vendredi 13 décembre 2019

Le Maroc vu du ciel et ses mensonges, Yann Arthus Bertrand

Je proteste contre les mensonges énoncés dans le film de propagande" Le Maroc vu du ciel" 

Hier soir, 10 décembre journée qui célèbre les droits de l'Homme, j'ai revu l'émission "Le Maroc vu du ciel". Je l'avais vu en juillet 2017. Il m'en était resté certes le souvenir de belles images de ce pays attachant, moins beau vu du sol que du ciel. Mais surtout, j'en ai gardé une grande colère : Maroc et Sahara Occidental étaient filmés comme un seul et même pays "marocanisé " !

Les deux cartes, au début et à la fin du film, simples longues silhouettes blanches le long de l'Océan Atlantique complétant virtuellement cette illégale annexion. Le ton est donné. En admirateurs, auteur du film et commentateur en ont fait un instrument à la gloire du roi du Maroc, dernier colonisateur de la dernière colonie du continent africain.

Bien sûr les images de Yann Arthus Bertrand sont très belles et le texte enthousiaste d'Ali Badou  est poétique. C'est qu'il est magnifique, ce pays montré sans bidonvilles,  sans décharges sur lesquelles s'affairent ceux qui cherchent de quoi survivre,  et tant d'autres misères à ras de terre...

Un Maroc "de plein pied dans la modernité" si on fait abstraction des villages de l'Atlas où les conditions de vie n'ont guère évolué depuis le Moyen Age, et du niveau scolaire catastrophique en queue des classements d'acquisitions des élèves à travers le monde.

Le film ne pèche là que par omission.

Mais concernant la Marche verte de 1975 et l'annexion du Sahara Occidental par son voisin qui le convoitait pour ses richesses, le film devient un tissu de mensonges :

-  Il exalte  la Marche verte "pacifique" qui a été l'introduction à l'envahissement militaire de ce riche pays.

- L'Espagne, qui était le colonisateur du "Sahara espagnol" depuis la fin du XIXème siècle, s'en est retiré en 1975, par les accords tripartites de Madrid qui cèdent les deux tiers de cette terre au Maroc, et un tiers à la Mauritanie qui s'en retirera par la suite, occasion pour le Maroc de tout occuper du nord au sud. Donc dire que le Maroc a libéré les Sahraouis des Espagnols est un grossier mensonge !

- Cette grande marche verte civile n'a été pacifique que le temps d'amener les 350 000 porteurs de Corans, de portraits du roi  et de drapeaux rouges avec l'étoile verte,  sur la terre promise du Sahara, avant de les renvoyer.

- Ont suivi les chars, les avions et leurs bombardement au napalm, le génocide et la fuite d'une partie de la population sahraouie en Algérie où elle a pu s'établir dans la paix, non loin de la ville de Tindouf.  Ces Sahraouis y sont toujours, 43 ans plus tard.  Rien de tout cela dans ce film de propagande.

Pas de vue du ciel des villes des réfugiés dans le désert. Aucune image  du plus long mur militaire du monde qui protège ces acquisitions  illégales volées aux populations sahraouies, phosphates, poissons, agrumes .... 2700 kilomètres de mur seraient pourtant spectaculaires vus d'en haut !

Actuellement circule en France le film documentaire sur le Sahara Occidental "Fusils ou graffitis" qui montre le vrai visage d'un peuple qui a choisi d’être pacifique dans sa lutte depuis le traité de Paix avec le Maroc en 1991 , et dont les jeunes commencent à ne plus supporter le mépris, la discrimination, les tabassages, la torture banalisée, les crimes, le manque de métiers correspondant à leur formation et surtout l'éloignement de leur pays qu'ils n'ont jamais vu. Ils rêvent de prendre les armes pour chasser le colonisateur. Leurs sages aînés du Polisario cherchent à les en dissuader.

Après la première diffusion en 2017, France 2 a reçu des protestations contre ce trop beau film, et la chaîne n'en a pas tenu compte en rediffusant tel que le Maroc vu du ciel. Dommage !

France 2 se grandirait en réalisant un vrai documentaire, à partir d'une enquête sérieuse sur ce pays attachant, sans tenir compte de la position très officielle de la France qui,  sans doute, ne le soutiendrait pas.

Trop d'intérêts en jeu ?

Marie-Jo Fressard, Solidmar
le 11/12/2019
 

mardi 2 juillet 2019

Salek Laasairi, quelques minutes depuis le parloir

Salek Laasairi, Sahraoui, prisonnier politique du régime du Maroc et condamné à perpétuité, a réussi à joindre par téléphone un de ses amis en France.

2 minutes 57 secondes pour transmettre d'une voix sans sourire sa détresse, son soucis de tous ses amis, et puis une phrase suspendue pour glisser rapidement un  "à bientôt mon très cher ami…" avant de raccrocher précipitamment.

