El Aaiun, en territoires occupés du Sahara Occidental, est sous haute surveillance.
Depuis un an, depuis Gdem Izik, dans la chaleur ou la fournaise, le vent et le sable, la présence policière marocaine s’est faite plus ostensible.
Les accès à la ville, les rues et bâtiments publics, comme les quartiers sahraouis et les maisons des militants des droits de l’homme sont surveillés nuit et jour.
Les policiers et militaires sont pourvus de véhicules et d’équipement de plus en plus sophistiqués. Tenues et boucliers anti-émeute, de ceux que l’on voit en France, véhicules blindés, Humer achetés à l’Espagne pour un euro symbolique soutiennent l’état d’alerte permanent.
La concentration, l’éloignement des hommes des forces sécuritaires à des milliers de kilomètres de leurs familles dans un environnement désertique et hostile, la surveillance d’un peuple qui manifeste pacifiquement par des moyens non conventionnels sont autant d’ingrédients propices à mutinerie ou accroissement de cruauté.
Tout semble exacerbé pendant cette semaine d’octobre, quand trop d’événements symboliques sahraouis se profilent comme autant d’occasion de répression.
A partir du 10 octobre 2010, il y a un an, les 7000 tentes de «Gdem Izik » ont changé radicalement les données de la résistance sahraouie.
Le 12 octobre 1975 les Sahraouis déclarent l’unité nationale sahraouie, et la célèbrent chaque année.
Ce 12 octobre 2011, les autorités marocaines dans une ambiance de huis clos sécuritaire ont condamné à 15 ans de prison le policier marocain qui a exécuté le Sahraoui Said Dembar en décembre 2010.
Ce 13 octobre 2011 , Louali Amaidan, jeune résistant sahraoui, et prisonnier politique sort de prison après 5 ans d’une incarcération prononcée sans preuve. Il est accueilli en héros le 14 octobre à El Aaiun.
Ce 14 octobre aussi, Malainin Lakhal, secrétaire général de l’Union des journalistes et écrivains sahraouis (UPES) rend visite à sa famille par le biais du programme de l’ONU.
Lors de la manifestation de célébration de Gdem Izik, le 10 octobre, les policiers en civil optent pour la cruauté, et expérimentent eux aussi de nouvelles armes contre les populations civiles Sahraouie. Et notamment une matraque dont l’extrémité est acérée.
La militante Sultana Khaya, présidente du Fafesa, forum pour l’avenir de la femme sahraouie, est une fois de plus blessée au visage. En 2007, cette jeune femme a perdu un œil sous les coups de la police marocaine et n’a cependant jamais cessé de militer.
Selon les militants sahraouis, la présence de Sultana Khaya déchaîne une violence systématique de la répression marocaine contre elle. Les policiers en civil ou en uniforme ne parlent pas, ne préviennent pas, ils cognent. Que les souffrances et la mutilation n’aient pas arrêté Sultana cela dépasse la logique répressive, qui réitère sans effet les tentatives pour casser son courage et la réduire au silence. Les docteurs marocains ont constaté la blessure et prononcé une incapacité de 14 jours. Cette période pourrait être prolongée à 21 jours par les médecins espagnols qui examineront la blessure avec probablement plus d’objectivité du fait de leur éloignement du contexte.
Lors de la manifestation une autre femme a été sévèrement blessée à la tête avec la même arme.
L’escalade de la violence marocaine au Sahara Occidental occupé, l’acharnement contre les femmes sahraouies est un engrenage qui semble disproportionné et vain au regard de la ténacité de la lutte du peuple sahraoui.
APSO, 14 octobre 2011