si cruelle et tragique.
Rien n’explique l’enchaînement des mesures et décisions qui se sont succédées en quelques jours autour de la volonté de la famille de ramener Abachikh au Sahara Occidental.

Rien ne justifie que quelques minutes avant le décollage hier soir, la compagnie Royal Air Maroc retenait encore son embarquement sous prétexte qu’il manquait une autorisation du siège de la compagnie.
Rien ne justifie l’interdiction de voyager faite par la police nationale française à son grand frère au moment de l’embarquement alors qu’il avait obtenu pour cela un sauf-conduit de la préfecture de police d’Avignon au nom de la République française.
Rien ne justifie la tentative de la police marocaine de déposséder la famille de la responsabilité du transport du corps en ambulance de Agadir à Tan-tan.
Rien ne justifie l’escorte policière et militaire organisée massivement dans la nuit pour accompagner l’ambulance d’Agadir à Tantan et l’empêcher de faire les 300 kilomètres restant jusqu’à El Aaiun.

En 30 ans d’expérience c’est la première fois que l’entreprise de pompe funèbre spécialisée voyait une telle situation et n’avait pas de mot pour désapprouver et s’indigner.

La belle sœur norvégienne du défunt, l’amie française ont été effrayées de la menace de violence sous-jacente de l’omniprésence de la police marocaine dès leur arrivée au Maroc et jusqu’à leur départ vers El Aaiun, et heurtées de ne pouvoir vivre sereinement le moment symbolique de l’enterrement, de ne pouvoir pleurer sans retenue.

L’ironie finale de cet acharnement, c’est que pour empêcher Abachikh d’être enterré le jour de l’anniversaire de la naissance de la grande manifestation de Gdaim Izik, par les manœuvres du gouvernement le jeune résistant sahraoui a été mis en terre ce 12 octobre, jour de la célébration par les sahraouis de l’unité nationale, acte fondateur de la nation sahraouie.

APSO, 12 octobre 2012
Sources : la famille, les amis, les observateurs.