Salek a pu avoir brièvement accès au téléphone public du parloir parce qu'il est transféré à la prison de Marrakech pour passer son baccalauréat. Il est au "rattrapage" comme l'année dernière, et il a des épreuves jusqu'au 8 juillet. Ensuite il sera re-transféré à Safi, la prison où il est incarcéré depuis qu'il avait brusquement cessé de donner de ses nouvelles en février dernier. 

Il était alors à la prison de Ait Melloul où juste avant de disparaitre, il avait été sévèrement battu après avoir protesté lors de la visite de sa famille, contre l'expulsion de sa soeur avant qu'elle n'ait pu lui parler. Protestation, coups, cachot, transfert, privation de communication… sa grève de la faim pour protester encore.

A Safi, dans la prison Moul el Bergui connue comme une prison "punition", Salek est dans une cellule isolée dans le quartier sécurité. Il n'a le droit qu'à un quart d'heure de sortie dans la cour par jour, et 5 minutes d'accès au téléphone par semaine. Il les consacre à sa mère.

Il avait transmis par sa famille que les conditions y étaient très difficiles. Il a redit son isolement, sa solitude. Il dit "avoir la dépression" et demande qu'on le soutienne...

Pour lui écrire : 
Salek Laasairi - n°d'écrou 4037
Prison centrale Moul el Bergui
Safi
Maroc

Les articles précédents sur Salek : 
Salek a disparu (les nouvelles au 20 mars. Disparition depuis le 11 février)

Pour en savoir plus sur Salek (cliquez pour voir les textes) :
"Drole d'occupation pour une grand-mère, histoire de prisonniers politiques sahraouis, petite histoire du conflit". Livre de MJ Fressard, Ed Apso. Chapitre Salek.

Lettre ouverte à Monsieur Tamek, Délégué général de l'administration des prisons au Maroc, prisonniers pour la justice 

mercredi 12 juin 2019

Salek, de ses nouvelles par la famille

Personne d'entre ses amis dans le monde n'a reçu de nouvelles directement de Salek Laasairi - Sahraoui prisonnier politique du Maroc - depuis sa disparition. Ni courrier ni appel téléphonique.

Ce que nous savons par la famille :
Salek est à la prison de Safi au Maroc (pour lui écrire, voir en dessous)
Il est très isolé, il ne connait personne et se méfie de tous
Il est très affecté par les coups des gardiens et la longue grève de la faim de protestation qu'il a menée après l'expulsion de sa famille lors de la visite de février et sa mise au cachot /et transfert (ce n'est pas la première grève de la faim, les séquelles s'accumulent avec le temps)
Il est maintenant très loin de la famille et de ce fait ne peut plus recevoir leur visite
La famille a écrit aux diverses administrations marocaines et n'a jamais reçu de réponse
Salek nous appelle à l'aide

Nous avons envoyé des petits paquets et courriers, nous ne savons pas encore s'ils sont arrivés jusqu'à lui.

Pour écrire à Salek les petits riens de nos vies et soucis d'humains en liberté
Salek Laasairi
n°d'écrou 4037
Prison centrale Moul el Bergui
Safi

Maroc

Chaque courrier est pour lui un réconfort, un soutien. Il aime savoir comment nous allons et ce que nous faisons, recevoir des photos, il aime les magasines de voyages/pays, les sciences (magasines pour enfants-ado), et il aime passionnément le foot (et surtout lire Sofoot). Il lit l'arabe, le français, et l'anglais.

Les articles précédents sur Salek : 
Salek a disparu (les nouvelles au 20 mars. Disparition depuis le 11 février)

Salek - il y a plus de 10 ans
Crédit photo Apso

dimanche 24 mars 2019

Disparition de Salek Laassairi, précisions


Disparition de Salek Laasairi, recherches Apso pour le localiser, savoir la raison de son silence et connaitre son état, les dernières précisions reçues sont les suivantes.

La mère et la soeur de Salek lui ont rendu visite le 2 février 2019. Alors que Salek protestait que le personnel pénitencier ne lui laissait pas le temps de parler avec sa soeur, la mère et la soeur ont été mise dehors.
La visite a duré moins de 10 minutes. La précédente était 11 mois plus tôt.
Le lendemain ou le jour suivant, des détenus ont prévenu la mère que Salek avait été puni de 45 jours de cachot.
C'est plusieurs semaines après que d'autres détenus ont dit à sa mère que Salek était au cachot à Safi.

La mère a contacté la prison dès début février, son interlocuteur a refusé de lui donner des informations sur Salek.
2 courriers envoyés par la famille à la Direction générale des prisons du Maroc sont à ce jour restés sans réponse.

Selon un décompte large, les 45 jours de cachot, isolement et interdiction de visite, aurait pris fin le mercredi 20 mars si le premier jour en était le 4 février, ou prendra fin le 26/27 mars si le premier jour était le 11 février.
Salek n'a cependant toujours pas donné de nouvelle de lui au moment de la publication de cet article.


Des amis de Salek en Espagne, France, Suisse, au Sahara Occidental ont tenté sans succès de joindre les prisons marocaines, et ont interrogé de façon épistolaire les autorités pénitentiaires marocaines... d'autres démarches, questions et alertes sont en cours.

Pour en Savoir plus sur Salek, reportez vous aux liens indiqués dans l'article précédent : http://ap-so.blogspot.com/2019/03/salek-laasairi-disparu.html


mercredi 20 mars 2019

Salek Laasairi a disparu

Salek Laasairi, Sahraoui, prisonnier politique condamné à perpétuité, enfermé à Ait Melloul au Maroc au dernier de ses contacts avec l'extérieur, a disparu.
Il est soutenu depuis des années par de nombreux amis, membres ou proches d'Apso, qui sont très inquiets de son silence.

Après un appel à information, voila au 19 mars 2019, ce qui est connu.
Les dernières nouvelles de Salek datent du 11 février 2019, il a téléphoné à sa famille depuis la cabine publique du parloir de la prison de Ait Melloul. Quelques secondes. Ensuite il a disparu, pas d'appel à sa famille, ni à ses amis. Depuis plusieurs mois ce sont les lundis qu'il avait droit à quelques secondes de communication par appel.

Aux alentours du 10 mars, un de ses codétenus a contacté la mère de Salek. Selon ces informations indirectes, Salek aurait été transféré à la prison de Safi au Maroc, une prison réputée de "punition", et il serait au cachot, en mauvais état.

Cachot au Maroc et pour les Sahraouis, veut dire isolement dans une cellule sale et insalubre, souvent violence et humiliation, tortures, et souvent aussi grève de la faim de protestation en réponse.
Safi est a plus de 600 km de la ville où vit sa mère, qui a beaucoup de difficulté à voyager (grande précarité). 

Toute action est bonne pour trouver des nouvelles de Salek, tant qu'il ne le peut, lui, en direct.
Il faut inventer ! vous êtes ses amis, ses parrains, ses soutiens.

Quelques idées en vrac : contact et questions à l'ambassade marocaine en France ou ailleurs, à la prison de Ait Melloul, de Safi, aux autorités pénitentiaires marocaines, informations aux ONG internationales de défense des droit de l'homme (Amnesty, HRW...), infos et questions au CICR, au représentant spécial de l'Onu pour le Sahara Occidental (Horst Köhler), à la Minurso… 

Pour Safi, voila ce que donne le net : Centre Moul el Berqui, Etablissement pénitentiaire, SAFI -  telephone : +212 5 24 64 26 58 (tel fix)


Pour en savoir plus sur Salek (cliquez pour voir les textes) :
Destin brisé, double peine 
EM : Interdiction de visite, violence et humiliation pour la famille de Salek Laasiri 
"Drole d'occupation pour une grand-mère, histoire de prisonniers politiques sahraouis, petite histoire du conflit". Livre de MJ Fressard, Ed Apso. Chapitre Salek.
Apso répond à Milena Rampoldi pour ProMosaik 
EM : 38 jours sans manger pour protester contre la violence carcérale marocaine 
Lettre ouverte à Monsieur Tamek, Délégué général de l'administration des prisons au Maroc, prisonniers pour la justice 

Par FB
25 juillet 2016· Salek Laasairi, prisonnier politique sahraoui, a tenu à ce que nous partagions son affliction après l'attentat de NIce, sa condamnation de cet acte, et ses condoléances aux familles, proches et amis des victimes, aux français...

13 octobre 2016· Pas de nouvelles de Salek Laasairi depuis quelques semaines. Il semble qu'il est au cachot. Nous cherchons des confirmations, infos, précisions. Salek est sahraoui, prisonnier politique incarcéré à Ait Melloul au Maroc.

31 décembre 2016· Des amis de Salek Laasairi - Sahrao ui prisonnier politique, incarcéré pour perpétuité dans la prison de Kénitra - lui ont envoyé, notamment une tablette de chocolat... douceur de noël. Le chocolat a été remis à Salek sans l'emballage par des gardiens qui lui ont dit qu'aprè s cela ce genre d'envoi était interdit (donc serait confisqué) . Le perfectionnisme dans la torture est infini... 
que la nouvelle année vous soit douce !


La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines. 
Extrait de déclaration : "les prisonniers sahraouis au prison Ait Melloul vivent dans une situation catastrophique, résultat de traitements inhumains de la part de l'administration pénitentiaire, où ils sont exposés presque tous les jours à toutes sortes de tortures et d'insultes psychologiques et physiques, d'abus verbal, d’inspection illégale, de racisme et l'incitation des prisonniers de droit commun contre eux par certains membres du personnel pénitencier, en particulier le directeur de la prison le nommé Elkabir Essoufi et part le responsable chargé de la prison Ahmed Momani, dont les derniers victimes sont les détenus politiques sahraouis "Salek Laassairi, et Mohammed Ali Bassraoui" le premier a été mis dans une cellule solitaire (cachot) et le second a été battu et nargué par un prisonnier de droit commun, lequel lui a causé un dommage très grave au niveau de l’œil gauche, comme a pu rapporté l'Association pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines."